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Les oulémas africains en conclave à Fès pour promouvoir la paix et le juste milieu

Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, la ville de Fès a accueilli du 18 au 20 décembre 2024 la sixième session annuelle ordinaire du Conseil supérieur de la Fondation. Réunissant 300 oulémas, dont 50 femmes alimate, représentant les 48 sections de la Fondation à travers le continent africain, cet événement majeur a permis de faire le bilan des activités 2023-2024 et de tracer les perspectives pour 2025, dans un esprit de partage et de coordination des efforts au service des nobles valeurs de l’Islam.

19 Décembre 2024 À 16:10

Dans un contexte international marqué par les défis sécuritaires, sociaux et spirituels, le rôle des oulémas en tant que guides et éducateurs des communautés musulmanes africaines apparaît plus essentiel que jamais. Consciente de ces enjeux cruciaux, la Fondation Mohammed VI des oulémas africains œuvre, depuis sa création en 2015 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, à fédérer et coordonner les efforts des savants musulmans du continent pour promouvoir les idéaux de paix et de tolérance, contribuer au développement et faire rayonner le patrimoine islamique africain commun. C’est dans cet esprit de responsabilité et d’unité que s’est tenue à Fès, haut lieu spirituel du Royaume, la sixième session annuelle ordinaire du Conseil supérieur de la Fondation.

Une affluence record témoignant du rayonnement continental de la Fondation

Présidée par Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des affaires Islamiques et président délégué de la Fondation, la cérémonie d’ouverture de la sixième session du Conseil supérieur de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains a été marquée par une participation record. Pas moins de 300 oulémas, dont 50 femmes alimate, représentant les 48 sections de la Fondation couvrant l’ensemble du continent africain, ont fait le déplacement jusqu’à Fès. Étaient également présents les 17 membres marocains du Conseil, dont 3 femmes alimate. Cette affluence inédite témoigne de l’aura dont jouit désormais la Fondation Mohammed VI des oulémas africains à travers le continent, huit ans après sa création par le Souverain.

Comme l’a souligné M. Toufiq dans son allocution, cette institution, semblable à «un arbre béni» dont les racines «plongent dans le sol de la coopération vertueuse entre les oulémas et savants de la monarchie marocaine et leurs homologues des pays africains», s’est étendue à 48 pays et ne cesse de «porter des fruits bénéfiques». Un succès qui couronne les efforts déployés par la Fondation pour réaliser les missions qui lui ont été assignées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors de son discours fondateur prononcé en 2015 dans la vénérable mosquée Al Quaraouiyine de Fès.

Un bilan 2023-2024 riche et des perspectives ambitieuses pour 2025

Moment fort de cette sixième session, la présentation du rapport d’activités 2023-2024 par Mohamed Rifki, secrétaire général de la Fondation, a permis de mesurer le chemin parcouru durant les deux dernières années. Malgré un contexte sanitaire difficile, la Fondation a su maintenir et même intensifier son action à travers une série d’initiatives touchant à ses domaines de prédilection : animation intellectuelle et culturelle, revitalisation du patrimoine, coopération et partenariats.

Parmi les faits marquants, on retiendra l’organisation de séminaires scientifiques, l’échange de visites entre oulémas, la distribution d’aides alimentaires pendant le mois sacré du Ramadan, le lancement de programmes de sensibilisation sur les réseaux sociaux ou encore le renforcement des capacités. Des réalisations saluées par le Cheikh Soumit Abdallah, président de la section sud-soudanaise, qui a mis en exergue «le travail accompli par la Fondation au cours de cette période».

Cette dynamique positive, la Fondation entend bien la prolonger et l’amplifier en 2025, à travers un programme d’activités ambitieux. Outre la poursuite des chantiers initiés les années précédentes, de nouveaux projets verront le jour, fruit des réflexions menées au sein des quatre commissions spécialisées de la Fondation, à savoir :

• La commission des activités scientifiques et culturelles.

• La commission des études de la Charia.

• La commission chargée de la revitalisation du patrimoine islamique africain.

• La commission communication, coopération et partenariats.

Des commissions qui se sont réunies en marge de la session pour plancher sur les actions à mener au cours de l’année 2025, afin de remplir au mieux les nobles objectifs de la Fondation.

La transmission des valeurs de l’Islam au cœur de la mission des oulémas africains

Tout au long des travaux de cette sixième session, un fil conducteur s’est imposé : celui du rôle central des oulémas africains dans la transmission des préceptes et valeurs de l’Islam aux populations du continent. Une responsabilité majeure pour ces érudits, appelés à guider les croyants sur la voie de la modération, de la tolérance et de la coexistence pacifique.

Une mission dont les contours ont été esquissés par M. Toufiq dans son discours d’ouverture. Pour le ministre des Habous et des affaires Islamiques, les oulémas doivent «revenir à leur mission authentique en prêchant la bonne parole», aider les musulmans à «séparer le bon grain de l’ivraie» et faire face aux dérives et aux discours extrémistes. «Si les croyants renforcent leur attachement aux constantes et valeurs de l’Islam, la criminalité et les menaces sur la sécurité de la société et de l’État vont diminuer», a-t-il affirmé.Un message relayé par Mohamed Yessef, secrétaire général du Conseil supérieur des oulémas du Maroc (lu en son nom par le secrétaire général du Conseil supérieur des oulémas, Saïd Chabar), qui a annoncé que son institution allait «œuvrer de concert avec la Fondation Mohammed VI des oulémas africains pour impliquer les alems et alimate des pays africains frères dans le projet de prédication et de transmission (tabligh) des constantes et nobles valeurs de l’Islam». Et de rappeler que ce chantier initié par le Conseil vise à «diffuser les valeurs de modération et du juste milieu, appeler à l’accomplissement des bonnes œuvres et œuvrer pour le rayonnement de la paix, de la sécurité et de la quiétude».

Des oulémas africains inspirés par l’expérience marocaine en matière de prédication

Dans le domaine de la prédication et de la transmission religieuse, le Maroc fait figure de modèle pour de nombreux pays africains. C’est ce qu’a souligné le Cheikh Soumit Abdallah au nom des oulémas de la Fondation. Pour ce dernier, l’approche développée par le Conseil supérieur des oulémas du Royaume constitue «un plan unique» dont les oulémas africains souhaitent s’inspirer pour bâtir leurs propres stratégies de vulgarisation à travers le continent, en tenant compte des spécificités de chaque contexte.

Une démarche saluée par le mufti de la République du Tchad, Cheikh Ahmed Al-Nour Muhammad Al-Helou, qui a insisté sur la qualité des initiatives prises par la Fondation Mohammed VI, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Royaume, en termes de formation des imams, d’organisation de séminaires ou encore d’actions caritatives pendant le Ramadan. Autant de bonnes pratiques que les oulémas africains ont à cœur de dupliquer dans leurs pays respectifs.

Hommage à quatre éminents oulémas africains et récompense des lauréats 2024

Autre temps fort de cette sixième session de la Fondation : la cérémonie d’hommage à quatre éminents oulémas africains, en reconnaissance de leur remarquable contribution au service du Saint Coran, du Hadith, du patrimoine manuscrit islamique africain et des constantes religieuses communes. Un moment empreint d’émotion et de solennité qui a permis de mettre en lumière des parcours d’exception, incarnant les plus belles valeurs de l’Islam.

La Fondation a également profité de ce rendez-vous pour célébrer l’excellence en récompensant les 57 lauréats et lauréates des quatre concours qu’elle a organisés dans le courant de 2024, à savoir : le Prix de mémorisation, récitation et psalmodie du Saint Coran (5e édition), le Prix du Hadith (1re édition), le Prix des archives et manuscrits islamiques africains (1re édition) et le Prix sur les recherches relatives aux constantes religieuses communes (1re édition). Des compétitions qui s’inscrivent dans la droite ligne des missions de la Fondation et qui contribuent à identifier et faire émerger les talents de demain en la matière. Ainsi, en fédérant les énergies, en mutualisant les expériences et en portant haut les idéaux universels de l’Islam, les oulémas africains réunis à Fès incarnent une force de proposition et d’action au service du développement et du bien-être des populations.
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