Hajjar El Haïti
16 Mars 2024
À 21:42
Les inégalités de genre liées au travail dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne ont des répercussions négatives sur les femmes, les systèmes de santé et les résultats en matière de santé. C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur les inégalités de genre dans le secteur de la santé.
Ce rapport, rendu public mercredi dernier, souligne que le manque d’investissements consacrés aux systèmes de santé entraîne un cercle vicieux de travail non rémunéré dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne, ce qui réduit la participation des femmes au marché du travail rémunéré, nuit à l’autonomisation économique des femmes et entrave l’égalité des genres.
«Les femmes représentent 67% des personnels de santé et d’aide à la personne rémunérés dans le monde. On estime qu’en plus de ce travail rémunéré, les femmes effectuent environ 76% de toutes les activités d’aide à la personne non rémunérées. Le travail essentiellement réalisé par des femmes a tendance à être moins bien payé et à s’effectuer dans de mauvaises conditions», alerte le rapport, mettant en évidence que les bas salaires et les conditions de travail exigeantes sont monnaie courante dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne. «La dévalorisation de l’aide à la personne, un travail principalement effectué par des femmes, a des répercussions négatives sur les salaires, les conditions de travail, la productivité et l’empreinte économique du secteur», ajoute le document de l’OMS.
Le rapport montre, par ailleurs, comment des décennies de sous-investissement chronique dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne ont conduit à une crise mondiale des soins, qui ne cesse de s’aggraver. Alors que stagnent les progrès en vue de l’instauration de la couverture sanitaire universelle, 4,5 milliards de personnes n’ont pas accès à une couverture complète des services de santé essentiels, ce qui signifie que les femmes risquent d’assumer encore davantage de travail non rémunéré d’aide à la personne. L’OMS avertit également sur les effets délétères de la fragilité des systèmes de santé, conjugués à l’augmentation du travail non rémunéré dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne, qui mettent à rude épreuve la santé des soignantes et des soignants et la qualité des services.
«Le rapport montre bien comment des investissements fondés sur l’équité de genre dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne permettraient de redéfinir la valeur de la santé et de l’aide à la personne et de favoriser des économies plus justes et plus inclusives. Nous appelons les dirigeantes et dirigeants, les décideuses et décideurs politiques et les employeuses et employeurs à investir : il est temps d’investir équitablement en faveur de la santé et de l’aide à la personne», déclare Jim Campbell, directeur du département Personnels de santé de l’OMS.
D’après l’OMS, les investissements consacrés aux systèmes de santé et de soins permettent non seulement de progresser plus rapidement vers la couverture sanitaire universelle, mais aussi de mieux répartir le travail non rémunéré dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne. «Lorsque les femmes occupent des emplois rémunérés dans le domaine de la santé et de l’aide à la personne, elles sont économiquement autonomes et les résultats en matière de santé s’en trouvent meilleurs. Les systèmes de santé doivent reconnaître et valoriser toutes les formes de travail lié à la santé et à l’aide à la personne, et y consacrer des investissements», insiste l’Organisation.
Le rapport présente les leviers politiques qui permettent de mieux valoriser le travail lié à la santé et à l’aide à la personne :
1. Améliorer les conditions de travail pour toutes les formes de travail dans le secteur de la santé et de l’aide à la personne, en particulier pour les professions où les femmes sont fortement représentées.
2. Inclure plus équitablement les femmes dans le personnel rémunéré.
3. Améliorer les conditions de travail et les salaires des personnels de santé et d’aide à la personne et garantir un salaire égal pour un travail de
valeur égale.
4. Remédier aux inégalités de genre dans le secteur de l’aide à la personne, favoriser une aide à la personne de qualité et défendre les droits et le bien-être des soignantes et des soignants.
5. Veiller à ce que les statistiques nationales prennent en compte, mesurent et valorisent l’ensemble du travail lié à la santé et à l’aide à la personne.
6. Investir en faveur de systèmes de santé publique robustes afin de réduire le fardeau du travail non rémunéré d’aide à la personne et d’améliorer la qualité des services de santé.
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