Économie

Aïd Al Adha : les prix des fruits secs et des épices s’effondrent, les grossistes de Derb Omar inquiets

Cette année, la célébration de l’Aïd Al Adha se fera sans sacrifice, conformément à l’appel de S.M. le Roi visant à préserver le cheptel national, alors que le pays traverse une longue période de sécheresse. Les conséquences économiques sont considérables pour certains commerçants, notamment ceux des fruits secs et des épices. L'image de Derb Omar à Casablanca, le plus grand marché de gros du Royaume, reflète la situation.

30 Mai 2025 À 17:25

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Saïd Farah, secrétaire général de l’Union des commerçants et professionnels de Derb Omar, souligne les répercussions de l’annulation du rituel du sacrifice sur de nombreux grossistes qui dépendent de la saisonnalité de cette fête, laquelle représente une part importante de leur chiffre d’affaires annuel. « Nous observons déjà une stagnation dans plusieurs secteurs, accompagnée d’une chute des prix qui entame même le capital des grossistes. Il est important de rappeler que les marges sont faibles dans le commerce de gros, mais que les pertes peuvent être très lourdes », a-t-il affirmé à la plateforme FreshPlaza, notant que les produits alimentaires les plus touchés sont les épices, les abricots secs, les pruneaux, les raisins secs, le gingembre et les légumineuses.



Un grossiste des épices explique que « près de 90 % des épices sont importées d’Inde et la majorité des légumineuses ainsi que d’autres produits comme la muscade et le gingembre proviennent d’Égypte. Le secteur est actuellement en stagnation, de nombreux commerçants ayant déjà importé leurs stocks pour Aïd Al Adha à des prix élevés. Les prix se sont effondrés après l’annonce de l'annulation du rituel du sacrifice et les pertes s’élèvent à 3 à 4 DH par kilo et je parle ici de pertes en capital, pas de manque à gagner. Pour certains produits, les pertes atteignent jusqu’à 20 DH par kilo. »

Un autre grossiste de pruneaux, abricots et raisins secs relève que « les prix des pruneaux sont passés de 60 DH l’année dernière à 40 DH cette année pour la meilleure qualité, c’est-à-dire de gros calibre, avec un taux de BRIX élevé et une peau ridée. Pour les produits de moindre qualité, la baisse atteint environ 15 DH le kilo. La chute est encore plus marquée pour les abricots secs, atteignant jusqu’à 50 DH le kilo. La période de l’Aïd représente jusqu’à 50 % de notre volume annuel de ventes. »

D’après les commerçants interrogés, l’offre dépasse largement la demande, et des pertes majeures sont à prévoir, car la durée de conservation du produit ne dépasse pas trois à quatre mois. Ils espèrent que les prix vont remonter au plus vite afin de surmonter cette conjoncture difficile.

« Les pertes sont encore plus importantes pour d’autres commerçants, notamment ceux qui ont importé des conteneurs entiers de petits outils spécifiquement pour le rituel du sacrifice. En tant qu’organisation représentative, nous avons le devoir de porter leur détresse. Mais d’un autre côté, nous sommes conscients de l’importance de l’annulation du sacrifice cette année pour contenir l’inflation, qui nous touche également, tout comme le pouvoir d’achat de nos concitoyens », conclut le représentant des grossistes, Saïd Farah.
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