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Destins exceptionnels, leçons de vie

Handicapés à cause d’un accident ou d’une maladie, ils ont pu surmonter leurs déficiences et même les transformer en une force phénoménale. Alors que certains sombrent dans le désespoir et l’amertume, ils ont trouvé le courage de rebondir et de se projeter dans l’avenir en réalisant des prouesses que même les personnes sans handicap sont incapables d’accomplir. Champions, artistes ou même scientifiques, découvrez le destin de ces personnes exceptionnelles dont le parcours est une véritable leçon de courage et… de vie ! Une journée nationale, le 30 mars,
leur est consacrée.

Destins  exceptionnels, leçons de vie

Sourde de naissance, Sophie Vouzelaud remporte d’abord le concours de Miss Limousin. Sa beauté l'a ensuite propulsée dans le prestigieux concours de Miss France retransmis, en 2007, sur TF1. Concours où elle fut élue dauphine. Son handicap l’a amenée à pratiquer le langage des signes utilisé aujourd'hui dans de nombreux journaux télévisés. Elle nous donne ici la traduction de 4 mots usuels.

 

Le handicap n’est pas une fatalité

Alors que certains sombrent dans l’abattement, le désespoir et l’amertume, d’autres trouvent le courage de rebondir et de se projeter dans l’avenir en se trouvant une raison de vivre et un objectif à atteindre.
Ils se lancent ainsi des défis et réalisent des exploits que même les personnes sans handicaps sont incapables de réaliser. L’histoire de l’humanité nous donne des exemples de handicapés qui sont autant de leçons de courage, de combativité et de détermination.
Leur handicap n’a pas brisé leur rêve ou entravé la réalisation de leur ambition. Bien au contraire, il a constitué une motivation et le ressort phénoménal de leur attachement à la vie et à leurs idéaux. C’est ainsi qu’ils ont pu vaincre leur déficience et transformer leur faiblesse en une force extraordinaire.
Comme le souligne le Dr Bernard Corbel, psychothérapeute à Casablanca, «tout le monde ne possède pas les mêmes capacités cérébrales, il y a des cerveaux particulièrement doués». L’exemple de Stephen Hawking en est la preuve… Malgré sa SLA, une maladie entraînant une paralysie progressive de l’ensemble des membres, du tronc (y compris les muscles respiratoires) et de l’extrémité céphalique, il devient un scientifique de renommée mondiale et obtient la médaille Franklin pour ses recherches.
Dans notre dossier, nous vous proposons les portraits de quelques personnalités ayant marqué l’histoire de l’humanité (ou de leur pays). Leur parcours est plein d’enseignements aussi bien pour ceux et celles qui ont eu la malchance de perdre une partie de leurs capacités physiques que pour les gens normaux qui, souvent, n’apprécient pas à leur juste mesure, les dons dont ils ont été gratifiés.

PORTRAITS

Rachid Sebbahi L’homme de la radio
Né aveugle le 21 octobre 1955 à Rabat, Rachid Sebbahi a su surmonter son handicap avec brio. À dix ans, il rencontre Driss Alaoui, alias Ba Hamdoun, qui présentait une émission hebdomadaire pour enfants. Après y avoir participé, Rachid Sebbahi y reviendra souvent et l’équipe de l’émission ne tarda pas à l’adopter. Plus tard, pour financer ses études à l’École Mohammed V pour aveugles, dont il sortira lauréat en 1975, il présente le projet «Monde de lumière», une émission arabophone destinée aux non-voyants qui est adoptée par la RTM, qui en diffusera plusieurs émissions occasionnelles. Sa licence en poche, il commence en 1979 son service civil à la radiodiffusion marocaine et devient titulaire une année plus tard. En 1995, il est nommé chef des programmes et le restera jusqu’en mars 2000 pour ensuite revenir à l’antenne préférant rester «un homme public au service des auditeurs».

Taha HusseinDu paysan aveugle au ministre de l’Éducation nationale
Il perd la vue à l’âge de trois ans, à la suite d’une conjonctivite mal soignée. Il apprend le Coran par cœur. Ce grand écrivain poursuit ses études au Caire. À Paris, en 1914, il intègre la précieuse école de la Sorbonne. Il y rencontre sa future épouse, qui l’aida à apprendre le français. Après avoir obtenu son diplôme, il travaille comme professeur d’Histoire de l’Antiquité jusqu’en 1 925. À son retour en Égypte, il s’applique à moderniser l’enseignement supérieur et à dynamiser la vie culturelle du pays. Au cours de sa carrière, il adopte diverses casquettes : professeur de littérature arabe, doyen en 1930, recteur d’Université en 1942 (dont il est le fondateur), contrôleur général de la culture, conseiller technique, sous-secrétaire d’État au ministère de l’Instruction publique, puis finalement ministre de l’Éducation nationale. Une volonté extraordinaire et une grande rigueur permettent à ce jeune aveugle, issu d’un milieu modeste et paysan, une ascension sociale impressionnante.

Grégory Cuilleron Il cuisine d’une main !
Du courage, il en a. Avant d’ouvrir son épicerie restaurant à Sainte-Foy-lès-Lyon, Grégory Cuilleron n’avait rien d’un cuisinier. Responsable d’une agence de communication spécialisée dans la gastronomie, il participe en 2008 à l’émission culinaire «Un dîner presque parfait» dont il sort gagnant du Combat des régions et empoche les 10 000 euros qui vont avec. Sa prestation lui vaut une qualification pour la première saison de «Top Chef». Rapidement éliminé, il ne s’arrête pas pour autant de cuisiner : il a trouvé sa place derrière les fourneaux et personne, ni même son handicap, ne l’arrêtera.
Né avec une agénésie de l’avant-bras gauche, Grégory Cuilleron est titulaire du baccalauréat scientifique et entame des études de droit, après s’être fait refuser en médecine à cause de son handicap. En mars 2010, il succède à Jamel Debbouze en étant nommé ambassadeur de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH).

Nick Vujicic Sans bras, ni jambes,
il redonne espoir à ceux qui n’en ont plus Né sans bras ni jambes, il a décidé dès l’âge de 13 ans de consacrer sa vie à aider les autres. L’Australien a ainsi déjà donné des conférences dans plus de 25 pays. Celles-ci sont surtout destinées aux jeunes avec qui il partage sa foi. Mais avant d’afficher autant d’assurance, Nick a dû faire face aux moqueries répétées de ses camarades d’enfance : «J’étais vraiment déprimé quand j’avais neuf ans. J’allais souvent voir ma mère pour lui dire que je voulais me tuer.» Ses parents ont pourtant tenu à ce qu’il n’effectue pas sa scolarité dans un établissement spécialisé : «C’était une période difficile pour moi, mais cela m’a rendu indépendant.» Son père, informaticien, lui a ainsi appris à taper au clavier avec son orteil alors qu’il n’avait que six ans tandis que sa mère a inventé pour lui un objet en plastique lui permettant d’utiliser un stylo. Pour se déplacer, Vujicic utilise un fauteuil électrique adapté à son handicap.

Michel Petrucciani Ce petit homme virtuose
Lorsqu’il naît en 1962, dans cette famille de musiciens franco-italiens, ses parents se rendent vite compte que Michel a un problème de santé : il ne grandit pas assez vite, est chétif, ses os se brisent incroyablement facilement. Il est atteint d’ostéogenèse imparfaite. Cette maladie entraîne de fréquentes fractures, une fragilité pulmonaire et, dans le cas de Michel Petrucciani, une toute petite taille. Seules ses mains ont la taille de celles d’un adulte, ce qui lui permet donc de développer son talent pour le piano. Sa maladie ne l’empêche donc pas de devenir prodige. Mais elle lui complique sacrément la vie : trop petites, ses jambes ne peuvent pas atteindre les pédales du piano, il lui faut donc adapter l’instrument. Parfois, il est si faible que sa famille doit le porter jusqu’au piano avant le concert et le remmener en coulisse ensuite.
Michel Petrucciani aime toutefois raconter qu’au début de sa carrière, sa petite taille l’a parfois aidé. Ainsi, lorsque les cachets étaient encore maigres, son père le cachait dans une valise pour ne pas avoir à payer une place supplémentaire à l’hôtel !

Sophie Vouzelaud Presque reine de beauté
Sophie Vouzelaud s’est fait remarquer lors de l’élection Miss France 2007. Elle a tenu à s’exprimer de manière orale lors de la finale du concours, son interprète en langue des signes ne la comprenant pas, lors de son interview.
Exaspérée, Sophie Vouzelaud prit le micro pour montrer qu’elle pouvait se faire comprendre en parlant et a réussi à répondre aux questions de l’animateur Jean-Pierre Foucault, l’interprète ayant été trouvée à la dernière minute. Sophie Vouzelaud finira première dauphine, car il lui manquait seulement un vote du jury.
Elle devance pourtant la Miss France, Rachel Legrain-Trapani, au niveau des votes téléphoniques et SMS. Cette même Miss proposera d’échanger la couronne avec Sophie pour qu’elle puisse représenter la France à «Miss Monde». Hélas, le comité de la compétition a annoncé qu’il refusait la candidature de Sophie, car seules les Miss en titre peuvent concourir.

Stephen Hawking Scientifique hors norme
Les travaux de Hawking qui le mèneront du Big Bang aux trous noirs, ont été réalisés en dépit de l’aggravation de la paralysie causée par la SLA. En 1974, il est devenu incapable de se nourrir ou de sortir du lit par lui-même, tandis que son élocution était fortement altérée par sa maladie, de sorte que seules les personnes le connaissant bien pouvaient encore le comprendre. En 1985, il a contracté une pneumonie et a dû subir une trachéotomie, ce qui l’a rendu définitivement incapable de parler. Un scientifique de Cambridge a construit un dispositif permettant à Hawking d’écrire sur un ordinateur avec de petits mouvements de son corps, tandis qu’un synthétiseur vocal parle pour lui, lisant ce qu’il vient de taper. Hawking dispose de quelques moyens d’accélérer un peu le système d’élocution, qui reste en retard sur ce que ses yeux disent.

Beethoven Le compositeur sourd

Ludwig montre avant même de savoir lire et écrire des prédispositions pour le piano. Très vite, il s’impose face aux plus grands et part à Vienne jouer pour la cour. Mais avant même la fin des années 1790, son ouïe commence à se détériorer. Il est complètement sourd lorsqu’il compose la mondialement connue «9e symphonie», aujourd’hui devenue l’hymne de l’Union européenne. Pendant plusieurs années, le musicien va parvenir à cacher sa surdité naissante puis avancée à son entourage. Il s’explique dans une lettre à un ami de Bonn : «Depuis presque deux ans, j’évite toute société, car je ne peux pas dire aux gens “Je suis sourd”. Si j’avais n’importe quel autre métier, cela serait encore possible ; mais dans le mien, c’est une situation terrible.» Sa maladie va donc isoler Beethoven de ses relations. Même plus tard, lorsqu’il est bien forcé d’admettre son handicap et qu’il utilise des cahiers de conversation pour dialoguer avec son entourage, il demeure extrêmement méfiant. Il meurt finalement en 1827.

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