Yousra Amrani
21 Octobre 2025
À 17:26
Face aux inquiétudes persistantes sur la montée du
chômage, le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences,
Younes Sekkouri, a présenté lundi dernier, lors de la séance des questions orales à la
Chambre des représentants, un aperçu actualisé de la situation de l’
emploi au
Maroc, relevant que le taux de chômage est passé de 13 à 12,8% selon les dernières données du
Haut-Commissariat au Plan. Une évolution modeste, mais qui traduit, selon lui, les premiers effets des politiques publiques engagées pour stimuler la création d’emplois et soutenir les jeunes actifs. «Le gouvernement n’est pas satisfait de ce niveau, mais la baisse reste un indicateur positif», a-t-il souligné.
Une création nette de 350.000 emplois, mais un recul agricole préoccupant
Le ministre a expliqué que cette amélioration relative s’explique principalement par la création de 350.000 emplois au cours du dernier trimestre, contre la perte de 70.000 postes dans le secteur agricole, affecté par les conditions climatiques, rappelant dans le même sens que le gouvernement avait généré environ 600.000 emplois depuis le début de la législature, tout en admettant que certains secteurs continuaient de subir des pertes structurelles.
L’insertion des jeunes au cœur de la stratégie gouvernementale
Par ailleurs, Younes Sekkouri a mis en avant la volonté du gouvernement d’intégrer près de 350.000 jeunes dans le cadre du plan national pour l’emploi, tout en œuvrant à la régularisation des nouvelles formes de travail, notamment celles liées aux plateformes de livraison. «Nous travaillons avec les syndicats à la révision du Code du travail pour encadrer ces nouvelles activités et protéger les droits des travailleurs», a-t-il indiqué. Le ministre a également mis l’accent sur le programme de parcours d’insertion professionnelle, destiné aux jeunes sans diplômes. «Ce programme est essentiel, car il offre une première expérience aux jeunes éloignés du marché du travail. Ces jeunes ne disposent pas de diplômes. Donc, ils n’ont souvent ni espoir d’intégrer le marché du travail, ni les moyens financiers de suivre une formation. Ce programme leur offre ainsi une formation avec une indemnité journalière de 50 dirhams», a-t-il précisé.
Des chiffres en progression, mais des défis persistants
Abordant l’implémentation de ce programme, le ministre a indiqué que durant les mois d’août et septembre, près de 19.000 entreprises ont été contactées, permettant la création de 29.000 postes dans différents secteurs, sachant que l’objectif global est d’atteindre 350.000 jeunes accompagnés dans le cadre des programmes d’insertion. Notons que pour encourager les entreprises à maintenir ces recrutements, le gouvernement a prévu des incitations fiscales allant jusqu’à 35.000 dirhams par salarié embauché, une mesure censée stimuler la confiance et l’investissement dans le capital humain.
Vers une réforme du Code du travail
En effet, estimant que la réponse au chômage doit être durable, Younes Sekkouri a souligné qu’outre la mise en place de nouveaux programmes, il était devenu nécessaire de réviser le Code du travail, un chantier inscrit dans le cadre du dialogue social en cours avec les centrales syndicales. Il a annoncé dans ce sens l’ouverture d’un dialogue national sur les nouvelles formes d’emploi, notamment celles du secteur de la livraison, afin de mettre fin à «l’anarchie qui prévaut encore dans certains métiers où les droits des jeunes ne sont pas garantis».
Soutenir les PME et structurer l’économie informelle
Sur un autre registre et abordant le soutien aux petites et moyennes entreprises, le ministre a évoqué la mobilisation de 2 milliards de dirhams en faveur des PME, tout en regrettant que certaines institutions continuent de refuser d’accorder des crédits à ces entreprises, malgré les garanties présentées.
Les Cités des métiers et des compétences : un projet Royal en déploiement
Revenant sur le programme des Cités des métiers et des compétences (CMC), Younes Sekkouri a insisté sur son caractère structurant, rappelant dans ce sens que cette feuille de route, lancée en 2019, comprend 12 cités réparties sur l’ensemble du territoire, sachant que trois cités étaient déjà opérationnelles depuis 2022 dans le Souss, à Nador (Oriental) et à Laâyoune, alors que trois autres étaient en cours de déploiement à Rabat-Témara, Casablanca, Beni Mellal et Tanger. En outre, note le ministre, de nouvelles cités ouvriront prochainement à Dakhla, Marrakech et Tiznit, avant la mise en service complète des deux dernières d’ici 2026-2027. Le ministre a précisé dans le même sens que 70% des infrastructures étaient déjà achevées, grâce à un effort budgétaire supplémentaire d’un milliard de dirhams pour compenser la hausse des coûts.
Un chantier d’envergure pour la jeunesse marocaine
M. Sekkouri a conclu en affirmant que ces projets traduisaient une vision claire pour renforcer la formation professionnelle et préparer la jeunesse aux besoins du marché du travail. «Les Cités des métiers et des compétences sont une réalité concrète, issue d’une volonté Royale forte. Ce ne sont pas des slogans, mais des projets structurants pour l’avenir des jeunes Marocains», a-t-il insisté. Néanmoins, il faut dire que malgré l’engagement du ministre et les progrès annoncés, la réussite de cette stratégie dépendra de la capacité du gouvernement à stabiliser les emplois créés, réduire la précarité et adapter la législation du travail aux mutations du marché.