Économie

Assemblées FMI-BM : Ce que recommande Kristalina Georgieva pour bétonner la résilience et consolider la croissance

Trois recommandations majeures de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) aux pays émergents et en développement dans le contexte actuel marqué par la succession de crises. Il s’agit de poursuivre les réformes structurelles favorables à la croissance, d’assurer une meilleure capacité d’adaptation dans un monde en perpétuel changement et de rester solidaires et unis afin de pouvoir relever ensemble les défis.

La DHG du FMI a salué les réformes au Maroc qui ont permis de doubler le revenu réel par habitant  et d’avoir une économie dynamique, diversifiée et tournée vers l’avenir. Ph. Saouri

12 Octobre 2023 À 16:25

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Une dynamique de réformes continue, une agilité dans les stratégies de développement et plus de solidarité entre les pays. Ce sont là les trois recommandations majeures de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) aux pays émergents et en développement, dont le Maroc, pour faire face à la conjoncture mondiale actuelle.



« Dans un environnement mondial de plus en plus difficile, les pays doivent construire des bases solides. C'est comme ici au Maroc, les maisons construites sur des fondations solides n'ont pas été affectées par le tremblement de terre. C'est pourquoi le FMI recommande vivement de poursuivre des réformes structurelles favorables à la croissance afin de renforcer cette résilience » a déclaré Kristalina Georgieva, lors d’un point de presse organisé le 12 octobre à Marrakech sur l'Agenda politique mondial. La DG du FMI préconise également de construire des institutions solides afin que la prévention et la réponse aux chocs puissent être plus efficaces.



Par ailleurs, face à un monde qui change très rapidement, les décideurs publics doivent être agiles. « Nous ne pouvons plus aujourd’hui établir des stratégies et des plans sur de longues périodes. Certes, nous devons avoir une vision de l'endroit où nous voulons aller, mais nous devons avoir une capacité d’adaptation dans la manière d'y parvenir. Une fois de plus, le Maroc est un très bon exemple sur ce volet », a souligné Kristalina Georgieva. La responsable appelle, en outre, la communauté internationale de rester solidaire et unie pour un monde meilleur.

« Nous devons résister fermement aux points qui nous divisent. Dans un monde faisant de plus en plus face aux chocs, nous avons davantage besoin les uns des autres. Allons de l'avant main dans la main, malgré toutes les tensions, malgré toutes les complexités, afin de pouvoir progresser en matière de politique économique. La solidarité des Marocains manifestée après le tremblement de terre est une valeur pour la communauté mondiale », estime la patronne de l’Institution de Bretton Woods.

A l’échelle mondiale, Kristalina Georgieva, appelle les pays membres à réussir la lutte contre l'inflation. « La stabilité des prix est une condition préalable à la croissance. Elle protège également les populations, en particulier les les plus pauvres de la société ». La DG du FMI recommande, en outre, de garantir la stabilité financière. « Comme nous l'avons constaté ces dernières semaines avec les fluctuations des rendements des obligations aux États-Unis et en Europe, les marchés se sont ajustés de manière ordonnée, en anticipant des taux d'intérêt élevés pour plus longtemps. Cependant, un resserrement soudain des conditions financières pourrait affecter les marchés, les banques et les institutions financières non bancaires, c'est pourquoi une supervision financière solide est essentielle. », a indiqué Kristalina Georgieva. Et ce n’est pas tout.

Après une période de dépenses publiques accrues, il est temps de restaurer des marges de manœuvre budgétaires afin que les pays puissent répondre aux chocs futurs, réaliser des investissements essentiels et réduire la dette. « Dans la plupart des cas, cela implique une politique budgétaire plus stricte et mieux ciblée. La réaffectation des dépenses et la mobilisation des recettes intérieures, en particulier dans les marchés émergents et les pays à faible revenu, sont désormais encore plus importantes. », a-t-elle détaillé. La DG du FMI a en outre appelé les pays à stimuler la croissance à moyen terme. « Aujourd'hui, nous n'avons tout simplement pas la croissance dont nous avons besoin pour nous remettre des chocs et offrir des opportunités aux gens afin qu'ils puissent voir l'amélioration de leur niveau de vie », estime Kristalina Georgieva.

D’ailleurs, les études du FMI montrent que des réformes intelligemment conçues peuvent avoir un impact important à court terme, en augmentant la production jusqu'à 8% sur quatre ans dans un certain nombre de pays.

Enfin, la DG du FMI espère que la communauté internationale puisse progresser sur la question de la dette, notamment le processus de restructuration de celle-ci. D’ailleurs, la dette mondiale monte rapidement, ce qui peut engendrer des coûts et des risques aussi bien pour les débiteurs que pour les créanciers, mais aussi pour la stabilité financière mondiale. Rappelons que face au problème du manque de viabilité de la dette, le G20 et le Club de Paris ont conclu en novembre 2020 un accord sur un cadre commun pour les traitements de la dette au-delà de l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD) préalablement mise en œuvre. Cet accord vise à résoudre l’insolvabilité et les problèmes de liquidité prolongés dans les pays admissibles en offrant un allégement de la dette compatible avec les besoins de dépenses et la capacité de paiement du débiteur.

Kristalina Georgieva estime que ce cadre commun connaît un démarrage lent. La nature des retards est variée et imputable à la fois aux créanciers et aux débiteurs, mais il est urgent que toutes les parties prenantes concernées agissent pour que le cadre fonctionne. Il s’agit notamment de clarifier les étapes et les délais de la procédure prévue, de collaborer au plus tôt avec toutes les parties prenantes, de préciser la manière dont la comparabilité du traitement des créanciers du secteur privé sera mise en œuvre et d’étendre le cadre à d’autres pays lourdement endettés qui ne sont pas admissibles à l’ISSD.

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