Nation

Les chauffeurs de taxi sonnent l’alarme : un secteur à bout de souffle dans l’attente d’une réforme

Face à une situation de plus en plus étouffante, le secteur du transport en taxi tire la sonnette d’alarme. Réuni en visioconférence mercredi dernier, le bureau national du Syndicat national du secteur des taxis a dressé un constat alarmant de la réalité actuelle : accumulation de dysfonctionnements structurels, désorganisation professionnelle persistante et absence de vision réformatrice claire.

30 Mai 2025 À 18:09

Selon le communiqué publié à l’issue de cette réunion, la crise profonde que traverse le secteur serait principalement due à "un blocage administratif dans la mise en œuvre de l’accord signé entre le ministère de l’Intérieur et les instances syndicales représentatives". Malgré l’émission de circulaires ministérielles, aucune d’entre elles n’aurait été appliquée sur le terrain, empêchant tout progrès significatif dans un secteur pourtant essentiel pour la mobilité des citoyens, note le syndicat.

Ce dernier fustige également l’absence "d’une volonté politique sincère pour traduire les engagements en actes concrets, à travers un cadre législatif clair et structuré". Une situation qui, selon la centrale syndicale, creuse le fossé entre les promesses et la réalité, et alimente le sentiment d’abandon ressenti par les professionnels. En conséquence, la qualité du service offert aux usagers se dégrade, tandis que les opérateurs peinent à faire face à des conditions de travail de plus en plus précaires. Parmi les difficultés soulevées, figure notamment la prolifération du transport illégal, tant traditionnel que via des applications numériques non réglementées. Un phénomène qui, selon la centrale, viole les droits fondamentaux des chauffeurs et les expose à des poursuites judiciaires sans prise en compte des spécificités du métier.



Le communiqué dénonce également le blocage du processus d’intégration du secteur dans le chantier de la protection sociale, entravé par une faible adhésion, l’accumulation des dettes, des prélèvements en double et la lenteur dans le traitement des dossiers. À cela s’ajoute l’envolée des coûts de fonctionnement, notamment les prix du carburant, qui fragilise encore davantage les professionnels.

Le syndicat se dit inquiet des « signaux non rassurants » émanant du ministère de l’Intérieur, notamment à Marrakech, qui témoigneraient d’un affaiblissement du cadre juridique encadrant l’activité, et d’une absence de vision réformatrice cohérente, indépendante des événements ponctuels comme la préparation au Mondial 2030. Des ajustements conjoncturels qui, selon les représentants, risquent de porter atteinte aux droits des professionnels et de perturber durablement l’équilibre du secteur.

Dans ce contexte tendu, la centrale syndicale appelle le ministère de à rouvrir de toute urgence le dialogue avec les représentants du secteur, notamment pour traiter les dossiers sensibles du retrait ou de l’annulation des autorisations, ainsi que celui des agréments dont les titulaires sont décédés ou qui ont été abandonnés.

Elle exhorte également les walis et les gouverneurs à appliquer la circulaire 444 et à lutter contre les pratiques qualifiées d’« anti-réforme ». Le gouvernement est invité à accélérer l’intégration du secteur à la protection sociale, à subventionner réellement le gasoil et à soutenir le renouvellement du parc de véhicules. Enfin, le syndicat insiste sur la nécessité de préserver la souveraineté numérique nationale, jugée menacée par la prolifération d’applications de transport non encadrées.

Le bureau national a conclu en annonçant la tenue prochaine du congrès régional Tanger-Tétouan-Al Hoceima en juin, dans le cadre de la restructuration de ses instances, tout en appelant à intensifier la coordination avec les autres composantes du secteur en vue de futures mobilisations légitimes pour défendre les droits des professionnels du taxi.
Copyright Groupe le Matin © 2025