Nation

Révision du Code de la famille : l’UGTM et l’UNMT plutôt conservatrices, la CDT adopte une vision progressiste

Depuis l’annonce par le Souverain de la nécessité de la révision du Code de la famille, l’espace public, en particulier à l’occasion de la Journée de la femme célébrée le 10 octobre, est le témoin d’un débat intense impliquant partis politiques, ONG, juristes et oulémas. Les syndicats qui ne veulent pas rester à l’écart de cette dynamique sociétale tiennent à exprimer leurs positions sur la question. À cet égard, des organisations syndicales comme l’UGTM ou l’UNTM se sont montrées intransigeantes sur l’importance cruciale de préserver les fondements religieux et de respecter les spécificités culturelles du Royaume.

13 Octobre 2023 À 12:30

Your browser doesn't support HTML5 audio

Le 10 octobre de chaque année, le Maroc célèbre la Journée de la femme, un moment propice pour les acteurs politiques et syndicaux d’exprimer leurs points de vue sur la réforme en cours du Code de la famille. Les acteurs politiques ont de multiples tribunes pour partager leurs positions sur cette question, mais les syndicats, soucieux de faire entendre leur voix, tiennent à prendre part au débat.

Révision du code de la famille : les syndicats tiennent à avoir voix au chapitre

Ainsi, plusieurs syndicats ont fait part de leurs convictions et leurs visions de la réforme par le biais de leurs sections féminines. C’est notamment le cas de l’UNTM (Union nationale du travail au Maroc), qui s’est prononcée contre toute réforme du Code de la famille qui ne respecterait pas les valeurs islamiques authentiques du Royaume. Cette position a été défendue au sein de la «Commission centrale de l’action féminine», une structure affiliée au syndicat.

«Il est primordial de souligner que toute modification apportée au Code de la famille doit être en parfaite cohérence avec les valeurs islamiques sur lesquelles repose l’État marocain. De plus, il est impératif de prendre en compte les réalités sociales et économiques auxquelles sont confrontées la majorité des familles marocaines. Il convient d’encourager la coopération et la solidarité plutôt que de favoriser les conflits et les désaccords», déclare le syndicat dans un communiqué publié le lundi 10 octobre à l’issue d’une réunion de la «Commission centrale de l’action féminine», en présence du secrétaire général de l’UNTM, Mohamed Zouiten.

Préserver les valeurs religieuses : l’UGTM prend position

De leur côté, des dirigeants de l’UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) tracent des limites claires à ne pas dépasser lors de la réforme en cours du statut de la famille. Une position défendue avec grande conviction par une figure emblématique de l’UGTM, Khadija Zoumi, membre du bureau exécutif et également présidente de la section féminine «Maraa istiqlaliya» du Parti de l’Istiqlal. Selon elle, certaines questions relatives au statut de la famille, basées sur des références religieuses établies par la charia (loi islamique), ne peuvent être sujettes à discussion, comme l’exemple classique de la question de l’héritage. Néanmoins, elle estime qu’il est possible de réviser des questions telles que le taâsib, qui ne sont pas fondées sur des textes tranchés.

En outre, elle souligne que la réforme doit se concentrer sur des sujets cruciaux, comme la protection des enfants en cas de divorce, la correction des dysfonctionnements révélés par la pratique et les dispositions incohérentes. Elle évoque des sujets liés à la garde des enfants et à la tutelle, entre autres. Dans l’ensemble, elle estime que l’intérêt et l’équilibre de la famille doivent être préservés, conformément à ce que Sa Majesté le Roi a exprimé dans Son Discours du Trône pour l’année 2022 : «À cet égard, nous nous attachons à ce que cet élan réformateur soit mené en parfaite concordance avec les desseins ultimes de la Loi islamique (charia) et les spécificités de la société marocaine. Nous veillons aussi à ce qu’il soit empreint de modération, d’ouverture d’esprit dans l’interprétation des textes, de volonté de concertation et de dialogue, et qu’il puisse compter sur le concours de l’ensemble des institutions et des acteurs concernés», rappelle Khadija Zoumi. En ce sens, elle exprime son étonnement quant aux positions de certaines ONG qui appellent à des réformes contraires aux préceptes religieux, alors qu’elles n’ont aucune légitimité représentative et n’ont pas de base conséquente d’adhérents.

La position de la CDT s’aligne sur les ONG féminines

La CDT (Confédération démocratique du travail) a exprimé, de son côté, sa position avant la Journée nationale de la femme. Le syndicat a signé une charte avec l’association Jossour, membre de la «Coordination féminine pour un changement global et profond du statut de la famille». Ce collectif associatif regroupe plusieurs ONG féminines et d’autres organisations militant pour une réforme du statut de la famille. Parmi leurs revendications, on trouve un appel à l’égalité, y compris en matière d’héritage, notamment la suppression du principe du taâsib... Une position somme toute logique, compte tenu des accointances de ce syndicat avec les partis historiques de la gauche, connus pour leur conception progressiste des droits des femmes.
Copyright Groupe le Matin © 2025