Brahim Mokhliss
20 Décembre 2024
À 17:05
Ifrane, haut lieu de l'histoire du
Mouvement populaire, accueille en ce samedi 21 décembre un événement majeur pour ce parti d'opposition : la quatrième session de son
conseil national. Placée sous le signe du partenariat «dans la société» et «au service de la nation», cette rencontre intervient alors que l'année 2024, fertile en développements notables, s'achève. Un timing qui n'est pas anodin selon les cadres de la formation politique, qui évoquent un contexte «exceptionnel» tant au niveau national qu'à l'échelle régionale et internationale.
L'heure du rassemblement a sonné
Premier fait marquant annoncé : l'officialisation de l'ouverture du parti à de nouveaux venus issus d'autres horizons politiques. «Préparez-vous à une grande surprise qui sera annoncée lors de ce meeting», promet
Mohamed Ouzzine, secrétaire général du Mouvement populaire, dans une déclaration à notre journal la veille du conseil national. L'objectif affiché est de lutter contre l'émiettement actuel du paysage partisan marocain. «Certaines formations politiques pourraient nous rejoindre, ainsi que des partisans provenant d'autres partis», précise-t-il, inscrivant cette démarche dans l'esprit de
«l'Alternative harakie» (Al Badil Al Haraki) prônant unité et renouveau.
Le secrétaire général évoque également la diffusion de «messages d'Ifrane» lors de ce Conseil national, afin de «discuter de ces sujets et de dénoncer l'échec politique qui marque actuellement le paysage national». «Nous préférons faire un plaidoyer auprès des citoyens dans ce sens et ne pas attaquer les personnes, même si nous sommes dans l'opposition», souligne-t-il. Mohamed Ouzzine revient par ailleurs sur l'initiative «Al Badil Al Haraki» lancée il y a quelques mois pour lutter contre la cherté de la vie, composée de 30 mesures à court, moyen et long termes. «Nous allons donc enclencher cette Alternative et préparer une plateforme politique qui sera prête en 2025», annonce-t-il, évoquant aussi la relance d'une «coalition de jeunesse» qui s'ouvrira à d'autres organisations en dehors du parti.
Des sources au sein du parti rapportent aussi que cette dynamique d'ouverture se traduira notamment par l'examen, lors de ce conseil national, de la demande d'adhésion du Rassemblement démocratique marocain de
Zouheir Asdour. Par ailleurs, la relance d'une «coalition de jeunesse» au-delà du seul périmètre partisan est également à l'ordre du jour. Autant d'initiatives visant à créer une large plateforme politique en vue des prochaines échéances électorales.
Des «messages d'Ifrane» pour dénoncer «l'échec politique»
Au-delà du volet organisationnel, ce rendez-vous sera aussi l'occasion pour le Mouvement populaire de diffuser ce que Mohamed Ouzzine appelle les «messages d'Ifrane». Objectif : mettre en lumière et dénoncer ce que le parti considère comme «l’émiettement politique qui marque actuellement le paysage national», tout en évitant les attaques ad hominem. «Nous préférons faire un plaidoyer auprès des citoyens dans ce sens et ne pas attaquer les personnes, même si nous sommes dans l'opposition», souligne le secrétaire général.
Une position réaffirmée par des responsables du conseil national, pour qui le choix du slogan «Partenaires dans la société, partenaires au service de la nation» constitue un message sans équivoque à l'adresse des formations de la majorité gouvernementale. Celles-ci sont accusées de profiter de leur supériorité numérique pour accaparer tous les leviers de la gestion publique. «Bien qu'en opposition, le Mouvement populaire se considère comme un partenaire essentiel, tant dans la société que dans le service de la nation», martèlent ces mêmes sources.
Le gouvernement dans le viseur
Au chapitre des critiques, l'Exécutif actuel est particulièrement ciblé. Lors de cette session, un rapport politique qui sera dressé par le secrétaire général détaillera les «inquiétudes économiques et sociales croissantes» et pointera «l'incapacité du gouvernement à tenir ses promesses en matière de croissance, d'emploi, de lutte contre la cherté de la vie et de gestion des défis économiques et sociaux». La déception suscitée par le budget 2025, jugé en deçà des attentes, sera également au centre des débats. Pour les responsables du parti, ce projet de loi de Finances illustre parfaitement les limites de l'action gouvernementale. Un constat sévère qui constituera une rampe de lancement pour l'opposition harakie dans la perspective des prochains scrutins.
2026 en ligne de mire
Car c'est bien la préparation des élections prévues en 2026 qui constituera le fil rouge de cette rencontre. Selon des sources au sein du conseil national, «cette session constitue une étape cruciale pour affirmer la place du Mouvement populaire et intensifier ses activités en opposition, mobilisant toutes ses institutions, ses cadres et ses militants en vue des défis électoraux de 2026». L'ambition affichée est claire : s'imposer comme «l'alternative harakie» face aux formations actuellement aux commandes. Pour ce faire, plusieurs chantiers seront lancés lors de cette session, à commencer par une refonte des statuts du parti. Des propositions de modifications seront ainsi présentées et discutées par les membres du conseil. Dans le même temps, le renouvellement de certaines structures sera également à l'ordre du jour avec l'élection des membres des commissions permanentes.
Une journée marathon au «Parlement de l'Épi»
Cette journée chargée pour le «Parlement» du Mouvement populaire, qui se tient à Ifrane, sera marquée par un programme avec de nombreux points à l'ordre du jour, notamment des allocutions des principaux dirigeants (président du conseil national, président du parti, secrétaire général), présentation du rapport politique, interventions des présidents des groupes harakis au Parlement, examen du rapport financier, étude des modifications statutaires et élections internes. La clôture des travaux sera marquée par la publication d'un communiqué final.
Ainsi, près de trois décennies après la tenue de son congrès constitutif dans cette même ville d'Ifrane, le Mouvement populaire entend donc écrire une nouvelle page de son histoire lors de cette session de son conseil national. Avec en ligne de mire un objectif assumé : se positionner en alternative dans la perspective des échéances de 2026. Une ambition qui passera par un travail d'opposition acharné durant les deux années à venir. Les dirigeants assurent être prêts à relever le défi.