À la suite des résultats du Conseil de
Bank Al-Maghrib (BAM) tenu le 19 décembre,
Fitch Solutions vient de livrer ses prévisions pour la
politique monétaire en 2024, à travers son entité de recherches macroéconomiques et sectorielles «BMI».
Le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé, comme attendu, de maintenir inchangé le taux directeur à 3%, vu notamment l’orientation de l’inflation. Lors de sa dernière réunion trimestrielle de l’année, tenue le 19 décembre à Rabat, il a aussi révisé à la baisse la croissance du PIB pour 2023 de 2,9% en septembre dernier à 2,7%. BAM table, en outre, sur une décélération du crédit au secteur non financier qui croîtrait de 2,6% après 7,9% en 2022.
Selon cette dernière, la
Banque centrale doit maintenir son
taux directeur à 3% pour l'ensemble de l'année 2024, vu la tendance baissière de l'
inflation. Celle-ci devrait se situer à 2,6% en moyenne l’année prochaine, un niveau légèrement supérieur aux projections de
BAM qui prévoit 2,4%. Les experts de «BMI» tablent sur le maintien du statu quo pour deux raisons principales. Premièrement, après une nouvelle décélération de l'inflation au premier trimestre 2024, les
réformes des subventions (pour le gaz butane, le blé et le sucre) entraîneront une augmentation modérée des prix intérieurs au-delà du trimestre. Ce léger rebond de l'inflation sera insuffisant pour inciter un changement dans l'orientation monétaire. «BAM sera également à l'aise avec une inflation légèrement supérieure à sa cible implicite de 2,0% alors qu'elle cherche à soutenir la croissance à la suite du
séisme d'Al Haouz en septembre 2023», soulignent les économistes de
Fitch Group.
Rappelons que pour
Bank Al-Maghrib, l’inflation devrait se situer autour de 2,4% en 2024 et en 2025, tenant compte notamment du processus de décompensation graduelle prévu par la programmation budgétaire triennale 2024-2026.
Deuxièmement, ajoute BMI, Bank Al-Maghrib s'abstiendra de réduire son
taux directeur en raison du différentiel de taux d'intérêt négatif avec la
Banque centrale européenne (BCE). Actuellement, ce différentiel est de -100 points de base (bps). «Bien que le Maroc ait mis en place des mesures visant à renforcer la flexibilité des flux de capitaux et ait apporté certaines modifications à son
régime de change en 2018 et 2020, permettant à la BAM une plus grande latitude pour maintenir un différentiel de taux d'intérêt négatif avec la BCE, nous estimons que la Banque centrale cherchera à aligner son taux directeur sur celui de la BCE à moyen terme», détaillent-ils. «Cela vise à préserver son cadre de change géré, car le dirham marocain est lié à un panier de devises composé à 40% de dollars américains et à 60% d'euros, avec une marge de fluctuation de 5%», expliquent les experts du BMI. À noter que l’équipe Europe de Fitch anticipe une réduction de 50 points de base du taux directeur de la BCE en 2024, «mais même avec cet ajustement, l'écart entre le
taux directeur du Maroc et celui de la BCE restera négatif tout au long de l'année».
Le spécialiste d'analyses de risques pays et sectorielles précise, néanmoins, que le taux directeur pourrait baisser si le recul de l'inflation s’accélère en 2024, éventuellement résultant d'une production agricole meilleure que prévu qui aurait un impact sur les
prix alimentaires intérieurs.