De nos jours trop de parents se plaignent de la peur chez leurs enfants, pire encore de leur angoisse. Mais qu’est-ce que l’angoisse ? Selon différents dictionnaires, il s’agit d’«une inquiétude profonde entraînant un sentiment de malaise physique et psychique». De ce fait, un enfant angoissé qui vit dans la peur souffre de troubles psychologiques et physiques qui peuvent provoquer chez lui des phobies chroniques à l’âge adulte, d’autant plus que ces enfants ne disposent pas de moyens pour y faire face.
Ils ont besoin donc de leurs parents pour les soutenir à confronter leurs angoisses.
Les causes des angoisses chez les enfants sont multiples à commencer par l’école quand l’enfant a peur d’un autre enfant qui l’effraie, d’une maîtresse, mais aussi la séparation de ses parents, le déménagement, la mort d’un proche, les disputes parentales ou encore la télévision puisque l’enfant mémorise des images effrayantes qui peuvent causer des difficultés à s’endormir provoquant ainsi des cauchemars, comme nous le témoigne Wafaa, la maman d’Achraf, «nous avons remarqué qu’à chaque fois que notre enfant regarde un dessin animé où il y a beaucoup d’actions, des batailles et des cascades, il passe des nuits agitées remuant dans son lit et souvent cela se termine par un cri et des pleurs. Nous avons alors décidé de bien contrôler tout ce qu’il regarde et de lui interdire des dessins animés d’action».
Quant à Jalila, elle nous fait part de son souci vis-à-vis des jeux vidéo, «nous avons regretté, mon mari et moi, d’avoir acheté une console de jeu à notre fils. Cela a changé son quotidien et il est devenu accro à cette maudite boîte. Pire encore, il bouge toute la nuit dans son lit et se réveille le matin en voyant partout des ennemis et des gens qui lui veulent du mal. Il a peur des autres et ne fait confiance qu’à moi et à son papa. Il a rejeté le monde extérieur qu’il considère comme ennemi».
Attention particulière
De ce fait, l’enfant angoissé demande une attention assez particulière de la part des parents ; ils doivent le surveiller et veiller sur lui, comme il le faut. Cet enfant prétexte assez souvent des maux de tête ou de ventre et refuse de quitter le foyer de peur de se séparer de ses parents comme le confirme Aicha, la maman d’Anass, 5ans. «Mon fils refuse d’aller à l’école, il crie, supplie qu’on le laisse à la maison, il trouve toujours des explications à sa peur d’aller à l’école (mes copains ne m’aiment pas, la maîtresse me tape.. ).
Dans la majorité des cas, les manifestations s’évaporent les weekends et pendant les vacances scolaires.
Et maintenant, face à son refus catégorique de partir à l’école, je me sens responsable de la souffrance de mon enfant», souligne-t-elle.
Chez certains enfants, l’angoisse dépasse les limites de la normale et devient excessive et dérangeante. Dans ce cas, quand cela devient insupportable pour les enfants et les parents, les empêchant ainsi de mener une vie normale, il faut se diriger vers la psychothérapie.
Symptômes
Les symptômes de l’angoisse qui se manifestent chez les enfants sont distinctement les mêmes de ceux qu’on remarque chez les adultes, mais la façon dont font face les enfants diffère : troubles du sommeil, cauchemar, frissons, diarrhée, de l’agressivité, la peur de l’abandon, phobie du milieu social...
L’angoisse se manifeste donc par un sentiment imprécis de peine qui a des conséquences négatives sur le quotidien. «L’enfant éprouve de la crainte face à la majorité des événements de la vie et redoute avec certitude l’arrivée d’une catastrophe. Il cherche donc à sa manière de surpasser sa crainte du lendemain en devenant très dynamique, voire, très agité, et des fois, très agressif», déclare la coach, Imane Haddouche.
Explications : Imane Hadouche, coach
«Il est simple de faire parler l’enfant, mais pour cela il faut savoir l’écouter, sans l’interrompre, et en essayant de le rassurer sans porter de jugements»
❶Quelles sont les causes de l’angoisse ?
Les causes de l’angoisse sont très variées : un changement dans la vie de l’enfant, une situation à laquelle il n’arrive pas à adapter sa sensibilité, un deuil (perte d’un membre de la famille, ou perte d’un animal de compagnie, ou simplement le deuil de quelqu’un d’autre qu’il s’approprie en découvrant la mort et en se rendant compte que ses parents sont mortels), un environnement trop brutal pour lui : la violence verbale ou physique - même s’il n’est pas concerné - les disputes fréquentes et violentes des parents, le rabaissement auquel il peut être sujet soit en famille soit avec ses camarades, ou simplement des choses plus anodines pour nous adultes : des scènes de films violents ou le journal télévisé. Comme cela peut être plus grave, car il peut être conçu comme un abus sur sa personne.
❷A quel moment l’angoisse devient-elle anormale et dangereuse pour la santé ?
L’angoisse devient anormale lorsque l’enfant somatise ou présente des manifestations physiques, ou alors commence à se comporter de manière foncièrement différente de son mode de fonctionnement habituel : Devenir violent, ou refuser que l’un des parents ou les deux sortent de la maison, devenir plus méfiant jusqu’à pleurer ou faire des crises face à des peurs irraisonnées... comme cela peut se manifester physiquement par l’énurésie nocturne et diurne, par le rongement des ongles, les nausées non explicables, la perte des cheveux, des éruptions cutanées incompréhensibles, le bégaiement, l’insomnie ou les réveils répétitifs fréquents, le rapport à la nourriture qui change, le transit qui n’est plus le même (un enfant constipé par exemple peut être un enfant qui veut garder quelque chose en lui)...
❸Comment bien réagir aux angoisses de l’enfant ?
Le seul moyen, et le moyen le plus sûr d’approcher un enfant angoissé, c’est de le rassurer et lui redonner confiance. L’erreur courante fait qu’on harcèle l’enfant de questions, ce qui le rend encore plus angoissé et le pousse dans le mutisme. Il faut d’abord le rassurer, sans chercher à comprendre tout de suite, en lui disant qu’on est là pour lui et qu’il peut toujours compter sur nous en tant que parents, que nous notre devoir et notre rôle n’est pas de le juger, mais de le protéger et l’aider à réparer ce qui ne va pas. Ensuite, il est plus simple de le faire parler, mais pour cela il faut savoir l’écouter, sans l’interrompre, et en essayant de le rassurer sans porter de jugements. L’erreur à ne pas faire c’est de minimiser des dangers qui pour lui semblent réels, ou rire de ses peurs. S’il a peur par exemple la nuit du monstre sous le lit, cherchez avec lui ce monstre, s’il a peur des voleurs, emmenez-le pour vérifier que toutes les portes et fenêtres sont bien verrouillées, en y mettant un peu d’humour pour le déstresser : «tu vois que tout est fermé, pour entrer ce voleur doit se transformer en fourmis». J’ai moi-même chez moi une boîte où j’enferme tous les monstres que je chasse et qui ont fait peur à mes filles, «chasseur des monstres» c’est mon autre travail.