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Safi dévastée par les pluies : des habitants sans abri, des secours en première ligne

Crues soudaines, inondations répétées et maisons détruites : Safi est confrontée à un drame humanitaire. Depuis dimanche dernier, des dizaines de familles se retrouvent sans abri, tandis que les associations se mobilisent sur le terrain. Parmi elles, Jood déploie ses équipes et ses moyens matériels pour venir en aide aux habitants et coordonner la solidarité face à l’ampleur de la catastrophe.

17 Décembre 2025 À 17:35

Des pluies diluviennes se sont abattues sur la ville de Safi depuis dimanche, provoquant des inondations soudaines et meurtrières. En quelques heures, la rivière Oued Chaâba est sortie de son lit, envahissant plusieurs quartiers déjà fragilisés par de précédents épisodes similaires. Le dernier bilan fait état de plusieurs dizaines de victimes, tandis que des familles entières se retrouvent, aujourd’hui, sans abri, sans repères et parfois sans leurs proches.

Depuis dimanche, les réseaux sociaux ont été envahis par des vidéos tournées par les sinistrés eux-mêmes, montrant l’ampleur du drame. On y voit des maisons éventrées, des murs effondrés et des meubles emportés par la boue. Dans certaines séquences, des habitants filment en larmes les décombres de ce qui était encore, quelques heures plus tôt, leur foyer. D’autres racontent, la voix tremblante, comment ils ont tout perdu, ou comment ils ont vu un parent, un voisin, un proche emporté par les eaux.



«L’eau est montée d’un coup, on n’a rien compris... la maison s’est effondrée devant nous», témoigne un homme dans une vidéo largement relayée. Une femme, serrant ses enfants contre elle, répète : «On n’a plus où aller... on a passé la nuit dehors, dans le froid». Plusieurs vidéos montrent, également, des familles en état de choc, pleurant des proches disparus, incapables de réaliser ce qui vient de se produire. Sur le terrain, les associations tentent de faire face à l’urgence aux côtés des autorités locales et des services de secours. L’association humanitaire Jood s’est mobilisée dès les premières heures, alors que la situation continuait de se dégrader. Sa présidente, Hind Laidi, décrit un contexte extrêmement alarmant. Elle souligne que la pluie ne cesse de tomber et que la rivière a, une nouvelle fois, débordé, touchant les mêmes quartiers déjà durement frappés lors des précédentes inondations. «Les habitants n’ont pas eu le temps de se relever qu’ils se retrouvent à nouveau frappés», explique-t-elle.

Selon Hind Laidi, la réalité observée sur le terrain est d’une grande brutalité : des familles ont tout perdu, leurs meubles, leurs vêtements, leurs couvertures, emportés ou rendus inutilisables par la boue. Par mesure de sécurité, plusieurs logements ont été évacués par les autorités, alors même que la pluie se poursuivait, exposant les habitants à un froid particulièrement difficile à supporter. À cette détresse s’ajoute l’absence d’électricité dans plusieurs zones, accentuant l’isolement et la précarité des sinistrés. «Nous faisons face à une véritable urgence humaine», alerte la présidente de Jood.

Une urgence humaine critique

Les situations les plus critiques concernent, selon elle, les familles dont les habitations sont devenues inhabitables, mais aussi les foyers les plus vulnérables : personnes âgées, femmes seules avec enfants et ménages sans revenu. L’exposition prolongée au froid, à l’humidité et à l’insécurité matérielle représente aujourd’hui un risque majeur.

Les besoins sont multiples et immédiats. Les familles ont avant tout besoin de vêtements secs et chauds, de matelas et de couvertures, après avoir passé plusieurs nuits dans des conditions extrêmement précaires. À cela s’ajoute un besoin urgent en nourriture, de nombreuses familles ayant perdu leurs réserves et tout accès à une vie normale.

Au-delà de l’aide matérielle, Hind Laidi insiste sur la nécessité d’un important travail de nettoyage et de réhabilitation. Les maisons sont envahies par la boue, les débris et les eaux stagnantes, rendant les lieux inhabitables. Il est crucial, selon elle, de nettoyer non seulement l’intérieur des habitations, mais aussi les rues et les espaces publics, afin de permettre un retour progressif à une vie digne et sécurisée.

Face à l’ampleur de la catastrophe, Jood mobilise plusieurs moyens opérationnels, à savoir des équipes bénévoles, des véhicules dédiés (camion-douche et camions de transport de dons), des matériaux d’évacuation des eaux et de la boue, des cuisines pour offrir des repas chauds et équilibrés, ainsi que des matelas, des couvertures, des vêtements chauds et des chaussures. Hind Laidi précise : «Nous intervenons en étroite collaboration avec des familles notables et des relais locaux de Safi, dont la mobilisation est remarquable. Leur appui est déterminant pour faciliter notre installation, orienter l’aide vers les zones prioritaires et rendre notre action rapide et efficace».

Bénévoles et dons : comment aider efficacement

Actuellement, l’association est principalement à la recherche de bénévoles capables de soutenir la distribution des aides, le tri et l’organisation des dons, ainsi que l’appui logistique sur le terrain. La connaissance du terrain et le lien humain avec les familles sont des atouts essentiels. «Les dons les plus utiles actuellement sont : matelas une place, couvertures, vêtements chauds, chaussures, denrées alimentaires, produits d’hygiène, couches pour enfants... mais aussi pelles, vide-caves mobiles», affirme Hind Laidi. Les dons financiers restent également très importants, permettant d’ajuster rapidement l’aide en fonction des besoins constatés sur place.

La présidente de l’association précise, par ailleurs, que Jood agit en coordination avec les acteurs locaux et les autorités compétentes, afin d’éviter les doublons, d’atteindre les zones les plus touchées et de garantir une intervention cohérente et respectueuse. Au-delà de l’urgence immédiate, Hind Laidi indique que Jood étudiera la possibilité d’un accompagnement à moyen terme, selon l’évolution de la situation, les besoins exprimés par les familles et les moyens disponibles. «Nous souhaitons rappeler que la solidarité est plus efficace lorsqu’elle est organisée. Un don, un engagement bénévole, un relais d’information ou un soutien logistique peuvent avoir un impact réel. Aujourd’hui plus que jamais, l’entraide collective est essentielle pour répondre à cette urgence», conclut Hind Laidi.
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