Yousra Amrani
17 Janvier 2024
À 18:59
Les
étudiants en médecine,
médecine dentaire et
pharmacie entament leur deuxième mois de
grève. Depuis plus de 30 jours, ils boycottent tous les examens du premier semestre ainsi que les stages au niveau des différents Centres hospitaliers universitaires. Les
futurs médecins et pharmaciens refusent ainsi de céder et de suspendre la grève, bien qu’aucun dialogue ne soit encore engagé avec le ministère de l’Enseignement supérieur qui refuse de réagir aux appels des étudiants. À travers ce mouvement de protestation, les étudiants veulent obtenir du ministère des solutions «concrètes et réalistes» aux problèmes engendrés par la réduction de la durée d’études de 7 à 6 ans.
La Commission nationale des étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie au Maroc déplore en effet l’absence des mesures d’accompagnement nécessaires au bon déploiement de cette décision, le manque de clarté qui entoure le programme et les stages de la sixième année, ainsi que le retard «injustifié» dans la publication du cahier des charges pédagogiques concernant le troisième cycle. «La décision du boycott a été prise par la Commission le 16 décembre dernier pour protester contre l’opacité qui entoure toujours l’avenir de notre formation, bien que nous ayons tenu trois réunions marathon avec le ministère de l’
Enseignement supérieur. Ces réunions ont débouché sur une proposition ministérielle, mais qui a été rejetée par les étudiants lorsque la Commission l’a exposée devant l’assemblée générale de chaque Faculté. Les étudiants ont jugé que cette proposition ne répondait pas aux attentes des étudiants. Par ailleurs, le ministère a refusé de fournir aux étudiants le cahier des charges relatif à la réforme du troisième cycle», nous explique Imane Ben Amar, présidente du conseil des étudiantes en pharmacie à Rabat et membre de la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et en pharmacie.
La Commission pointe également du doigt l’augmentation importante du nombre d’étudiants suivant les cours des deux dernières années, une augmentation qui n’a pas été suivie de mesures d’accompagnement, notamment l’ouverture de nouveaux Centres hospitaliers universitaires. Une situation qui a pour conséquence, selon elle, le surpeuplement des amphis et la dégradation de la qualité de l’encadrement des futurs médecins au sein des hôpitaux. À ces difficultés s’ajoutent celles déplorées tout particulièrement par les étudiants en pharmacie qui se plaignent pour leur part de la suppression des stages prévus au cours de la sixième année dans le domaine de la biologie et de l’industrie.
«Depuis plus de deux années, les étudiants sont livrés à eux-mêmes et devront se débrouiller pour trouver des stages dans les officines, sachant que la sixième année en pharmacie était consacrée auparavant à suivre 9 mois de stages, dont trois dans les officines, trois mois dans les laboratoires de biologie et trois autres dans les laboratoires pharmaceutiques. Aujourd’hui, les
Facultés de médecine ont supprimé les deux derniers stages. Une décision d’autant plus incompréhensible que tous les
CHU du Royaume sont dotés de laboratoires en biologie comprenant plus de cinq services. Ce qui rend la prochaine étape de notre spécialisation (troisième cycle) extrêmement difficile», ajoute la jeune étudiante.
En attendant l’ouverture d’un dialogue «sérieux et engagé» avec les deux ministères de tutelle (Santé et Enseignement supérieur), les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie se disent déterminés à poursuivre le boycott des cours et des stages et annoncent l’organisation d’une marche de tabliers blancs ce vendredi qui prendra son départ du siège du ministère pour se terminer au siège du Parlement. Elle prévoit par ailleurs la tenue d’une conférence de presse prochainement pour éclairer l’opinion publique sur leur cahier revendicatif et les risques auxquels s’exposent les futurs professionnels de la santé, s’agissant de leur formation.