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Grève des étudiants en médecine : la crise risque-t-elle de faire tache d’huile ?

Les étudiants en médecine et médecine dentaire ne décolèrent pas. Nonobstant les mesures prises pour freiner leur mouvement de protestation, ils tiennent mordicus à leurs revendications et annoncent même un sit-in national le 15 octobre prochain devant le siège du Parlement. Dans ce contexte extrêmement tendu, l’arrestation jeudi dernier de 27 étudiants, médecins internes et résidents exacerbe davantage la crise, qui risque de se corser encore plus et de durer plus longtemps. Des organisations estudiantines ont en effet fait part leur solidarité avec la cause des futurs médecins tout en exprimant leur entière disposition à rejoindre le mouvement de contestation. Avec l’engagement des poursuites judiciaires, il est clair que la fin de ce bras de fer sans précédent n’est pas pour demain. La bataille risque de faire tache d’huile au grand dam des quelque 24.000 étudiants qui boycottent stages, cours et examens depuis plus de 9 mois.

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S’achemine-t-on vers une crise estudiantine nationale à large spectre ? Certes, il est encore tôt pour l’affirmer, mais au vu de l’évolution de la grève des étudiants en médecine, un tel scénario est à craindre. Car les futurs médecins, engagé dans un bras de fer sans précédent avec le gouvernement depuis plusieurs mois, parviennent progressivement à gagner la solidarité des étudiants des autres universités, notamment à la suite de l’arrestation de 27 individus – dont des étudiants, internes et résidents – sur fond de leur participation jeudi dernier à une manifestation de protestation à Rabat. Une manifestation qui a fait suite à un appel lancé par la Commission nationale des étudiants en médecine, pour la tenue de sit-in massifs simultanément à Rabat, Casablanca et Tanger, en réaction à l’intervention «musclée» des forces de l’ordre survenue mercredi dernier.

Bien que les 27 étudiants soient poursuivis en état de liberté provisoire, après leur comparution vendredi matin devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Rabat, cette démarche judiciaire risque d’aggraver l’incompréhension et de créer un climat propice à l’escalade. Car les «prévenus» encourent des peines sévères pouvant aller jusqu’à trois années de prison, en raison des chefs d’accusation portés à leur encontre et qui comprennent rassemblement non autorisé, insubordination et non-respect des ordres des autorités.



«Nous sommes indignés par la réaction des autorités et leur recours à la force pour contraindre les étudiants à céder. Cette approche ne fera que renforcer notre détermination à défendre nos revendications jusqu’au bout. Nous annonçons donc un sit-in massif prévu le 15 octobre prochain devant le Parlement, qui rassemblera toutes les organisations syndicales étudiantes du Maroc», a déclaré une source proche du dossier souhaitant garder l’anonymat.

Avec l’engagement des poursuites judiciaires, il est clair que la crise des Facultés de médecine a franchi un nouveau palier et risque même de se propager plus rapidement. En effet, la Coordination nationale des étudiants ingénieurs a manifesté son entière solidarité avec les futurs médecins et a affirmé sa «pleine disposition» à participer à toutes les actions de protestation organisées par la Commission nationale des étudiants en médecine et pharmacie.

Solidarité des étudiants ingénieurs

Dans un communiqué publié au lendemain des arrestations, ladite Coordination a appelé «toutes les écoles et instituts nationaux de formation en ingénierie publics affiliés à entreprendre des actions de solidarité avec les étudiants en médecine, conformément au programme qui sera annoncé ultérieurement». Elle a également exhorté tous les étudiants ingénieurs à «s’engager sérieusement et activement dans les actions de protestation qui seront annoncées».

L’organisation a par ailleurs déploré «la manière avec laquelle les autorités ont géré ce dossier et le mépris qu’elles ont affiché pour l’ensemble des revendications légitimes des étudiants en médecine», affirmant que l’approche gouvernementale avait conduit à «une crise nationale dans un pays qui s’apprête à accueillir plusieurs événements mondiaux». Les «étudiants ingénieurs» ont ainsi tenu le gouvernement marocain pour responsable de la situation actuelle et ont appelé les autorités concernées à «privilégier l’intérêt national et à considérer sérieusement d’autres formes de médiation pour parvenir à une solution définitive à une crise qui perdure depuis plusieurs mois».

L’Union nationale des étudiants du Maroc solidaires des futurs médecins

De son côté, le secrétariat national de l’Union nationale des étudiants du Maroc a annoncé sa disposition à mener des actions de protestation «pour protéger l’université et défendre les droits des étudiants», exprimant son «soutien inconditionnel» à la lutte des étudiants en médecine. L’Organisation estudiantine a par ailleurs appelé l’État à «intervenir d’urgence» pour résoudre cette crise et à répondre rapidement aux «revendications légitimes des étudiants». Elle a en outre exhorté les ministères concernés à «faire preuve de bon sens et à œuvrer pour identifier des solutions équitables et réalistes pour permettre aux étudiants de reprendre leurs études et mettre fin à cette crise», tout en appelant les composantes de l’université et de la société à «assumer pleinement leur responsabilité dans la défense des étudiants en médecine et à exercer toutes les pressions légitimes pour permettre à ces étudiants d’obtenir leurs droits».

Pour sa part, la Coordination nationale des étudiants des écoles nationales des sciences appliquées a fermement condamné les «interventions violentes et injustifiées» des forces de l’ordre à l’encontre d’étudiants qui exprimaient pacifiquement leurs revendications. Elle a affirmé que «la violence exercée contre les étudiants constitue une violation flagrante de leur droit à manifester et à s’exprimer librement».

La Coordination a estimé par ailleurs que la crise actuelle affectant les étudiants en médecine et pharmacie «engage l’ensemble de la société en général, et les étudiants de tous horizons en particulier», estimant que l’éducation reste la pierre angulaire de tout progrès et développement. L’organisation a ainsi appelé à la solidarité et à l’unité de tous les étudiants au Maroc pour faire face aux défis qui menacent l’avenir de l’enseignement, exprimant son «soutien indéfectible aux étudiants des Facultés de médecine et de pharmacie dans leur lutte pour un enseignement de qualité».

Les médecins interne et résidents appellent à l’unité

Il convient de souligner que la Commission nationale des médecins internes et résidents a entamé une grève nationale préventive depuis vendredi dernier au niveau de tous les hôpitaux et Centres hospitaliers universitaires, à l’exception des services d’urgences et des services de soins intensifs, grève qui se poursuivra jusqu’au 1er octobre, en guise protestation contre l’arrestation de leurs collègues internes, résidents et étudiants. Dans son communiqué publié vendredi dernier, la Commission, qui a fait part de sa stupéfaction du recours à de tels méthodes, a appelé enfin tous les médecins internes et résidents à se mobiliser autour des bureaux locaux de la Commission et de participer aux assemblées générales qui se dérouleront dans diverses villes, afin de réaffirmer leur unité et leur détermination à mener ce combat jusqu’au bout.

Le règlement de la crise des étudiants en médecine n’est donc visiblement pas pour demain. Et comme en pareils cas, l’opportunisme politique peut jouer un rôle négatif. Si les formations politiques de la majorité demeurent jusqu’à présent prudentes pour des raisons de solidarité gouvernementale, celles de l’opposition affûtent déjà leurs armes. C’est le cas du Parti de la justice et du développement, dont la Jeunesse a exprimé son soutien aux étudiants en médecine, tenant le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, pour responsable de l’escalade de la situation et exigeant des réponses rapides aux revendications des étudiants. En parallèle, un collectif d’avocats a exprimé également sa solidarité avec les futurs médecins. Dans ce sens, près de 25 avocats se sont portés volontaires pour défendre les étudiants lors de leur comparution vendredi matin devant le procureur du Roi. C’est dire, au vu du développement de la crise, que le gouvernement est en passe de perdre la bataille de l’opinion publique.
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