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Sahara : La reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc est un devoir de justice et de vérité (Samira Sitaïl)

Samira Sitaïl, l’ambassadrice du Maroc en France, était samedi dernier sur le plateau des «Internationales», une émission de TV5 Monde. À cette occasion, la diplomate marocaine est revenue en détail de la visite d’État qu’a affectuée le Président français Emmanuel Macron au Maroc du 28 au 30 octobre 2024, mais aussi sur l’avenir des relations entre Rabat et Paris à la lumière de la nouvelle position de la France sur le Sahara marocain. Mme Sitaïl a évoqué l’appui constant de la France au Maroc dans son sa lutte pour son intégrité territoriale, soulignant que la reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud était «un devoir de justice et de vérité».

20 Novembre 2024 À 18:30

Le 16 novembre 2024, Samira Sitaïl, ambassadrice du Maroc en France, était l’invitée de l’émission «Internationales» sur TV5 Monde, animée par Clémentine Pawlotsky. Cet entretien a été un échange de haute volée où l’on pouvait écouter une diplomate dont la rigueur, la fermeté et la maîtrise sont devenues sa véritable signature. À travers des mots et des formules méticuleusement choisis, mais aussi à travers les inflexions de sa voix, Mme l’ambassadrice a imprimé le rythme avec une autorité discrète, mais incontestée. Si d’ordinaire Mme Sitaïl a la manie de l’exactitude, cette fois-ci, elle a fait preuve également d’une sincérité saisissante, apportant un éclairage inédit sur les enjeux majeurs de la relation franco-marocaine. De la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara à la lutte contre l'immigration clandestine, en passant par le bilan de la visite récente d’Emmanuel Macron à Rabat, cet entretien a non seulement permis de lever le voile sur des détails intéressants, mais il a aussi dissipé nombre de préjugés et poncifs entourant la relation entre Rabat et Paris.

Un tournant décisif : la visite d'État de Macron au Maroc

De prime abord, la visite d'État effectuée par Emmanuel Macron au Maroc, du 28 au 30 octobre 2024, s’imposait par la force des choses. Et pour cause, cette visite a marqué un tournant historique dans les relations entre les deux pays, ayant permis de mettre un terme aux incompréhensions passées. «Il y a eu des incompréhensions par le passé, mais aujourd’hui, la page est tournée», a affirmé Samira Sitaïl avec beaucoup de conviction. L’ambassadrice a d’ailleurs précisé que la rencontre entre le Président français et S.M. le Roi Mohammed VI n'était pas le fruit du hasard, mais l'aboutissement d’un travail diplomatique minutieux et d’une volonté commune des deux Chefs d’État. «Il y a eu une volonté sincère de part et d’autre», a-t-elle ajouté, soulignant que c’est cette détermination partagée qui a permis de restaurer un climat de confiance mutuelle entre les deux pays. «À partir de cette visite, nous avons décidé ensemble de bâtir l'avenir, pour le bien-être des peuples marocain et français», a-t-elle relevé, réaffirmant l’importance stratégique de cette étape décisive dans le renouveau des relations bilatérales.
En réponse aux spéculations d’«Africa Intelligence», qui affirmaient qu’elle aurait utilisé ses connexions parisiennes pour faciliter ce rapprochement, l’ambassadrice a pris soin de rappeler que ce processus de réconciliation était avant tout le fruit d’un travail collectif. «Oui, j’ai joué un rôle, tout comme d’autres personnes d’ailleurs», a-t-elle confié, tout en réaffirmant que cette réconciliation ne saurait être l'œuvre d’un seul individu. Pour elle, ce rapprochement a été le fruit d’une volonté commune, d’une série de bonnes volontés exprimées des deux côtés. Pour Samira Sitaïl, cette réconciliation incarne avant tout l’expression d’une volonté partagée de deux nations désireuses de dépasser les obstacles et de construire un avenir commun.

La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara : un acte de vérité

Autre point central de l’entretien : la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, un acte fondamental matérialisé le 30 juillet dernier par la lettre envoyée par le Président Emmanuel Macron à S.M. le Roi Mohammed VI. Sur ce registre, la journaliste voulait savoir si ce geste était ce que le Maroc attendait de la France pour mettre fin à leur brouille ? Pour l'ambassadrice du Maroc en France, la réponse est catégorique : «Ce n’est pas un cadeau, pour être clair, ce n’est pas un geste symbolique. Il faut comprendre qu’il s’agit d’un devoir de justice et de vérité, un acte de vérité». Et de préciser que la France n’a jamais été en opposition avec le Maroc sur cette question. «Lorsque nous avons proposé en 2007 le plan d’autonomie pour le Sahara, la France a été le premier pays à soutenir cette démarche», a-t-elle rappelé. Ce soutien de la France ne constitue donc pas un revirement, mais bien une évolution logique, un pas supplémentaire dans la reconnaissance de la souveraineté marocaine. Jusqu’à présent, bien que la France ait soutenu cette position, elle ne l’avait pas exprimée de manière aussi claire et formelle que dans la lettre de M. Macron, a-t-elle ajouté. C'est désormais chose faite. D’autant plus que le Président français a insisté plus tard devant le Parlement marocain en déclarant que le plan d’autonomie était «la seule option crédible et sérieuse» pour résoudre le conflit.
Mme Sitaïl a tenu à situer la position de la France dans le cadre de l’évolution que connaît le dossier du Sahara sur le plan international. Pour elle, le soutien explicite de la France s’inscrit dans un mouvement global de reconnaissance allant croissant, avec désormais 112 pays qui soutiennent le plan d’autonomie comme la solution la plus crédible et viable pour ce conflit. Cela dit, bien que cette reconnaissance soit un acte fort, il faut reconnaître qu’elle ne règle pas immédiatement le conflit, comme l’a souligné l’ambassadrice. «Cela ne change peut-être rien dans l’immédiat, mais redonne à la France un rôle de leadership dans la gestion de ce dossier», a-t-elle fait observer. L'importance de ce soutien va donc au-delà du Maroc, car il permet à la France de retrouver une position stratégique forte dans cette région du monde. En raison de son poids historique dans le Maghreb et du rôle diplomatique qu'elle exerce, il faut dire que la France connaît parfaitement la géographie et les enjeux de cette question.
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