Moncef Ben Hayoun ,Saïd Naoumi
10 Octobre 2023
À 11:51
Une
croissance économique durable passera à la fois par une stabilité des prix et une stabilité financière. Les banques centrales doivent ainsi rester déterminées dans leur lutte contre l’inflation tant qu’elles n’ont pas de preuves concrètes que l’inflation se rapproche durablement de son niveau cible. La recommandation est du
Fonds monétaire international (FMI) consenti dans son rapport sur la stabilité financière dans le monde dévoilé le 10 octobre à Marrakech lors des
Assemblées annuelles FMI-Banque Mondiale.
Le Fonds Monétaire International prévoit sur une croissance de 2,4% pour le Maroc en 2023, contre +1,3% l’année dernière. Le Maroc fera ainsi mieux que la moyenne de sa région, le Moyen-Orient (qui comprend aussi l’Afrique du Nord) et l’Asie centrale, dont l’évolution du PIB doit atteindre à 2% cette année. La performance du Royaume sera, néanmoins, moins forte que la moyenne des pays émergents et en développement (+4%°, selon l’édition d’octobre 2023 des Perspectives de l’économie mondiale, dévoilées par le FMI le 10 octobre à l’occasion de ses assemblées annuelles à Marrakech. Pour 2024, la croissance du Maroc doit s’accélérer à 3,6%.
Selon les analystes du Fonds, l’orientation de la
politique monétaire doit tenir compte du rythme de la
reprise économique et des processus désinflationnistes propres à chaque pays. A leurs yeux, la communication demeure essentielle pour faire connaître la détermination des décideurs. Par ailleurs, souligne le rapport, les progrès sur le plan de l’
inflation dans un certain nombre de pays émergents ont été notables, mais les banques centrales doivent faire preuve de prudence et ne pas assouplir leurs taux directeurs trop vigoureusement. Les pays doivent intégrer leurs stratégies, y compris, par le biais du cadre stratégique intégré, (cadre macro-financier du FMI) qui permet aux pays de gérer les risques découlant de l’instabilité des flux de capitaux alors que l’incertitude plane sur la
politique monétaire mondiale et les marchés des changes. Pour les experts de l’Institution de Bretton Woods, les politiques doivent être dosées en fonction de la nature des chocs et des caractéristiques du pays concerné. Ainsi, toute mesure de riposte doit faire partie d’un plan de lutte contre les déséquilibres macroéconomiques sous-jacents qui permet d’apporter les ajustements qui s’imposent.
Les emprunteurs souverains des pays émergents, des pays pré-émergents et des pays à faible revenu devraient, quant à eux, redoubler d’efforts afin de maîtriser les risques associés aux fortes vulnérabilités de leur dette, notamment en dialoguant avec leurs créanciers ou en faisant appel à la coopération multilatérale et au soutien de la communauté internationale. Le FMI suggère ainsi de recourir au cadre commun du G20, dans une version réformée plus rapide et efficace, y compris dans le cas des restructurations préventives. En outre, recommande l’Institution internationale, les créanciers bilatéraux et ceux du secteur privé devraient trouver les moyens de coordonner une restructuration préventive et ordonnée. L’objectif est d’éviter des défauts unilatéraux coûteux et une perte prolongée d’accès au marché. « Si cela est réalisable, il faut procéder à des opérations de refinancement ou de gestion du passif pour reconstituer des réserves », développent les analystes du FMI.
Atténuation du changement climatique : Un besoin de financement de 2.000 milliards de dollars d’ici 2030
Selon les prévisions du FMI, les besoins d’investissements dans l’atténuation du changement climatique dans les
pays émergents et les pays en développement (PEPD) vont atteindre 2.000 milliards de dollars par an d’ici 2030. Le secteur privé devra ainsi jouer un rôle déterminant afin de financer les investissements nécessaires dans les PEPD, compte tenu de la faible marge de manœuvre budgétaire et des conditions de marché défavorables de ces derniers. De même, à l’horizon 2030, la part des financements privés doit augmenter de façon à couvrir environ 80 % des besoins d’investissement dans l’atténuation du changement climatique dans les PEPD. Cette proportion devrait être encore plus importante si l’on exclut la Chine.