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Réformes sociales, santé, eau : Aziz Akhannouch fait le point à un an des Législatives

À un an des élections législatives de 2026, Aziz Akhannouch tente de reprendre la main. Lors d’un entretien télévisé diffusé le 10 septembre, le Chef du gouvernement a dressé un bilan qu’il dit «concret et chiffré», vantant ses réformes sociales, la rénovation du système de santé et les grands chantiers hydriques. Mais entre la polémique sur le dessalement de Casablanca, les critiques venues de ses propres alliés et la décision Royale de confier l’organisation du scrutin à l’Intérieur, le chef du RNI se retrouve au centre d’un exercice délicat : convaincre de sa capacité à gouverner jusqu’au bout, tout en préparant l’épreuve électorale.

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«Notre gouvernement est un gouvernement du travail», annonce Aziz Akhannouch d’un ton calme, lors de son passage télévisé de ce 10 septembre sur les chaînes nationales. À ses yeux, les réformes engagées ces quatre dernières années témoignent d’un cap assumé : celui de la transformation sociale à travers des actions concrètes, chiffrées et visibles. Parmi les dossiers mis en avant, le chef du gouvernement insiste sur le programme de soutien social direct, présenté comme l’une des avancées majeures du mandat. «Plus de quatre millions de foyers en bénéficient aujourd’hui, dont plus de cinq millions d’enfants et près de 300.000 veuves», détaille-t-il, avant de préciser que près de 90% des demandes déposées ont été validées. Une performance, selon lui, qui montre que le dispositif est non seulement fonctionnel, mais bien accueilli sur le terrain.

Autre levier d’action revendiqué : l’aide au logement. Quelque 56.000 personnes auraient déjà perçu un soutien de l’État. «Quarante-huit pour cent sont des femmes», note M. Akhannouch, qui voit dans cette statistique une preuve que le programme vise une population vulnérable. Un quart des bénéficiaires sont par ailleurs des Marocains résidant à l’étranger, un segment souvent négligé dans les politiques publiques selon lui. La rentrée scolaire, quant à elle, est décrite comme un succès d’organisation. M. Akhannouch salue la mobilisation des enseignants et des administrations, tout en mettant en lumière l’extension de l’opération «Un million de cartables». « Cette année, plus de 3,2 millions de familles ont reçu une aide directe pour acheter les fournitures scolaires», précise-t-il, estimant que cette mesure contribue à «alléger la pression financière sur les ménages» et à renforcer la justice sociale.
Sur le terrain agricole, les résultats sont jugés encourageants. «Grâce aux pluies printanières et aux efforts de soutien, nous observons une nette amélioration de l’état du cheptel national», affirme-t-il, y voyant le fruit d’une politique ciblée, à la fois conjoncturelle et structurelle. Face au spectre récurrent du stress hydrique, le Chef du gouvernement met en avant les investissements engagés dans les projets hydrauliques. Le dessalement, la réutilisation des eaux usées et l’interconnexion des barrages sont, selon lui, des axes essentiels pour garantir la sécurité hydrique du pays dans les années à venir.



Au fil de ses réponses, M. Akhannouch cherche moins à convaincre qu’à affirmer une continuité : celle d’un État qui agit, dans un climat parfois tendu, mais toujours «avec responsabilité et méthode». «Nous avons promis, nous avons agi», résume-t-il. Reste à savoir si les citoyens, eux, perçoivent ces résultats avec la même clarté.

«Les hôpitaux publics seront meilleurs que ceux du privé»

Sur le dossier de la santé, Aziz Akhannouch n’a pas hésité à faire une promesse forte. «Les hôpitaux publics deviendront meilleurs que ceux du privé», a-t-il lancé, en présentant la réforme comme l’un des piliers de son action gouvernementale. L’objectif, insiste-t-il, est de rendre le service public plus attractif et capable de répondre aux attentes croissantes des citoyens. Pour illustrer cette ambition, le Chef du gouvernement met en avant un chantier d’ampleur : 1.400 centres de santé en cours de réhabilitation, auxquels s’ajoutent de nouveaux investissements dans la construction et la modernisation d’hôpitaux provinciaux, ainsi que la création programmée d’un Centre hospitalier universitaire dans chaque région du pays.
La réforme passe aussi par les ressources humaines. À cet égard, M. Akhannouch a souligné la hausse du nombre d’étudiants en médecine et l’amélioration du ratio professionnels de santé/habitants. Dans le cadre d’une nouvelle gestion territoriale de ces ressources, 1.200 médecins spécialistes seront déployés dans différentes régions, afin de réduire les déséquilibres et d’assurer une couverture plus équitable, promet-t-il, mais sans préciser exactement comment le gouvernement compte s’y prendre dans un secteur miné par les tensions syndicales.

Autre innovation présentée comme une «révolution», la mise en place des groupements sanitaires territoriaux, conçus pour rapprocher l’offre médicale des citoyens. Ces structures doivent permettre à chaque région d’accueillir les patients dans des établissements dotés des équipements et du personnel nécessaires.

La polémique du dessalement de l’eau à Casablanca

Au-delà des réalisations, Aziz Akhannouch a essayé de se défendre face aux accusations de conflit d’intérêts dans le projet de dessalement de l’eau de mer à Casablanca. Le Chef du gouvernement le qualifie de chantier «stratégique, urgent, et vital» pour faire face à une menace structurelle : celle de la pénurie d’eau potable. Selon lui, le retard accumulé dans le lancement de cette station n’est pas technique mais politique. «Cela fait plus de dix ans que ce projet aurait pu être lancé, mais des considérations partisanes ont bloqué sa concrétisation», accuse-t-il, sans nommer précisément les acteurs visés. Il affirme que son gouvernement a, dès son installation, «donné l’impulsion nécessaire» pour sortir ce dossier de l’oubli. Mais la polémique est venue d’ailleurs.
Depuis l’attribution du contrat au consortium en charge de la réalisation, la présence d’Afriquia Gaz, une entreprise appartenant à M. Akhannouch, n’a cessé d’alimenter les soupçons de conflit d’intérêts. Le coût du projet, estimé à 6,5 milliards de dirhams et sa portée stratégique ont suffi à faire émerger des critiques, notamment sur les réseaux sociaux et dans certains cercles politiques. Face à ces accusations, le Chef de l’Exécutif oppose un discours de transparence. «L’appel d’offres a respecté toutes les règles. Il a réuni des entreprises marocaines et internationales, et c’est l’offre la plus compétitive au niveau mondial qui a été retenue», affirme-t-il, martelant que «l’État n’a accordé aucune subvention» à l’opération. Pour lui, les critiques relèvent davantage du «buzz médiatique» que d’une interrogation sérieuse sur la gouvernance du projet.

Cadre électoral : le ministère de l’Intérieur reprend la main

Interrogé sur la décision Royale de confier au ministère de l’Intérieur l’organisation des élections législatives de 2026, y compris la présidence des réunions préparatoires traditionnellement assurée par le Chef du gouvernement, le président du RNI a affiché un enthousiasme plutôt inattendu : «Je suis très heureux que cette responsabilité ait été confiée à M. le ministre de l’Intérieur». Et d’ajouter «Cela garantit une neutralité complète et une transparence totale du processus». Officiellement, l’objectif est de préserver l’équité de la compétition électorale. Officieusement, il s’agit surtout de désamorcer, avant même leur émergence, les soupçons de captation du processus électoral par une majorité donnée. Pour mieux justifier sa position, il convoque le précédent de 2021 : à l’époque, Saâd-Eddine El Othmani, alors chef du gouvernement, avait tenté de présider une réunion préparatoire aux élections. Tentative vaine, dit M. Akhannouch, puisque le processus avait rapidement été repris en main par le ministère de l’Intérieur, seul acteur capable, selon lui, de transcender les intérêts partisans.

Une majorité soudée ?

Au sujet de la coalition gouvernementale, Aziz Akhannouch met en avant l’image d’une majorité soudée, formée par le RNI, le PAM et l’Istiqlal. «Le gouvernement est cohérent et travaille avec sérieux, dans le cadre d’un agenda clair», assure-t-il. Mais il reconnaît aussi que les trois partis ne parlent pas toujours d’une seule voix, surtout à l’approche des législatives de 2026. Ces différences se sont déjà fait entendre. Le PAM a publiquement critiqué les exonérations fiscales décidées pour contenir le prix de la viande, estimant qu’elles n’avaient pas donné les résultats espérés. L’Istiqlal, par la voix de Nizar Baraka, a lui aussi relevé des insuffisances dans l’action gouvernementale, notamment dans certaines régions. Pour M. Akhannouch, ces prises de position relèvent d’une réalité simple : le gouvernement agit dans une logique de réformes et de mise en œuvre, tandis que les partis, eux, doivent aussi composer avec leurs bases militantes et leurs électeurs. «L’existence de divergences d’idées est tout à fait normale», dit-il, en insistant sur la liberté d’expression que doivent conserver les formations politiques. L’essentiel, répète-t-il, reste de maintenir le cap et d’avancer. «Nous n’acceptons pas de perdre du temps et nous continuerons à travailler jusqu’à la dernière minute de notre mandat», martèle-t-il.
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