Le renversement de tendance des cours des métaux affectera les réalisations des compagnies minières marocaines cotées à la Bourse de Casablanca. Une donne qui a poussé Upline Group à revoir ses anticipations. «Compte tenu de l’ampleur du décrochage des cours de l’or et de l’argent durant avril et mai, une révision de nos prévisions s’impose», explique la filiale du Groupe Banque Populaire dans sa dernière publication portant sur le secteur minier. Concrètement, la croissance prévisionnelle du chiffre d’affaires sectoriel pour l’exercice 2013 passe de 17 à 11,5%, soit 5,83 milliards de DH. Managem y contribue en bonne partie, puisqu’elle devrait théoriquement maintenir la croissance de ses revenus. Et ce, grâce à deux principaux facteurs. Le premier à trait à la fin de ses anciens engagements de couverture. «A lui seul, ce facteur devrait contribuer à l’amélioration du chiffre d’affaires du holding minier de 545 millions de dirhams en 2013», selon les estimations de la Division analyses et recherches d’Upline.
L’effet volume est le second facteur. Managem bénéficierait d’une bonification du tonnage de cuivre vendu, après l’entrée en production du chantier Jbel Laassal et d’une montée du rythme de production de la SMI. En outre, «le lancement de l’exploitation de l’Or au Soudan devrait contribuer positivement à l’accroissement des quantités vendues dès 2013», ajoute la même structure. Cette relation de cause à effet n’est évidemment pas automatique. En effet, «la poursuite de la progression des réalisations de Managem dépendra de sa capacité à adapter son mixte des métaux produits, selon les évolutions récentes des marchés», lit-on dans le même document. Le holding devrait boucler 2013 sur un chiffre d’affaires de 3,93 milliards de dirhams et un résultat net de 395,4 millions. Upline Group recommande de conserver cette valeur, puisque son cours cible est estimé à 1.308 dirhams.
Ce qui n’est pas le cas pour la valeur SMI. Upline a recommandé aux investisseurs de l’alléger dans leur portefeuille. Son cours cible est estimé par les analystes financiers du groupe bancaire à 3.376 DH. Au terme de 2013, la SMI devrait réaliser un chiffre d’affaires de l’ordre de 1,25 milliard de DH et un résultat net de 504,6 millions. Cette hausse de l’activité de la SMI devrait être tirée par un retour progressif à la normale de son usine de traitement. En effet, «la forte baisse du cours de l’argent devrait être compensée par un retour à la normale du rythme de production de la SMI après la résolution de ses soucis d’alimentation en eau», explique la même publication. Ce problème n’a d’ailleurs permis à la compagnie argentifère de produire, en 2012, que 170 TM d’argent, contre une capacité normative de 240 TM. Après l’achèvement de l’extension de l’usine de traitement, cette capacité est appelée à progresser à 300 TM.
La troisième société du secteur cotée à la Bourse de Casablanca, CMT, n’a pas cette possibilité pour améliorer ses volumes de ventes. Elle utilise déjà pleinement toute sa capacité de production. En outre, le fort poids de l’argent dans son chiffre d’affaires (estimé à plus de 70%) aurait un effet négatif sur ses réalisations en 2013, à cause de l’accélération de la baisse des cours à l’international. Heureusement que la Compagnie minière de Touissit a renforcé ses couvertures lors des deux derniers exercices. Ce qui fait qu’elle devrait maintenir son chiffre d’affaires au delà de 650 millions de DH et afficher un résultat net de 344,5 millions. Cette valeur est toutefois la seule recommandée à l’achat par Upline Group.
2013, année difficile pour les producteurs miniers ?
Après plusieurs années d’euphorie, les marchés de matières premières montrent des signes d’essoufflement depuis début 2013. Les investisseurs privilégient davantage le marché Actions, aux dépens des matières premières, souligne l’étude d’Upline Group. D’autant plus que des prémisses d’une reprise économique ont commencé à s’imposer dans plusieurs pays développés. Conséquence, les cours boursiers des principaux producteurs miniers à travers le monde, aussi bien pour les métaux précieux (Barrick Gold Corp, Newmont, Kinross…) que pour les métaux de base (Rio Tinto, Norilsk, Anglo American PLC...), ont immédiatement reflété cette baisse de la demande sur les matières premières. D’ailleurs, cette appétence au risque s’est traduite par une réduction considérable de la taille des ETF (fonds indiciels négociés en bourse) adossés à l’or depuis le début de l’année.