Pénurie mondiale d’enseignants : les efforts du Maroc pour muscler ses effectifs

«Les enseignants dont nous avons besoin pour l’éducation que nous souhaitons : l’impératif mondial de remédier à la pénurie d’enseignants». C’est le thème retenu par l’ONU cette année pour célébrer la Journée mondiale des enseignants (5 octobre). À cette occasion, l’Unesco a publié de nouvelles données qui montrent qu’il manque encore 44 millions d’enseignants dans le monde pour atteindre l’objectif d’un enseignement primaire et secondaire pour tous d’ici 2030. D’après l’organisation onusienne, il ne s’agit pas que d’un problème de financement, c’est aussi lié au manque d’attractivité de la profession. «Les enseignants jouent un rôle crucial dans nos sociétés, pourtant cette profession est confrontée à une crise majeure des vocations. Certaines régions du monde manquent de candidats, d’autres font face à un taux d’abandon très élevé au cours des premières années de carrière. Dans les deux cas, la réponse est la même : il faut mieux valoriser, mieux former et mieux soutenir les enseignants», a déclaré Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, à cette occasion.

6.000 nouveaux enseignants ont été recrutés et plus de 7.100 formés pour la rentrée 2023-2024

Le Maroc n’échappe pas à cette pénurie mondiale. Cette année, les établissements scolaires publics et privés ont accueilli environ 8 millions d’élèves, tous niveaux confondus (primaire, secondaire et qualifiant), tandis que l’effectif global des enseignants demeure inférieur à 300.000. En effet, en 2022-2023, le nombre total d’enseignants s’élevait à 269.015, sachant qu’un nombre important de départs à la retraite a été enregistré. Pour remédier à cette pénurie, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, a déclaré, en septembre dernier, que 6.000 nouveaux enseignants ont été recrutés et plus de 7.100 formés avec une expansion significative des heures de formation de base, passant de 400 à 950 heures, et un élargissement de la base de la formation continue. Le ministre avait également annoncé l’instauration de critères de sélection des enseignants basés sur des évaluations psychologiques, la généralisation de l’enseignement de l’anglais et la promotion de la numérisation.

L’enseignant est au coeur de réforme éducative au Maroc

À l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, M. Benmoussa a adressé un message au personnel enseignant pour lui rendre hommage. «Cette Journée constitue une occasion pour se rappeler le rôle central de l’enseignant dans les efforts visant à relever les défis liés à la réforme éducative escomptée. Elle offre un moment privilégié pour saluer l’engagement et les efforts des cadres de l’enseignement, dresser un état des lieux de leur situation et aborder les perspectives d’avenir de cette profession noble», indique-t-il.

Le ministre a, en outre, rappelé que la Feuille de route 2022-2026, «Pour une école publique de qualité», et son cadre opérationnel pour les années 2023 et 2024 ont accordé une place prépondérante aux enseignants, intégrant des programmes de modernisation et des initiatives axées principalement sur le perfectionnement de la formation qu’elle soit initiale ou continue, et sur le renforcement de l’initiative individuelle des enseignants pour intensifier leur implication dans le processus de transformation souhaité.

Dans le cadre de cette impulsion réformatrice, M. Benmoussa a mis en lumière le rôle pivot du projet des écoles pionnières dans la réforme éducative visant à consolider les acquis des élèves et à réduire les disparités scolaires, et ce grâce aux activités de soutien et d’intervention pédagogique, et à la forte implication des enseignants dans les établissements qui se sont portés volontaires pour accueillir ce projet.

Benmoussa : le nouveau statut des personnels du ministère de l’Éducation s’applique à tout le personnel du secteur

Le ministre a, en outre, souligné que la consolidation de l’adhésion des cadres du corps enseignant aux chantiers de réforme exige une attention accrue à leur motivation, ainsi qu’une amélioration significative de leur situation professionnelle et sociale. Et d’ajouter que le nouveau statut des personnels du ministère de l’Éducation nationale, élaboré selon une approche participative avec les syndicats d’enseignement les plus représentatifs ayant signé l’accord du 14 janvier 2023, et adopté par le Conseil du gouvernement, préserve les acquis antérieurs, répond à la demande d’unifier les parcours professionnels et s’applique à tout le personnel du secteur, y compris les anciens cadres enseignants des Académies régionales d’éducation et de formation qui seront intégrés dans ce système unifié et dont le nombre s’élève à 140.000 personnes.

En vue de mettre en valeur la profession enseignante, le ministère procédera au lancement d’un forum annuel dédié à l’enseignant, en tant qu’espace scientifique et pédagogique qui vise non seulement à consacrer une culture positive de l’acte d’enseigner, mais à accroître l’attractivité de la profession, tout en mettant en lumière les réussites des cadres enseignants et en s’ouvrant sur des pratiques pédagogiques innovantes et inspirantes, selon le ministre.