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Alzheimer : l’espoir viendrait d’un vaccin contre le zona

Les personnes vaccinées contre le zona présenteraient un risque significativement réduit de développer la maladie d’Alzheimer. C’est ce que révèle une étude récemment publiée dans la revue scientifique «Nature». Cette découverte, bien que préliminaire, offre une perspective nouvelle dans un domaine où les options thérapeutiques restent limitées, et où aucun traitement curatif ni préventif n’existe à ce jour.

La maladie d’Alzheimer touche des millions de personnes à travers le monde et s’impose comme l’un des plus grands défis de santé publique. Elle affecte non seulement les patients, mais bouleverse aussi profondément le quotidien de leurs familles.



En l’absence de traitement curatif, les chercheurs multiplient les efforts pour décrypter cette pathologie complexe et identifier des moyens de freiner son évolution. C’est dans cette optique que s’inscrit l’étude publiée dans la revue «Nature». Les chercheurs y établissent une association entre la vaccination contre le zona – une maladie causée par le virus de la varicelle-zona – et une réduction moyenne de 20% du risque de développer la maladie d’Alzheimer. Ce résultat, bien que surprenant, ouvre de nouvelles pistes de réflexion et attise l’intérêt de la communauté médicale. Cet effet protecteur observé semble plus prononcé chez les femmes. À ce stade, les raisons de cette différence ne sont pas encore clairement établies, mais plusieurs hypothèses sont avancées. Les chercheurs évoquent notamment des facteurs biologiques spécifiques au sexe féminin, ainsi que des variations possibles liées au système immunitaire ou à l’environnement hormonal. Autant de pistes qui devront être explorées davantage pour mieux comprendre cette disparité.

Des résultats encourageants, mais à interpréter avec prudence

Contacté par «Le Matin», Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, se félicite de l’intérêt de cette étude. Selon lui, la maladie d’Alzheimer, par son ampleur et son impact sur les familles, justifie une attention particulière à toute piste de prévention. Cependant, il appelle à la prudence quant à l’interprétation des résultats. L’étude, précise-t-il, présente plusieurs limites méthodologiques qu’il convient de souligner. L’une des principales faiblesses, précise-t-il, réside dans le fait que la recherche repose sur une comparaison entre deux groupes : des personnes vaccinées contre le zona et d’autres qui ne l’ont pas été. Or, ces deux groupes ne sont pas nécessairement comparables sur tous les plans. «Les personnes qui choisissent de se faire vacciner peuvent, par exemple, avoir un mode de vie plus sain, consulter plus régulièrement un médecin, ou encore bénéficier de meilleures conditions socioéconomiques. Ces facteurs peuvent à eux seuls influencer le risque de développer une démence», explique Dr Hamdi. Il est également envisageable, ajoute-t-il, que les personnes non vaccinées soient exposées à d’autres infections ou à certains facteurs environnementaux, ce qui complexifie davantage l’analyse. En somme, insiste Dr Hamdi, la vaccination ne peut pas, à elle seule, expliquer la réduction observée du risque d’Alzheimer. «Des recherches plus poussées, avec des méthodologies robustes, seront donc nécessaires pour confirmer ces premiers résultats et mieux comprendre les mécanismes sous-jacents», recommande-t-il.

La prévention : un levier majeur en l’absence de traitement curatif

Pour Dr Tayeb Hamdi, si l’effet protecteur du vaccin contre le zona venait à être confirmé par des études plus rigoureuses, ce serait une avancée majeure en matière de santé publique. «Un tel résultat viendrait non seulement conforter les recommandations actuelles, qui préconisent déjà cette vaccination chez les personnes âgées pour prévenir les complications liées au zona. Il pourrait aussi conduire à un réexamen des politiques vaccinales, avec la possibilité d’élargir le public cible à d’autres tranches d’âge ou à des groupes à risque», explique-t-il. En attendant que ces hypothèses soient validées par la recherche, Dr Hamdi rappelle que la prévention reste l’un des piliers les plus efficaces dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. Elle repose principalement sur la réduction de facteurs de risque modifiables, identifiés par de nombreuses études épidémiologiques, notamment le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité survenant à l’âge moyen, la dépression, le tabagisme et la sédentarité. Par ailleurs, d’autres leviers préventifs sont aujourd’hui mis en avant par les experts, comme le maintien d’une activité intellectuelle et sociale régulière, une alimentation équilibrée ou encore un sommeil de qualité. De nombreuses études indiquent que l’ensemble de ces mesures, prises conjointement, constituerait à ce jour la meilleure stratégie pour retarder l’apparition de la maladie, ou en atténuer les effets.
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