Saïd Naoumi
23 Janvier 2024
À 16:27
L'impact des turbulences en
mer Rouge sur le
trafic maritime est très lourd. Selon
S&P Global Ratings, le tonnage des
porte-conteneurs en mer Rouge a chuté de plus de 80% au cours de la seconde quinzaine de décembre 2023, de nombreux expéditeurs ayant choisi de prendre 10 jours supplémentaires pour traverser le
Cap de Bonne-Espérance, voyageant autour de l'
Afrique.
Dans une nouvelle étude, Allianz Trade analyse l’impact de la crise de la mer Rouge, une route essentielle pour le commerce international , sur les perspectives économiques régionales et mondiales. Pour l’instant, l’effet reste modéré: même si le coût du fret maritime a augmenté de +240% depuis novembre 2023, il n’atteint que le quart du pic observé en 2021. Toutefois, si la crise devait se prolonger au-delà du premier semestre 2024, elle engendrerait une hausse de 0,5 point de l’inflation, une perte de 0,4 point de la croissance et de 1,1 point pour le commerce à l’échelle mondiale en 2024.
De même, indique l’agence de notation américaine, les taux de fret des conteneurs ont augmenté de près de 300% avec des hausses annoncées de 6.000 à 7.000 dollars par conteneur de 40 pieds. Les notations mondiales de S&P suggèrent que ces coûts supplémentaires pourraient relancer l'
inflation sur de nombreux marchés touchés. De nombreuses
économies asiatiques, qui sont devenues de gros consommateurs de
brut russe à prix réduit, commencent à reconsidérer leurs
politiques pétrolières en raison des
attaques en mer Rouge.
Ainsi, la compagnie japonaise
NYK Line, l'un des plus grands exploitants de navires au monde, a interrompu le passage de ses navires à travers la mer Rouge. La
Corée du Sud, qui achète la majeure partie de son brut dans les pays du
Moyen-Orient, n'a pas été en grandement affectée par les attaques. Les
importations européennes de pétrole ont chuté de 20% en janvier, impactant principalement les importations en provenance d
'Arabie saoudite, d'
Inde et du
Koweït.
Dans un entretien accordé récemment au journal «Le Matin», le CEO de l’assureur-crédit Allianz Trade Morocco avait déclaré que des surcharges «mer Rouge» sont appliquées, depuis le 20 décembre dernier. Elles sont de l'ordre de 1.500 à 3.000 dollars selon la taille des conteneurs. Ce qui aura vocation à renchérir les coûts d'approvisionnement au Maroc. Les surcoûts sont ainsi de quelques centimes à quelques dirhams, selon la valeur des marchandises transportées, ajoutant du coup de l'eau au moulin d'une inflation ressentie à des niveaux déjà supérieurs aux moyennes d'avant-Covid.
De même, Rachid Tahri, président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc affirmait, dans une déclaration au «Matin», que durant la période allant du premier décembre au premier janvier, le coût du transport d’un conteneur de 20 pieds depuis le port indien de Nhava Sheva est passé de 1.085 à 2.586 dollars, tandis que le coût du transport d’un conteneur de 40 pieds depuis le même port est passé de 1.420 à 4.422 dollars. Pour Singapour, les tarifs sont passés de 1.250 et 1.900 dollars pour les conteneurs de 20 et 40 à 2.800 et 5.000 dollars respectivement. Il en va de même pour le port malaisien de Klang, où les tarifs sont passés de 1.500 et 2.150 dollars pour les conteneurs de 20 et 40 pieds à 2.950 et 5.250 dollars respectivement.