Menu
Search
Vendredi 05 Décembre 2025
S'abonner
close
Vendredi 05 Décembre 2025
Menu
Search

Action gouvernementale : Mehdi Bensaïd affiche un optimisme à toute épreuve

Au lancement de la rentrée politique 2025 et à près d’un an de la fin du mandat gouvernemental, Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, affiche une confiance à toute épreuve s’agissant de ce qui a été fait et même de ce qui reste à faire. Dans son périmètre d’action, il met en avant un bilan qu’il qualifie de tangible citant au passage des mesures phares visant l’inclusion sociale et l’employabilité des jeunes ou encore la mise en place d’une industrie culturelle nationale. Évoquant la réforme du Conseil national de la presse (CNP), M. Bensaïd a défendu un projet visant à «renforcer le rôle régulateur de l’institution, sans empiéter sur son indépendance». «Nous voulons professionnaliser le secteur, pas l’encadrer politiquement», a-t-il précisé.

No Image
«Il n’y a pas de rentrée pour un ministre. Mais politiquement, oui, c’est un moment important», a déclaré Mehdi Bensaïd, invité le 8 septembre 2025 sur le plateau de L’Info en Face – Spécial Rentrée, diffusé par «Le Matin». Le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication a ainsi donné le ton d’une séquence automnale placée sous le signe de l’évaluation. Alors que le gouvernement s’apprête à présenter la dernière loi de Finances de son mandat, M. Bensaïd évoque une étape décisive : «Il faut d’abord aller voir les Marocains avec le bilan qui a été mis en œuvre». Moins un point d’étape qu’un pré-bilan de fin de mandat, ce moment politique sert, selon lui, à «mesurer ce que nous avons réalisé depuis 2021, ce qui reste à faire et ce qui n’a pas pu être mené à bien».

Indicateurs macroéconomiques et perception sociale

«Il y a eu une croissance, de la création d’emplois, une baisse du chômage et le secteur agricole se porte mieux», a affirmé Mehdi Bensaïd en citant plusieurs indicateurs macroéconomiques jugés encourageants. S’appuyant sur les données du HCP et de Bank Al-Maghrib, il a notamment évoqué une progression du PIB de 3,2 % sur l’année écoulée et une baisse du chômage national à 11,2 %, tout en soulignant la reprise progressive de l’activité agricole après deux années de sécheresse. Mais à ces signaux positifs, le ministre a immédiatement opposé une réalité plus nuancée : «Le citoyen ne ressent pas toujours ces chiffres dans son quotidien.»

Interpellé sur les effets de la crise sur la classe moyenne, il a reconnu que «près de 60 % de cette catégorie a été paupérisée», évoquant un glissement social vers la précarité accentué par les chocs successifs : crise sanitaire, guerre en Ukraine, inflation, perturbations logistiques et hausse des prix de l’énergie. «On ne peut pas ignorer cette réalité. C’est une conséquence directe de la conjoncture mondiale», a-t-il affirmé, tout en défendant la gestion gouvernementale. «Nous avons évité le pire grâce à des mécanismes de soutien comme le ciblage social ou le plafonnement des prix.»

Politiques publiques en faveur de la jeunesse

Face aux attentes croissantes de la jeunesse marocaine, Mehdi Bensaïd a défendu une série de mesures mises en œuvre depuis 2021 pour renforcer l’inclusion sociale, l’accès aux droits et l’employabilité des jeunes. «L’objectif, c’est de faciliter l’accès à un certain nombre de services essentiels : santé, transport, culture, sport», a-t-il expliqué, en présentant le dispositif phare de son ministère : le Pass Jeunes. Mis en place à l’échelle nationale, ce pass permet, selon lui, de «réduire la pression sur les budgets familiaux et créer des opportunités nouvelles pour les jeunes».

Parallèlement, le ministre a insisté sur la revitalisation du réseau des structures d’accueil : près de 100 maisons de jeunes ont été rénovées ou rééquipées, selon les données du ministère, en plus du soutien renforcé aux colonies de vacances et aux foyers féminins. Ces espaces, a-t-il insisté, «doivent redevenir des lieux de formation, d’échange et de repérage des talents». Concernant la formation, M. Bensaïd a évoqué les partenariats noués avec l’OFPPT et d’autres institutions pour proposer des modules complémentaires, notamment dans les domaines du numérique, de l’audiovisuel et de l’entrepreneuriat. «Il faut former en fonction des besoins réels du marché, et non plus en fonction d’un modèle figé», a-t-il relevé.
Enfin, le ministre a mis en avant un chantier stratégique : la structuration d’un écosystème économique autour des industries culturelles, en particulier le secteur du gaming. Il a mentionné plusieurs projets soutenus par son département, avec des financements allant jusqu’à 10 millions de dirhams et un potentiel, selon lui, de «création d’emplois directs et indirects, à l’échelle nationale et internationale».

Inégalités sociales et territoriales

Sur les inégalités, Mehdi Bensaïd a reconnu que des efforts supplémentaires étaient nécessaires. Il a décrit le déséquilibre territorial comme une problématique historique, dont le traitement requiert la continuité des politiques publiques sur plusieurs mandats successifs. Il a ainsi déclaré que la régionalisation avancée, lancée en 2009, constituait un cadre pertinent mais encore insuffisamment mis en œuvre. Le ministre a cité l’exemple de quatre régions dirigées par le Parti authenticité et modernité (PAM) où des progrès ont été constatés dans les infrastructures, l’éducation et la santé. Il a toutefois estimé que la responsabilité de réduire les inégalités incombait à l’ensemble des acteurs : gouvernement, régions, communes et secteur privé.

Communication institutionnelle et liberté de la presse

Interrogé sur la réforme du Conseil national de la presse (CNP), Mehdi Bensaïd a défendu un projet visant à «renforcer le rôle régulateur de l’institution, sans empiéter sur son indépendance». Selon lui, la nouvelle architecture législative accorde au CNP des prérogatives élargies en matière de formation continue, de soutien aux médias régionaux et de veille déontologique. «Nous voulons professionnaliser le secteur, pas l’encadrer politiquement», a-t-il précisé, tout en affirmant qu’aucun cas d’ingérence directe de son ministère n’a été signalé depuis le début du mandat. Il a rappelé que le paysage médiatique était confronté à des mutations rapides liées à la montée des contenus numériques, souvent non encadrés, notamment sur les plateformes sociales. Dans ce contexte, le ministre a évoqué le projet de loi relatif à la régulation des réseaux sociaux, élaboré en concertation avec plusieurs départements ministériels. L’objectif affiché : «protéger les mineurs, limiter les discours de haine, tout en respectant la liberté d’expression et les droits fondamentaux». Aucune date de présentation du texte n’a encore été communiquée.

Stratégie électorale : le PAM dans la majorité, mais en ordre de marche

Sur le volet politique, Mehdi Bensaïd a rappelé que le Parti authenticité et modernité, auquel il appartient, préparait activement les élections générales prévues en 2026. «Comme tout parti de gouvernement, nous avons vocation à nous présenter avec notre programme et notre propre bilan», a-t-il souligné. Il a indiqué que les travaux internes au PAM portaient à la fois sur la consolidation du socle programmatique et sur le renforcement du maillage territorial, dans un objectif de mobilisation élargie.
Interrogé sur les tensions signalées au sein de la majorité, entre le PAM, le RNI et l’Istiqlal, le ministre a relativisé : «Il peut y avoir des différences sur l’approche, mais la concertation se poursuit et la cohésion de l’Exécutif n’est pas remise en cause.» In fine, il a insisté sur la nécessité d’impliquer davantage les citoyens dans la vie démocratique. «Le taux de participation ne relève pas uniquement de la responsabilité des électeurs. C’est aux partis, à nous, de convaincre, de proposer, d’expliquer.» Le message s’adresse autant à l’électorat qu’aux alliés politiques.
Lisez nos e-Papers