LE MATIN (avec IA)
13 Janvier 2025
À 10:45
Le
monde du travail évolue à une vitesse inédite. La pandémie de COVID-19 a servi de catalyseur à des transformations déjà en cours, accélérant l’automatisation, la numérisation et la réorganisation des chaînes de production. Ces bouleversements, loin de ralentir, se poursuivent aujourd’hui sous l’effet de nouveaux moteurs.
L’intelligence artificielle, par exemple, bouleverse la manière dont les tâches sont exécutées. Selon le rapport "Future of Jobs 2025" du Forum Économique Mondial, 86 % des entreprises identifient l’IA et les technologies de traitement de l’information comme les tendances les plus transformatrices à l’horizon 2030. Ces outils permettent d’accroître l’efficacité, mais redéfinissent aussi les attentes vis-à-vis des travailleurs. Un simple savoir-faire technique ne suffit plus : il faut comprendre comment ces innovations peuvent être intégrées et les utiliser pour résoudre des problèmes complexes.
À cela s’ajoute l’
urgence climatique, qui redessine les priorités économiques. Les efforts de décarbonation et d’adaptation aux dérèglements climatiques ne sont plus des options, mais des nécessités. Résultat : des métiers comme les ingénieurs en énergies renouvelables ou les spécialistes des véhicules électriques figurent désormais parmi les professions en plus forte croissance. Mais ces transformations, bien qu’elles génèrent des opportunités, placent également les travailleurs devant un défi de taille : 39 % des compétences actuelles seront obsolètes ou devront être réinventées d’ici 2030, selon le rapport.
L’agilité : la boussole d’un monde en mutation
Si les technologies et la transition écologique redéfinissent les contours du travail, c’est l’agilité qui permet de naviguer dans cette complexité. Longtemps perçue comme une qualité abstraite, elle devient une compétence stratégique, recherchée par les entreprises à travers le monde.
Le rapport met en lumière une évolution des attentes : 70 % des employeurs interrogés placent la pensée analytique et critique, ainsi que la résilience, parmi les priorités absolues. Cette quête d’agilité découle d’un constat simple : dans un environnement où tout peut changer en quelques années, voire quelques mois, les organisations ont besoin de collaborateurs capables de s’adapter, d’apprendre et de réinventer leurs rôles.
Mais l’agilité ne s’arrête pas à l’individu. Elle s’étend aux systèmes éducatifs, aux politiques publiques et aux structures organisationnelles. Les entreprises qui ont su intégrer la formation continue dans leurs modèles se démarquent clairement. Par exemple, les géants technologiques comme Microsoft ou Google investissent massivement dans le reskilling de leurs employés, tout comme des plateformes telles que Coursera, qui a vu les inscriptions aux formations sur l’IA augmenter de 50 % en un an.
Les fractures d’un marché du travail globalisé
Cependant, cette transformation est loin d’être homogène. Le rapport Future of Jobs 2025 met en lumière des inégalités criantes qui risquent de creuser encore davantage les écarts entre les pays, les secteurs et les populations.
Dans les économies avancées, l’essor des technologies favorise une adaptation rapide. Aux États-Unis, en Chine ou en Europe, les gouvernements et les entreprises collaborent pour financer des programmes d’apprentissage, facilitant ainsi l’intégration des travailleurs dans des secteurs en expansion. Mais dans les économies en développement, le tableau est tout autre. 27 % des jeunes des pays à faible revenu sont exclus de l’éducation ou de l’emploi, un chiffre alarmant qui limite considérablement leur capacité à s’adapter aux mutations globales.
Ces inégalités ne sont pas uniquement géographiques. Au sein même des entreprises, des fractures apparaissent entre les travailleurs qualifiés, souvent capables de saisir de nouvelles opportunités, et ceux dont les compétences sont devenues obsolètes. Selon le rapport, 40 % des employeurs prévoient de réduire leur personnel dans des secteurs où les compétences ne répondent plus aux besoins. Ce phénomène, bien qu’il reflète une transition nécessaire, souligne l’urgence de mettre en place des politiques inclusives pour éviter une marginalisation croissante.
Construire un avenir du travail inclusif
Face à ces défis, des solutions émergent, portées par une collaboration entre acteurs publics et privés. Le rapport met en avant plusieurs initiatives qui pourraient servir de modèle pour façonner un marché du travail plus équitable.
D’abord, l’investissement dans la formation continue apparaît comme une priorité absolue. 85 % des entreprises interrogées déclarent vouloir prioriser la montée en compétences de leurs employés. Mais ces efforts ne peuvent réussir sans un soutien actif des gouvernements. Des exemples comme l’Allemagne, où des partenariats public-privé permettent de financer des plateformes de formation numérique accessibles à tous, montrent la voie à suivre.
Ensuite, les systèmes éducatifs doivent évoluer pour intégrer l’agilité et la résilience dès le plus jeune âge. Au Maroc, par exemple, les efforts de digitalisation des écoles rurales offrent une lueur d’espoir. Ces initiatives visent à doter les jeunes générations des outils nécessaires pour naviguer dans un environnement complexe et en constante mutation.
Enfin, les transitions sectorielles doivent être soutenues par des politiques adaptées. Dans le domaine de l’énergie, par exemple, des programmes de reconversion ont permis à d’anciens mineurs de charbon de devenir techniciens en énergie solaire. Ce type de transition, bien que coûteux, est essentiel pour garantir une participation équitable à l’économie verte.
L’agilité, un impératif collectif
Alors que nous nous approchons de 2030, il devient évident que le succès des individus, des entreprises et des nations dépendra de leur capacité à embrasser l’incertitude. L’agilité n’est pas une qualité isolée, mais un impératif collectif qui doit être cultivé à tous les niveaux de la société.
Le rapport Future of Jobs 2025 envoie un message clair : les travailleurs qui adoptent une mentalité de formation continue, les entreprises qui soutiennent l’apprentissage et les gouvernements qui investissent dans l’éducation ont toutes les cartes en main pour transformer les défis en opportunités. Dans un monde en mutation, ceux qui sauront s’adapter et se réinventer ne seront pas seulement des survivants, mais les acteurs clés d’une nouvelle ère de prospérité. Pour y parvenir, il faudra une vision audacieuse, une coopération étroite et un engagement sans faille à construire un avenir où chaque individu peut s’épanouir.