Saïd Naoumi
06 Février 2025
À 13:15
Il était temps. L’
Office régional de mise en valeur agricole de la Moulouya (ORMVAM) planche sur la modernisation des
infrastructures d’irrigation de ce bassin agricole stratégique. Ce périmètre couvre plus de 66.000 hectares répartis sur les provinces de
Berkane, Nador et Taourirt. L’opération de modernisation portera sur l’ensemble du réseau de canaux d’irrigation existants desservant ce bassin. Si l’ORMVAM se penche sur cette opération, c’est que les infrastructures d’irrigation de cette zone subissent aujourd’hui une dégradation préoccupante. Construit entre les années 1950 et 1960, le
réseau d’irrigation voit son efficience diminuer du fait de l’ensablement des réservoirs, de l’érosion des infrastructures et des pertes en eau dues aux fuites et prélèvements non réglementaires. La modernisation s’impose donc afin de garantir la pérennité de l’agriculture dans cette région stratégique.
L’Office devra commanditer le 27 février, pour un peu plus de 4 millions de dirhams, l’étude devant définir le programme de
modernisation des infrastructures hydrauliques de la région. Le
réseau d’approvisionnement en eau du périmètre de la
Moulouya est alimenté par deux canaux principaux provenant du
barrage Mechraâ Hammadi. Il s’agit du canal principal Rive droite (RD), long de 155 km, qui avait initialement un débit en tête de 18 mètres cubes (m³)/seconde (s) et le canal principal rive gauche (RG), long de 133 km, qui offrait un débit en tête de 17 m³/s. Ces canaux, essentiels dans le cadre de l’étude en projet, sont à ciel ouvert, de section trapézoïdale et revêtus de différents matériaux. Les plus anciens, datant des années cinquante, arrivent en fin de vie opérationnelle, avec des pertes importantes le long des sections les plus anciennes, selon des diagnostics antérieurs. De plus, les eaux du barrage contiennent beaucoup de sédiments, en raison de l’érosion importante dans le
bassin versant de la Moulouya, d’ailleurs l’un des plus érodables au
Maroc. Ce qui entraîne un ensablement intense des principaux réservoirs, nécessitant des nettoyages fréquents et des dommages au revêtement lors des vidanges.
L’
irrigation du périmètre est assurée par un
système hydro-agricole composé de canaux principaux, secondaires et tertiaires. Un réseau de collecteurs et de colatures gère également le drainage et protège le périmètre contre les eaux de ruissellement. Ce système est accompagné d’un réseau de pistes agricoles pour la circulation à l’intérieur des secteurs et l’évacuation des cultures. L’étude de modernisation devra aboutir à l’adoption du scénario le plus adéquat pour opérer la modernisation de l’infrastructure d’irrigation. Il s’agira d’opter soit pour une réhabilitation ciblée des infrastructures endommagées, soit pour une modernisation partielle avec une meilleure régulation et gestion de l’eau ou carrément la refonte intégrale avec l’adoption de nouvelles technologies pour optimiser la distribution.
Un diagnostic technique approfondi
Pour répondre à ces défis, l’étude en cours prévoit une analyse complète du réseau grâce à des outils de pointe tels que le scanner 3D et des prospections géophysiques et géotechniques. Des tests de résistance du béton, d’alcali-réaction et d’auscultation sonique seront également menés afin d’évaluer la solidité des infrastructures.
En complément, des consultations avec les acteurs locaux sont prévues pour mieux cerner les contraintes actuelles et les besoins futurs.
Vers une réhabilitation et une modernisation du réseau
Plusieurs scénarios sont envisagés pour améliorer le réseau d’irrigation :
1. Réhabilitation ciblée des infrastructures endommagées.
2. Modernisation partielle avec une meilleure régulation et gestion de l’eau.
3. Refonte complète intégrant de nouvelles technologies pour optimiser la distribution. Cette initiative vise à garantir une irrigation efficace et durable, essentielle à la productivité agricole de la région. Les résultats du diagnostic devraient permettre à l’ORMVAM de mettre en œuvre des solutions adaptées afin de préserver cette ressource vitale pour les agriculteurs.