Le Matin : Est-ce que votre décision est irrévocable ou s’agit-il tout simplement d’une manœuvre pour tirer la sonnette d’alarme à propos de la crise financière du club ?
Abdellah Belkahya : Ma décision est définitive. Je suis dans le milieu du football depuis 45 ans. Je suis fondateur du club Al Kamal Al Mourrakechi qui a réalisé l’ascension en deuxième division en 1978. Et ça fait 14 ans que je dirige l’Olympic Marrakech. Je ne peux plus continuer l’aventure en l’absence d’une aide financière des pouvoirs publics de la ville de Marrakech. J’ai déjà donné beaucoup d’argent de ma poche au club. Mais je ne peux pas continuer éternellement comme ça. J’ai frappé à toutes les portes pour essayer de trouver une solution à ce problème, mais toutes les portes étaient fermées.
Je ne peux pas continuer alors que je ne suis pas en mesure de payer les salaires des joueurs et du staff technique à la fin du mois. Je ne suis pas du genre de certains présidents qui demandent de récupérer l’argent qu’ils ont donné à leur club avant de partir. J’ai pris la décision de m’en aller après avoir payé toutes les dettes du club et les salaires des joueurs jusqu’au mois de janvier. J’ai également laissé l’autobus au club. Je suis parti parce que je n’ai plus rien à donner.
Combien d’argent avez-vous dépensé depuis le début de la saison ?
On a dépensé 2,810 millions de DH.
Quel est le montant de la subvention que la FRMF a octroyée au club ?
La FRMF nous a versé 650 000 DH. En plus, on a eu également 83 140 DH de recettes de la rencontre contre le Kawkab Marrakech ainsi que 69 340 DH de trois généreux donateurs. Le reste, à savoir 1,985 millions de DH, je l’ai donné de ma poche. Comment voulez-vous que je continue ? Est-ce que vous connaissez un président du club qui prend de sa propre poche pour donner au club. Il y a quatre clubs au Maroc qui tournent avec 8 milliards de centimes chaque année sans donner aucun joueur à l’équipe nationale.
Votre décision de jeter l’éponge en milieu de saison pourrait coûter cher au club ?
Je n’ai plus rien à donner. J’ai frappé à toutes les portes, mais elles étaient toutes fermées. Je ne veux pas demander aux joueurs de jouer les matchs et à la fin du mois je me cacherais parce que je n’ai pas de quoi les payer. Pour le déplacement dimanche prochain à Berrechid, il me faut 50 000 DH et à la fin du mois, il me faut 220 000 DH pour payer les salaires. Je vais trouver cet argent où ? C’est uniquement pour cette raison que j’ai dit stop. J’ai déployé les efforts financiers, moraux et humains colossaux depuis que l’équipe a accédé à la 2e division, mais je vois que je suis seul à faire face à cette crise. Donc j’ai décidé de dire stop. L’essentiel pour moi, c’est que je pars en ayant payé toutes les dettes et tous les salaires.
«Ma décision est irrévocable»
À la tête du club depuis 14 ans, Abdellah Belkahya a présenté sa démission de la présidence du club en raison de la crise financière qui frappe de plein fouet son club. L’homme qui a dédié sa vie au football ne peut plus assumer à lui tout seul le fardeau financier en l’absence d’une quelconque aide des pouvoirs publics de la ville de Marrakech et de la FRMF. Avec le retrait de Belkahya, c’est l’avenir du club qui est en danger.
LE MATIN
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28 Février 2013
À 17:37