Brahim Mokhliss
21 Septembre 2025
À 17:30
Dans l'effervescence de la cité ocre, ils étaient près de 3.000 militants à avoir répondu présents à l'appel du
Rassemblement national des indépendants. Ce samedi 20 septembre 2025, Marrakech a servi de tribune pour un parti qui revendique pleinement le bilan du gouvernement qu’il préside. Lors de cette cinquième escale de «La voie des réalisations»,
Aziz Akhannouch et les membres de son bureau politique ont orchestré un véritable show durant lequel ils ont vanté le bilan «positif» de l’Exécutif tout en répondant, parfois caustiquement, à leurs détracteurs.
Un bilan gouvernemental revendiqué haut et fort
«De Marrakech a démarré la première session de
l'université d'été de la jeunesse du RNI, qui fut un tournant majeur dans le parcours du parti des "Libéraux” et son succès par la suite», a rappelé
Aziz Akhannouch en ouverture de son intervention. Une manière symbolique de souligner l'importance de cette ville dans l'histoire récente de sa formation politique.
Le Chef du gouvernement a par la suite tenu à souligner la singularité de sa démarche par rapport à celle de ses prédécesseurs : «La
rentrée politique actuelle est différente de celle des années passées. Notre parti, Dieu merci, communique de façon permanente avec les citoyens dans le cadre de "
La voie des réalisations” et ce qui l'a précédé, loin de la logique événementielle qui caractérise le travail des ‘"boutiques politiques”».
Cette communication permanente trouve sa justification, a-t-il dit, dans «l'ampleur des réalisations revendiquées». Pour lui, les chiffres parlent d’eux-mêmes, notamment en matière de politique sociale : «4 millions de familles reçoivent le soutien social direct de façon mensuelle, d'une valeur comprise entre 500 et 1.200 dirhams ; 300.000 veuves bénéficient aujourd'hui du soutien social direct, contre seulement 75.000 auparavant, 11 millions de citoyens bénéficient des services du
système AMO».
L'éducation et la santé au cœur des réformes structurelles
Conscient des attentes dans les secteurs de l’éducation et de la santé, le gouvernement Akhannouch en a fait ses priorités absolues. «Auparavant, certains craignaient d'engager des réformes structurelles dans les secteurs de la santé et de l'éducation, compte tenu de l’ampleur des défis. Cependant, le RNI les a placés en tête de ses priorités lors de l'élaboration de son programme électoral», a-t-il souligné.
Les résultats dans l'éducation sont présentés ainsi comme spectaculaires : «Aujourd'hui, des réalisations importantes ont été accomplies dans le secteur de l'éducation : 50% des écoles primaires sont devenues des "Écoles pionnières”, et dès la rentrée scolaire 2027, toutes les écoles primaires seront des écoles de pionnières». La même dynamique s'observe au niveau des collèges, où «un tiers des établissements sont des collèges pionniers, dans la perspective de leur généralisation à la rentrée scolaire 2027». À cette optique, M. Akhannouch a tenu à préciser l'objectif de ce programme ambitieux : «Le programme des écoles et collèges pionniers n'a pas pour but de former l'élite, mais de généraliser une formation de qualité aux élèves de toutes les écoles publiques du Royaume».
Dans le secteur de la santé, les avancées sont également revendiquées. «Au niveau du secteur de la santé, le gouvernement a accompli un grand travail concernant l'élaboration des lois et l'augmentation des budgets», a déclaré le Chef du gouvernement, avant d'ajouter : «Aujourd'hui, Dieu merci, les résultats sont palpables sur le terrain. Il y a un groupe d'hôpitaux universitaires qui seront inaugurés cette année, et d'autres seront inaugurés l'année prochaine, sachant que toutes les régions du Royaume sont concernées».
Al Haouz : un suivi personnel et des résultats concrets
L'un des moments forts de l'intervention de M. Akhannouch a concerné la gestion post-séisme d'Al Haouz. «Le séisme d'Al Haouz est un sujet que je suis personnellement. J'ai présidé 16 réunions à ce sujet, et nous avons fourni une aide financière de 2.500 dirhams à chaque famille sinistrée pendant 17 mois, en application des Directives Royales, afin que ces familles puissent gérer leurs affaires en attendant la reconstruction et la réhabilitation de leurs maisons».
Les chiffres avancés témoignent de l'ampleur des efforts de reconstruction : «Aujourd'hui, la construction de 51.000 maisons endommagées par le séisme d'Al Haouz a été achevée, ainsi que la création de 118 km de routes et 85 km de pistes rurales, en plus de la réhabilitation de 123 km de canaux d'irrigation, sans compter la réhabilitation de 306 nouvelles écoles et 103 centres de santé», s’est-il enorgueilli.
Une offensive tous azimuts contre l'opposition
Si le bilan de l’action gouvernemental était au cœur du discours de M. Akhannouch, la cinquième étape de la tournée «La voie des réalisations» a été une occasion opportune pour son parti de répondre à ses détracteurs. Mohamed Aujjar, membre du bureau politique du RNI, n'a pas mâché ses mots concernant les critiques formulées après la Décision Royale de confier la supervision des élections au ministre de l'Intérieur : «Saâdeddine El Othmani a supervisé les élections législatives de 2021 et pourtant son parti a contesté leur intégrité après les résultats obtenus. Aujourd'hui, le PJD interprète à sa guise la Décision Royale de confier la supervision des élections au ministère de l'Intérieur».
Rachid Talbi Alami a été encore plus direct dans ses attaques, visant notamment le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme : «Quand une personne qui s'est présentée toute sa vie aux élections sans jamais réussir se pose en tuteur de la scène politique... Si j'étais à sa place, je resterais chez moi. Il faut avoir un minimum de scrupules !»
Mustapha Baïtas a également participé à cette offensive en déclarant : «Contrairement aux autres, nous ne nous sommes jamais plaints des crocodiles, ni des démons, ni des éléphants (qui entravent notre action, NDLR)» et d’ajouter : «On ne peut pas contrer les succès du gouvernement avec des lives sur les réseaux sociaux», une allusion claire aux sorties du chef du PJD Abdelilah Benkirane.
Les défis sectoriels : eau, tourisme et grands projets
Face aux défis hydriques de la région, le gouvernement a misé sur des solutions innovantes. M. Akhannouch a rappelé que «dans le cadre de ses efforts visant à faire face au stress hydrique, en application des Directives Royales, le gouvernement a œuvré pour concrétiser la station de dessalement d'eau de mer de Safi, qui est l'un des grands projets de la région de Marrakech-Safi, et c'est un projet ambitieux qui permettra d'approvisionner Marrakech en eau potable avant fin 2026».
Le secteur touristique, pilier économique de la région, connaît une dynamique exceptionnelle. Fatima-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, a révélé des chiffres record : «Le Maroc a accueilli durant les huit premiers mois de cette année plus de 13,5 millions de touristes, comparé à 4 millions de touristes en 2019, année de référence». Les recettes suivent la même courbe : «Le secteur a réalisé des revenus durant les 8 premiers mois de cette année dépassant 67 milliards de dirhams, soit 26 milliards de plus par rapport à la même période de 2019».
Pour accompagner cette croissance, des investissements massifs sont engagés. «Les moyens ont été mobilisés pour réaliser le projet d'extension de l'aéroport Marrakech-Menara, pour accueillir les touristes dans les meilleures conditions», a précisé M. Akhannouch, soulignant que «Marrakech connaît l'existence d'un grand nombre de chantiers, dont le rythme de mise en œuvre devrait s'accélérer avec l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations 2025 et s'intensifier en préparation de l'accueil de la Coupe du monde 2030».
Un dialogue social historique et ses retombées
L'un des chevaux de bataille du gouvernement Akhannouch reste le dialogue social. À cet égard, Mohamed Aujjar a rappelé avec fierté : «Le dernier dialogue social datait du gouvernement de Abbas El Fassi, et après cela nous avons vécu ce que vous savez tous, jusqu'à l'arrivée du gouvernement actuel dirigé par le RNI, qui a mené le dialogue social le plus coûteux et le plus large pour améliorer les conditions de vie des Marocains».
Les investissements consentis sont considérables : «Nous avons consacré 45 milliards de dirhams pour honorer nos engagements dans le dialogue social concernant les augmentations de salaires (1.000 dirhams pour les fonctionnaires, 1.500 dirhams pour les enseignants, 3.000 dirhams pour les enseignants de l'enseignement supérieur, 3.900 dirhams pour les médecins)».
Vers 2026 : entre confiance et défis électoraux
Visiblement, à l'approche des échéances électorales de 2026, le RNI affiche une confiance assumée. Mohamed Aujjar s'est montré catégorique : «Nous occuperons la première place», ajoutant que «quand on se demande quelle est l'alternative, l'alternative sera toujours le RNI dirigé par Aziz Akhannouch, car les Marocains connaissent les efforts que nous avons déployés». Une confiance que nourrit, selon le RNI, la mobilisation des militants. «Hier nous étions à Dakhla, et nous sillonnons tout le Maroc, et partout où nous nous rendons, nous trouvons des rassemblements denses de citoyennes et citoyens, ce qui confirme notre présence de terrain dans la réalité et non dans la réalité virtuelle», a souligné M. Aujjar.
Aziz Akhannouch a conclu sur une note prospective : «Le travail se poursuit jusqu'au dernier jour de mandat du gouvernement, pour construire le Maroc de l'avenir, le Maroc tel que les Marocains le veulent pour leurs enfants, le Maroc que Sa Majesté le Roi veut pour son peuple.»
La cinquième étape de la tournée «La voie des réalisations». de Marrakech aura ainsi été l'occasion pour le RNI d'afficher ses ambitions et sa détermination à poursuivre son action gouvernementale, tout en préparant activement les échéances de 2026. Entre bilan revendiqué et offensive politique, le parti de la «colombe» semble déterminé à capitaliser sur ses réalisations pour convaincre les électeurs de lui renouveler leur confiance.