L’histoire de la relation un peu particulière entre le Maroc et l’Afrique ressemble en réalité à une histoire d’amour, que l’islam et les échanges humains et commerciaux ont perpétuée de façon ininterrompue à travers l’histoire.
Fort de l’importante dimension africaine de son identité et de la communauté de destin face aux mêmes défis du développement, de la stabilité et de la démocratie, le Maroc s’est engagé depuis l’indépendance dans la voie du raffermissement de ses relations avec les pays africains, avec l’ambition d’aboutir à un véritable partenariat stratégique qui renforce la coopération Sud-Sud et se met au service du développement durable.
À ce titre, les exemples de l’importance de la profondeur stratégique du voisinage africain dans la politique extérieure marocaine sont légion, et ceux - certes peu nombreux - qui pariaient sur l’effondrement du capital de complicité et d’entente du Maroc avec l’Afrique après son retrait de l’OUA (devenue UA) ont été déçus.
Au contraire. Dès son accession au trône en 1999, S.M. le Roi Mohammed VI a tracé les contours d’une politique africaine renouvelée fondée sur la proximité, l’engagement et la solidarité.
Le Souverain a montré l’exemple de ce nouvel ancrage par de multiples déplacements auprès des Africains, qui ont débouché sur l’enrichissement du cadre juridique de la coopération, constitué désormais d’un maillage de 500 accords avec une quarantaine de pays subsahariens touchant tous les domaines de développement économique, technique, social, culturel et humain, tels que la lutte contre la pauvreté, l’agriculture, les pêches, l’éducation, la santé, la formation, la gestion de l’eau, les technologies de l’information, la gestion financière et bancaire.
Il faut dire qu’au gré de ces retrouvailles, aussi bien le dialogue politique que les échanges commerciaux et économiques ont pris du relief. Car pour le Maroc, à en croire le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Youssef Amrani, le développement des relations économiques et commerciales avec l’Afrique «est plus qu’un défi, c’est un impératif».
Principal levier de la coopération sud-sud, l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), créée en 1986, est devenue un outil souple, rapide et efficace d’exécution de la politique africaine du Maroc, notamment en matière de formation des ressources humaines.
Ainsi, plus de 8 000 étudiants africains poursuivent actuellement leurs études au Maroc, dont 6 500 boursiers, issus de 42 pays africains.
La solidarité du Maroc avec les pays africains s’exprime à plusieurs niveaux face aux difficultés économiques, aux crises ou aux calamités naturelles.
Lors du sommet France-Afrique qui a eu lieu au Caire en 2000, S.M. le Roi a annoncé l’annulation de la totalité de la dette des Pays africains les moins avancés (PMA) et l’ouverture des frontières aux produits d’exportation de ces pays pour leur entrée en franchise douanière au Maroc.
De la sorte, le Maroc a fini par devenir «le seul pays arabe qui a réellement une politique africaine suivie, une connaissance, une proximité et des liens humains, culturels et religieux avec les pays africains», comme le relève le directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques français, Charles Saint-Prot.
Le secteur privé, jusque-là tourné vers l’Europe, a accompagné l’État dans son engagement politique en Afrique, en allant à la conquête de ce marché très prometteur et en s’investissant dans le chantier de l’augmentation du volume des échanges commerciaux avec les pays de l’Afrique subsaharienne qui ne représentait il y a quelques années que 2% de la valeur globale du commerce extérieur du Royaume.
Dans cette optique, des entreprises comme Maroc Telecom, Attijariwafa Bank, l’Office national d’eau et d’électricité (ONEE), la BMCE, la Banque populaire ou la RAM ont développé une véritable stratégie offensive sur les pays africains, parvenant beaucoup de fois et avec succès à décrocher de gros contrats face à de mastodontes de l’économie mondiale.
Cette offensive économique en direction de l’Afrique a vite porté ses fruits. Selon l’Office des changes du Maroc, les exportations marocaines vers l’Afrique ont presque doublé en cinq ans, passant de 16,7 milliards de dirhams en 2006 à 30,5 MMDH en 2011.
Les préoccupations du développement humain sont également présentes dans l’agenda de la coopération du Maroc avec les pays subsahariens.Une structure spéciale, la «Fondation alaouite pour le développement humain durable», a été mise sur pied par le Maroc pour s’occuper justement de ce volet salutaire de la coopération moderne avec les pays africains. Son premier projet est la construction d’un centre d’ophtalmologie à Dakar, où elle est basée, avant d’étendre ses actions dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, avec en tête de liste de ses projets prioritaires, l’alphabétisation, le raccordement à l’eau potable et la fourniture d’électricité.
Les crises sécuritaires ou les menaces terroristes, qui secouent actuellement le Sahel en particulier le Mali, préoccupent fortement le Maroc qui n’a eu de cesse d’appeler, du haut même de la tribune du Conseil de sécurité de l’ONU dont il est membre, à une approche régionale concertée et un dialogue politique élargi face aux démarches unilatérales et vouées à l’échec, prônées par certains pays de la région.
Et comme l’a expliqué S.M. le Roi dans Son récent message adressé au sommet de la CEDEAO à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, «la crise aiguë qui secoue le Mali frère apporte la preuve éclatante de l’inefficacité avérée des approches partielles, des démarches sélectives ou encore, des ripostes parcellaires, face à une réalité complexe, multidimensionnelle et menaçante pour toute la région».
«A contrario, note le Souverain, cette crise illustre la pertinence de la stratégie globale et de l’action collective auxquelles le Maroc n’a cessé d’appeler, depuis des années».
Animé par le même désir de paix et de vivre ensemble, le Maroc a saisi l’occasion de ce sommet pour réitérer sa volonté d’élargir le champ de la coopération Sud-Sud au bénéfice des populations africaines et au service de la paix et de la stabilité régionale et mondiale.