«L’ozonothérapie est un traitement médical qui consiste à introduire dans l’organisme un mélange d’oxygène et d’ozone ayant une action analgésique et anti-inflammatoire», explique le Dr Younes Chroqui, anesthésiste-réanimateur, acupuncteur et spécialiste des approches thérapeutiques intégratives. Selon lui, cette thérapie active la circulation sanguine, stimule l’immunité et favorise la régénération cellulaire.
Une thérapie adaptable selon les pathologies
L’un des atouts majeurs de l’ozonothérapie réside dans sa polyvalence. «Cette technique suscite un intérêt croissant parmi les professionnels de santé et les patients en raison de ses bénéfices cliniquement prouvés dans des domaines variés, tels que la gestion de la douleur, la régénération cellulaire, en dermatologie, en médecine dentaire et le traitement de pathologies chroniques telles que les troubles circulatoires, les infections et les maladies inflammatoires. L’ozone, une molécule composée de trois atomes d’oxygène, est administré de manière contrôlée pour stimuler la guérison», explique le spécialiste. Et d’ajouter qu’«en interagissant avec les cellules, elle améliore la microcirculation, active le système immunitaire, réduit le stress oxydatif et possède des propriétés antimicrobiennes. Ainsi, l’ozonothérapie aide à régénérer les tissus, traiter les inflammations et soulager la douleur, notamment pour les infections et maladies chroniques».
Quand faut-il y avoir recours ?
L’ozonothérapie est particulièrement indiquée lorsque les traitements conventionnels se montrent insuffisants ou mal tolérés. Elle peut être envisagée en complément, dans une approche dite «intégrative», ou même parfois comme alternative, notamment chez des patients présentant des contre-indications aux médicaments classiques.
«Cette thérapie permet de relancer les mécanismes naturels du corps sans lui imposer une solution extérieure», explique le médecin. Elle est, aussi, recherchée par des personnes souffrant de fatigue chronique, de douleurs résiduelles après des infections, ou de troubles liés au stress oxydatif.
Au-delà du traitement des symptômes, l’ozonothérapie s’inscrit dans un courant plus vaste : celui de la médecine régénérative. En renforçant les fonctions cellulaires et en rééquilibrant le métabolisme, elle agit sur les causes profondes du dysfonctionnement. Le Dr Chroqui insiste sur le fait que «l’ozone médical ne remplace rien, il stimule. Il agit comme un catalyseur, redonnant au corps l’élan nécessaire pour se réparer».
Vers une reconnaissance plus large ?
Dr Younes Chroqui souligne que, dans plusieurs pays européens et asiatiques, «l’ozonothérapie est déjà encadrée par des protocoles précis et intégrée à certains parcours de soins». Au Maroc, cette approche suscite un intérêt grandissant, notamment parmi les praticiens ayant reçu une formation spécialisée à l’étranger. Toutefois, son développement reste freiné par l’absence d’un cadre réglementaire clair.
«Pour garantir la sécurité des patients et l’efficacité des traitements, il est essentiel de former les professionnels, d’unifier les pratiques et de réglementer l’usage de cette thérapie», insiste le Dr Chroqui. Selon lui, une reconnaissance officielle permettrait non seulement d’élargir l’accès à ce type de soins, mais aussi de positionner le Maroc sur la carte des médecines régénératives innovantes.
Loin d’être pratiquée de manière anarchique, l’ozonothérapie est déjà proposée dans certaines cliniques privées et centres spécialisés, par des médecins qualifiés respectant les normes médicales internationales. Mais en l’absence de législation spécifique, cette pratique reste encore marginale et peu accessible.
«Un encadrement adapté permettrait à cette discipline d’émerger dans de bonnes conditions, au bénéfice des patients et du système de santé dans son ensemble», affirme le Dr Chroqui. Il rappelle que les réticences actuelles sont souvent liées à un manque de formation spécifique chez les professionnels de santé. Pourtant, lorsqu’elle est administrée par des praticiens compétents, notamment des réanimateurs formés à la gestion des effets secondaires, l’ozonothérapie peut représenter une solution précieuse face à des pathologies complexes et chroniques.
Mettre en place une réglementation adaptée, accompagnée d’une offre de formation et d’une intégration progressive dans les structures hospitalières, ouvrirait la voie à une médecine complémentaire crédible et prometteuse. À l’image de ce qui se fait ailleurs dans le monde, le Maroc pourrait ainsi répondre à une demande croissante tout en développant un nouveau secteur médical à fort potentiel.
Questions à l'anesthésiste-réanimateur, acupuncteur
Dr Younes Chroqui : «Le potentiel de l’ozonothérapie au Maroc est indéniable et offre une véritable opportunité pour le système de santé»

Le Matin : Pensez-vous que l’ozonothérapie pourrait se développer davantage au Maroc dans les années à venir ?
Dr Younes Chroqui : Actuellement, l’ozonothérapie n’est pas enseignée de manière systématique dans les formations classiques des professionnels de santé au Maroc. Bien que certains médecins et thérapeutes choisissent de se former à cette technique de manière autonome, il manque encore un cadre structuré et formalisé pour l’intégrer pleinement dans le cursus des écoles de médecine ou des formations spécialisées. La qualification des praticiens est donc un enjeu majeur pour garantir l’efficacité et la sécurité de cette thérapie.
En outre, le potentiel de l’ozonothérapie au Maroc est indéniable et offre une véritable opportunité pour le système de santé. La médecine régénérative, dont l’ozonothérapie est un pilier, connaît un essor rapide à l’échelle mondiale, et le Maroc, en tant que carrefour entre l’Europe et l’Afrique, pourrait se positionner en leader dans ce domaine.
L’intégration de l’ozonothérapie dans le système de santé, accompagnée d’une formation ciblée pour les professionnels, permettrait non seulement de répondre aux besoins croissants en matière de traitements non invasifs et régénératifs, mais aussi de garantir une prise en charge de qualité et encadrée.
Cette thérapie présente-t-elle des effets secondaires ou des contre-indications particulières ?
L’ozonothérapie est une approche thérapeutique innovante qui, lorsqu’elle est administrée correctement, présente un excellent profil de sécurité. Toutefois, comme toute procédure médicale, elle requiert un savoir-faire précis pour éviter d’éventuels effets indésirables liés à une mauvaise utilisation. C’est pourquoi la formation et la compétence du médecin sont essentielles : il doit non seulement maîtriser les dosages et les modes d’administration, mais aussi être capable d’anticiper et de gérer toute réaction inattendue.
Contrairement aux craintes exagérées parfois évoquées, les complications graves restent exceptionnelles et sont généralement liées à une pratique inadaptée. Par exemple, une administration incorrecte pourrait entraîner une irritation des voies respiratoires, un déséquilibre oxydatif ou, dans de rares cas, une réaction vasculaire indésirable. D’où la nécessité d’un cadre médical strict et de la présence de moyens adaptés pour gérer rapidement toute éventualité.
Quelles précautions faut-il prendre avant d’envisager une ozonothérapie ?
Avant d’entamer un traitement par ozonothérapie, il est essentiel de réaliser un bilan médical complet. Ce type de thérapie doit impérativement être administré par un professionnel de santé formé à cette pratique, capable d’adapter les protocoles aux besoins spécifiques de chaque patient. L’évaluation préalable permet de garantir une prise en charge sûre, efficace et adaptée à la pathologie ciblée.