Le Matin : Vos propos contre vos pairs après la CAN reviennent encore dans les débats, qu’en pensez-vous ?
Eric Gerets : Je dois d’abord souligner que ce qui me met en colère est quand on déforme mes déclarations pour leur donner un sens négatif, surtout que mes relations avec les entraineurs ont été toujours excellentes durant toute ma carrière. Mais quand certains s’évertuent à ressasser des mensonges, alors là, je me retrouve dans l’obligation de me défendre. Et quand cela vient d’entraineurs connus, là j’attaque. Je ne vous cache pas que j’ai beaucoup de respect pour mes collègues. Ils font du bon boulot et dans des conditions très difficiles.
Vous aviez promis d’organiser une rencontre avec les entraineurs pour mettre fin au malentendu. L’aviez-vous fait ?
Non. Mais je vais les approcher individuellement, pour discuter de sujet d’importance concernant les joueurs, la formation. Je vois tous les jours de jeunes talents qui jouent sur le bitume ou sur la plage, un potentiel en déperdition qu’il conviendrait d’encadrer, quand bien même cela buterait sur le problème du volet financier, comme partout dans le monde.
Vous suivez le championnat national pro depuis plusieurs mois, quel est votre constat ?
Disons que le championnat allie de bons et de mauvais matches. Toutefois, j’ai vu quand même de bons joueurs, mais on ne pourra les juger qu’après les stages quand on les verra de très près. Disons qu’il y a 4 à 5 joueurs qui sont valables pour l’équipe nationale A.
Les éliminatoires de la Coupe du monde approchent à grands pas et nombreux éléments sont toujours en manque de compétition. Allez-vous recourir aux jeunes convoqués ?
Après la CAN, j’avais décidé de plier la page et d’ouvrir une toute nouvelle où seuls les joueurs compétitifs porteront le maillot. 90 % des places seront réservés aux joueurs qui jouent régulièrement au sein de leurs clubs respectifs.
La question est de savoir si la sélection sera prête avant le 2 juin contre la Gambie à Banjul ?
C’est difficile de répondre, car la situation se complique à l’approche des fins des championnats. Les joueurs sont exposés aux blessures et à la fatigue. Mais disons que nous aurons des joueurs qui ont repris la forme comme Oussama Essaidi qui ne cesse de séduire à chaque match. Si j’arrive à avoir en bon état tous les joueurs que j’ai dans la tête, et bien ils feront mal en Gambie.
Taarabt compris ?
Ce joueur a déclaré à la télé qu’il ne jouera plus en équipe nationale tant que je suis à la barre. Il a dit beaucoup de choses et je ne sais pas ce qu’il veut. En tout cas, moi je vais sélectionner les meilleurs et s’il n’est pas dans le lot, tant pis pour lui. Belhanda ou encore Barrada ont montré beaucoup de choses, ils seront titulaires. Je n’ai pas pu voir Barrada à l’œuvre de près après son retour de blessure. Il serait idiot de faire le voyage en Espagne pour le voir jouer pendant 15 minutes.
On constate que la blessure de Nadir Lamyaghri a impacté légèrement son rendement ?
On le dit, mais pour moi il est toujours transcendant. Il y a un grand respect entre nous deux. Il porte sur les épaules la responsabilité de l’équipe nationale. Il gardera son poste tant qu’il restera en forme et cela devra durer à mon avis, car il a encore du temps devant lui.
La presse saoudienne parle de votre intention de retourner au Hilal Saoudien Non, il ne faut pas croire tout ce que dit la presse. Et puis, il est normal que lorsqu’un entraineur fait de bonnes choses, il obtienne des offres d’ailleurs. Mais ce que je voudrai dire est que je ne sais pas ce que je dois faire de plus pour démontrer que je suis venu au Maroc pour relever un challenge. Pour cela, j’ai même acheté une villa, je me sens très bien dans ma peau. Alors ?
Votre salaire provoque un grand débat public, quel effet cela vous fait ?
Il faut dire que pendant des mois après la victoire contre l’Algérie, personne n’avait parlé de mon salaire. Curieux que la question se pose après la CAN. Disons-le, je ne suis pas venu au Maroc pour l’argent, sinon j’aurai été chez d’autres qui m’ont fait des offres inimaginables. Je suis ici pour faire du bon travail, les conditions sont idéales, j’ai été bien accueilli et les gens me respectent. L’entraineur qui a fait du bon travail mérite un bon salaire.
Vous menez une vie de solitaire, cela ne pèse pas sur votre moral ?
Je m’y suis habitué et comme ça (rire) je n’ai pas à me chamailler avec quelqu’un d’autre. Non, la famille me rend visite de temps à autre. Il y a Cuperly et sa femme qui me rendent visite 2 à 3 fois par semaine. C’est vrai que mon chien parti en Belgique me manque, mais c’est pour son bien, car il aime la compagnie. J’ai adopté deux beaux chats que j’ai récupérés dans la rue. Non, je mène ma vie comme je veux.