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L'opposition et le droit à l'existence

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Depuis le scrutin du vendredi 25 novembre dernier, il s'est passé quelque quarante jours au cours desquels une série d'événements significatifs se sont succédé. Entre la proclamation des résultats, l'audience accordée par le Roi au secrétaire général du PJD, l'ouverture des négociations avec les autres partis afin de former un gouvernement, la nomination des membres de celui-ci par le Souverain et le tout premier conseil de gouvernement, l'émotion a tenu lieu d'un ressort inédit. Tout au long de cette courte période, on n'a pas tari de commentaires - en fait davantage d'éloges - sur le parti vainqueur et sa future mission qui incarne pour les uns l'espoir et pour les autres une manière de défi.
Presse écrite, radios diverses, chaînes de télévision nationales et internationales se sont relayées pour s'arracher le scoop, décrypter les propos des nouveaux responsables, enfin accompagner un mouvement inédit. Ce que d'aucuns n'hésitent pas à comparer, «mutatis mutandis» aux révolutions arabes. Pendant ce temps-là, on a oublié ou feint d'oublier qu'il existe aussi des partis et des hommes, recalés dans l'opposition et qui, pour autant, ne déméritent pas. Au prétexte qu'ils ont perdu les élections législatives, ou plutôt qu'ils se sont placés en quatrième ou cinquième position, les voilà relégués dans l'ombre. Tantôt critiqués avec un ton acerbe qui confine au mépris, tantôt dénigrés.

Leur tort ? Ils ne sont pas arrivés en tête. Leur mérite ? Ils ont activement participé au débat et au processus politique de manière plus qu'honorable. Ils incarnaient l'espoir pour leurs troupes, ils n'ont pas changé aujourd'hui, ni dans leur conviction, ni dans leur comportement. S'inclinant avec dignité devant la victoire de leurs concurrents politiques, ils se préparent à leur nouvelle mission : une opposition constructive, ferme et déterminée. Il est vrai, cependant, que le travail d'opposition ne présente jamais les mêmes caractéristiques que celui du gouvernement. On pourrait avancer qu'il s'agit-là d'un véritable purgatoire, qui exige un dévouement plutôt frustrant à la cause même de la mission d'opposition.
Pourtant, dans la démocratie, le schéma politique obéit à ce partage arbitraire auquel se soumettent les uns et les autres. L'opposition est respectée parce qu'elle devient non seulement une force de proposition, mais l'aiguillon de critique nécessaire. En Grande-Bretagne, l'opposition a toujours constitué son cabinet, fantôme pour les uns, réel pour les autres. Ses membres participent de manière active et dévouée au débat politique. Ils sont comptables, disons même contempteurs du bon déroulement de celui-ci. Les partis de l'opposition, dont notamment le RNI, le PAM, l'USFP et les autres ont sans doute perdu une bataille, mais ils n'ont pas perdu la « guerre » ! Tout à leur ardeur de remplir leur mission politique au Parlement, ils mettent en place leur « Perestroïka » interne et s'apprêtent à affûter leurs armes. Les femmes et les hommes qui constituent leurs élites et leurs cadres incarnent, tout autant que les autres, les valeurs et les critères de compétence et de vertueuse éthique. Il faut se garder de les dénigrer, comme d'aucuns sont prompts à le faire. L'opposition est nécessaire à toute démocratie, au Maroc plus que jamais elle doit renaître de ses cendres. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, ses fidèles et les autres membres de la majorité devraient prendre en considération l'existence et la présence de l'opposition au Parlement, parce qu'elle est l'un des verrous qui complètent le bon fonctionnement de notre démocratie. Ses avis comptent. A l'opposition, aux femmes et aux hommes qui la composent, on doit plus que la considération, autrement dit le respect. Ils doivent pouvoir s'exprimer aussi librement que les autres, bénéficier des passages à la télévision, les radios et dans la presse en général.
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