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Facultés de médecine : les étudiants persistent, la crise se poursuit

Les étudiants des différentes Facultés de médecine ont rejeté, jeudi via un vote, les termes d’une deuxième proposition de médiation menée par l’Institution du médiateur du Royaume. Dès lors, le boycott des cours, des stages et des examens se poursuivra en attendant des lendemains meilleurs. La fin de la crise des Facultés de médecine n’est visiblement pas pour bientôt. Le scénario de l’année blanche est bel et bien là, même s’il n’est pas décrété officiellement, alertent les observateurs.

11 Octobre 2024 À 17:20

Décidément, c’est le retour à la case de départ. Après trois semaines d’attente, l’initiative de l’Institution du médiateur du Royaume visant à trouver une solution à la crise qui paralyse depuis plusieurs mois les Facultés de médecine et de médecine dentaire s’est avérée infructueuse.



En effet, la nouvelle proposition formulée par le ministère de l’Enseignement supérieur dans le cadre de cette médiation vient d’être rejetée jeudi par les étudiants en médecine et médecine dentaire. «La nouvelle proposition a été soumise au vote des étudiants de toutes les Facultés de médecine du Maroc dans la soirée du mercredi et cette opération n’a pris fin que tard dans la soirée du jeudi. Le vote s’est déroulé à l’échelle nationale à travers des bulletins unifiés, sous la supervision des représentants étudiants de chaque Faculté. Trois points étaient en jeu : la proposition du gouvernement, la rentrée universitaire à venir, ainsi que la priorisation des questions en suspens», nous confie une source au sein de la Commission nationale des étudiants en médecine et médecine dentaire.

Dans le détail, on apprend que 86% des étudiants ayant pris part au vote ont rejeté l’offre gouvernementale, estimant que cette dernière ne répondait pas à plusieurs de leurs revendications, alors que 81,4% ont jugé la proposition gouvernementale «insuffisante» et «ne répondant pas à leurs attentes concernant les points en suspens». Les étudiants disent même avoir constaté plusieurs reculs sur des points qui avaient fait l’objet précédemment d’un compromis. S’agissant de la reprise des cours, 86,9% des étudiants se sont prononcés en faveur de la poursuite de leur mouvement de protestation et la poursuite du boycott de la formation, en l’absence de réponses favorables aux revendications, notamment celle relative à la question de la rentrée universitaire.

«Nous avons constaté l’absence d’une vision claire concernant certains points, ainsi que le manque de dialogue avec des représentants du ministère de la Santé et de la protection sociale, qui est un secteur de tutelle et un acteur concerné au premier chef par ce dossier. De plus, la commission a noté l’imprécision et le flou concernant la discussion des détails techniques liés à la formation. La proposition n’a par ailleurs pas abordé certaines avancées que les deux ministères et le gouvernement avaient précédemment exprimé la volonté de mettre en œuvre. Ces avancées devaient pourtant contribuer directement à améliorer les conditions de formation des médecins de demain», déplore la même source.

Les étudiants pour une implication plus forte du ministère de la Santé

Dans une correspondance adressée à l’Institution du médiateur du Royaume, la Commission nationale des étudiants en médecine et médecine dentaire a sollicité l’implication des responsables du ministère de la Santé et de la protection sociale dans le dialogue, insistant sur le fait que ce département était une partie prenante appelée à jouer un rôle essentiel dans le traitement de certains axes de ce dossier. Elle a également plaidé pour la prolongation du délai de médiation initialement prévu, afin de permettre un examen approfondi des points de discorde.

Pour rappel, le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, a récemment présenté une nouvelle proposition gouvernementale via le médiateur du Royaume, dans le but de débloquer la crise dans les Facultés de médecine. Mais selon les étudiants, cette initiative n’a pas apporté de nouveautés significatives, puisque le ministre tient mordicus à sa position concernant la réduction de la durée des études de sept à six ans, avec l’ajout d’une année facultative de stage.

Concernant les 66 étudiants suspendus, le ministre n’a pas levé les sanctions, se contentant de suggérer que leurs noms pourraient être mentionnés dans le procès-verbal qui serait signé avec l’Institution du médiateur. Enfin, le ministre a proposé l’organisation d’une seule session d’examen avant la fin du mois de décembre. Les positions des uns et des autres restent donc inconciliables. Le spectre de l’année blanche qui se précise de plus en plus complique la donne avec l’arrivée des nouveaux étudiants qui ont intégré leurs Facultés dans un climat malsain. L’avenir de la formation médicale est sur le fil du rasoir.

La crise des grèves dans les Facultés de médecine et de pharmacie a éclaté fin 2023 suite au désaccord entre le gouvernement et les étudiants au sujet des revendications de ces derniers. Ces revendications s’articulent grosso modo autour de la nécessité d’apporter des améliorations significatives dans les conditions de formation théoriques et pratiques, la nécessité d’une réforme du troisième cycle qui tarde à être mise en œuvre depuis 2015 et l’amélioration de l’environnement des stages. Les revendications portent également sur le maintien de la septième année d’exercice pour tous les étudiants inscrits depuis l’année dernière aux différentes Facultés et d’opérer la réforme du cycle normal des études à partir de cette rentrée universitaire, tout en révisant les programmes de formation afin que le volume des stages et de la formation soit intégré tout au long du cursus universitaire.
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