«M algré une conjoncture défavorable, Sonasid a réalisé un bon premier semestre 2013. Les résultats financiers sont en progression notable». La déclaration est de Ayoub Azami, directeur général, lors de la présentation des résultats semestriels le 4 octobre à Casablanca. En effet, les ventes de Sonasid sur le marché national sont restées «stables» en volume entre le premier semestre 2012 et celui de 2013, selon le management du leader national de la sidérurgie. Ainsi, le chiffre d’affaires de Sonasid à fin juin s’établit à 2,53 milliards de dirhams, en baisse de 8% par rapport au premier semestre 2012, en raison de la baisse des volumes à l’export (impact de -4% sur le chiffre d’affaires) et de la pression sur les prix engendrée par la forte pénétration des importations (+108%). Le résultat d’exploitation triple en un an (204%) à 143 millions de dirhams et le résultat net double (105%), atteignant 123 millions de dirhams. Des performances à relativiser vu que l'entreprise avait publié un profit warning sur ses résultats du premier semestre 2012.
Par ailleurs, l’endettement net du groupe a été réduit à 22 millions de dirhams contre 225 millions un an plus tôt, grâce à l’EBITDA positif généré et une bonne maîtrise du besoin en fonds de roulement, explique le sidérurgiste. Le taux d’endettement représente ainsi 2% des fonds propres. En 2010, il était encore de 60% environ.
Forte pénétration des importations
Ces performances ont été réalisées grâce à la reprise de l’activité du groupe qui avait donc traversé une période difficile l'année dernière. Mais surtout à la faveur d'une stratégie déployée depuis 2011. Une stratégie basée sur 5 axes : intensification du programme d’optimisation des coûts, amélioration de la performance technique de l’outil industriel, consolidation des actions relatives à la distribution, montée en puissance de la plateforme de préparation ferraille, enfin baisse des charges financières et gestion efficace du risque.
Elle a permis au groupe de faire face à un contexte international très particulier, marqué par une forte concurrence des Espagnols. Sur ce point, Azami a rappelé qu'«en Europe, la faible demande continue d’impacter le marché de la construction avec des baisses à 2 chiffres. En Espagne, l’un des pays en crise, la sidérurgie est en forte surcapacité. La production est 6 fois plus élevée que la consommation nationale.
La capacité installée est de 5,8 millions de tonnes en 2012 pour une consommation de 1 million de tonnes». Résultat, les Espagnols exportent en masse vers les pays proches, en l’occurrence le Maroc et l’Algérie, cassant au passage les prix, que ce soit au niveau du marché local ou international. La baisse des volumes exportés par Sonasid a été aggravée par la décision de l’Algérie d’exclure le rond à béton de l’accord de la grande zone de libre-échange arabe, en instaurant des droits de douane de 15%.
De même, le contexte national est assez morose, selon le DG de Sonasid. «Le marché de la construction est en récession avec une baisse de l’investissement public et une réduction des mises en chantier, en particulier dans le logement social». Pour confirmer cette situation, Azami a rappelé le recul de la consommation de ciment de 12% et de la consommation de rond à béton de 3% au premier semestre 2013.
Cette morosité se poursuivra jusqu’en 2014, pronostique le groupe.
Pour s’en prémunir, Sonasid a adapté sa stratégie à travers une meilleure diversification de la ferraille autour de l’investissement du broyeur, une rationalisation des coûts fixes et une optimisation des coûts de transformation. De même, le sidérurgiste renforce sa stratégie commerciale et cherche une substitution au fuel pour agir sur ses coûts. D’ailleurs, le groupe affirme avoir été impacté par les hausses du prix du fuel en 2012 et cette année, suite au retour à l’indexation. Normal, l’énergie est la deuxième plus importante composante du prix de revient après la ferraille pour le sidérurgiste marocain.