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Le syndrome des ovaires polykystiques en hausse

Le syndrome des ovaires polykystiques se caractérise par plusieurs petits kystes ne dépassant pas 8 à 10 mm situés sur le pourtour des ovaires. Ce sont en fait des follicules qui n’arrivent pas à maturation et donc qui n'ovulent pas, ce qui peut être responsable d'infertilité ou de grossesse à risque.

Le syndrome des ovaires  polykystiques en hausse
Le syndrome polykystique apparaît très tôt dans la vie des femmes.

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est un trouble hormonal très fréquent partout dans le monde. «Il s’observe souvent dès le début du cycle menstruel chez les jeunes filles, mais aussi chez les jeunes femmes aux alentours de la trentaine.

On estime sa fréquence à 15 ou 20%», indique le Dr Chafik Chraïbi, professeur de gynécologie obstétrique et chef de service à la maternité des Orangers du CHU de Rabat. Le SOPK se caractérise par une augmentation inhabituelle de la production d’androgènes (hormones mâles) dans les ovaires, ce qui perturbe la production d’ovules et peut conduire à l’infertilité. Au lieu d'être libérés au moment de l'ovulation, les ovules se transforment en kystes, de petites poches remplies de liquide. Ces kystes s'accumulent dans les ovaires et augmentent parfois de volume. On ne connaît pas les causes du SOPK. Certains chercheurs pensent qu'un taux élevé d'insuline dans l'organisme pourrait être en cause. L'insuline est une hormone qui sert à réguler le taux de sucre dans le sang. S'il y a surproduction d'insuline, l'organisme libère des hormones mâles supplémentaires. Même si les gènes spécifiques du SOPK n'ont pas été identifiés, il semble que celui-ci soit héréditaire.

Bien qu’on ne puisse pas guérir le SOPK, il existe des traitements qui aident à rétablir l'équilibre des hormones ou à soulager des symptômes comme l'acné et la prise de poids. On peut aussi prendre soi-même quelques mesures en changeant ses habitudes de vie. Par exemple, en limitant la consommation d'aliments transformés qui contiennent beaucoup de sucre. Avoir une alimentation équilibrée et faire de l’exercice permettront au corps de réguler les cycles hormonaux et pourraient retarder ou même prévenir certains problèmes de santé associés au SOPK.

Il existe également des produits pouvant aider à lutter contre la perte de cheveux et la pilosité faciale, conséquences directes du SOPK. En effet, certaines femmes utilisent des shampoings et des revitalisants qui donnent du volume aux cheveux ou consultent leur professionnel de la santé sur les traitements sécuritaires qui favorisent la repousse. Concernant l’hyperpilosité, il est possible d’avoir recours à un blanchiment, à l’électrolyse et aux traitements au laser.
À noter que les contraceptifs oraux (comme la pilule) et les antiandrogènes (des médicaments qui font baisser le taux d'hormones mâles dans l'organisme) peuvent parfois aider à traiter l'acné, autre symptôme typique de la SODK. «La pilule contraceptive régule votre cycle menstruel, elle ne changera pas le SOPK sous-jacent qui réapparaîtra une fois la pilule arrêtée», prévient toutefois le spécialiste. 


Explications

Dr Chafik Chraïbi, professeur de gynécologie obstétrique et chef de service à la maternité des Orangers du CHU de Rabat

«La pilule permet de régulariser le cycle et de faire disparaître les kystes, mais elle ne traite pas la maladie»

Qu'est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?
Le syndrome «ovaires polykystiques» (SOPK) ou encore syndrome de Stein-Leventhal, doit son nom au fait de la présence, à l'échographie, de plusieurs petits kystes ne dépassant pas 8 à 10 mm situés typiquement sur le pourtour des ovaires. Ces petits kystes sont en fait des follicules qui n’arrivent pas à maturation et donc qui n'ovulent pas, ce qui va être responsable d'infertilité.

À quoi est dû ce syndrome ?
À un déséquilibre hormonal en rapport avec une immaturité de l'hypothalamus. Classiquement, il est responsable d'un cortège de signes cliniques comme le retard des règles pouvant aller jusqu'à deux à trois mois ou même plus (aménorrhée), de l’obésité, d’une hyperpilosité faciale et corporelle ou encore de l’acné. Le SOPK est également lié à une résistance à l’insuline (comme le diabète) et peut affecter de nombreux autres systèmes dans l'organisme et entraîner des conséquences sur la santé à long terme.

Quelle est sa prévalence au Maroc ? Est-il plus courant aujourd'hui et pourquoi ?
Ce syndrome est très fréquent partout dans le monde et s’observe chez les jeunes filles et jeunes femmes aux alentours de la trentaine, on estime sa fréquence à 15 ou 20%, la pollution environnementale pourrait y jouer un rôle, ce qui peut expliquer sa prévalence accrue ces dernières années.

Comment savoir que l'on en est atteint ?
La symptomatologie clinique, biologique et échographique suscitée ne laisse en général aucun doute. Les femmes ayant des règles qui tardent ou qui présentent une infertilité pourront aussi demander des examens complémentaires.

Quels sont les principauxfacteurs de risques ?
Il semble exister une relation entre l'exposition aux perturbateurs endocriniens au cours de la vie utérine et les ovaires polykystiques, d’où la théorie héréditaire ou génétique.

Quelles sont les complications observées chez les patientes ?
Infertilité, pilosité excessive, diabète ou prédiabète (intolérance au glucose) qui tend à commencer à un âge plus jeune, maladies du cœur (comme la crise cardiaque et l’hypertension artérielle) et des taux plus élevés de mauvais cholestérol, un risque accru de diabète gestationnel (diabète survenant pendant la grossesse), hypertension artérielle provoquée par la grossesse et accouchement prématuré, apnée du sommeil (brèves périodes pendant lesquelles on cesse de respirer en dormant), risque légèrement accru de cancer du sein, et cancer de l’endomètre. Ces problèmes ne se manifesteront pas chez toutes les femmes atteintes du SOPK ; toutefois, ils représentent un risque accru.

La pilule a-t-elle une incidence sur ce syndrome ?
La pilule permet de régulariser le cycle et de faire disparaitre les kystes, mais elle ne traite pas la maladie.

Quels sont alors les traitements utilisés aujourd'hui ?
La mise en place d'un régime alimentaire induit une amélioration globale des symptômes (hyperandrogénie, infertilité et aménorrhée). Un tel amaigrissement (de l'ordre de 15% et d'au moins 5%) diminue le taux des androgènes, en particulier la testostérone libre, et suffit à entraîner des cycles ovulatoires dans plus de la moitié des cas. La pratique d'un sport régulier aide à stabiliser les taux d'hormones anormaux dans le corps, à éliminer les graisses (où est principalement stocké entre autres le bisphénol A), entraînant une réduction de la pilosité et de l'acné. Suivre un régime à index glycémique faible régule le taux d'insuline. Les glucides sont alors apportés par les fruits, les légumes et les céréales complètes et non raffinées. Chez une personne ne désirant pas de grossesse, la pilule est d’un grand apport, associée à des médicaments anti-androgéniques et, le cas échéant, à des thérapeutiques anti-acnéiques. Quand la femme désire une grossesse, ce qui est souvent le cas, on peut commencer par faire disparaitre les kystes avec la pilule, ensuite on utilise des inducteurs de l’ovulation à faible dose en faisant attention au risque de l’hyperstimulation.

Vous parlez d’hyperstimulation. Existe-t-il donc un lien entre ce syndrome et le fait d'accoucher de plusieurs
enfants ?
Je prends l'exemple de la mère casablancaise qui a donné naissance à des quintuplés et qui avait, selon certaines sources, été associée à ce syndrome. L’induction de l’ovulation peut être responsable de la production de plusieurs ovules et donc d’une multi ovulation et si celle-ci n’est pas monitorée echographiquement par le médecin, la femme est alors susceptible de faire une grossesse multiple, ce n’est donc pas la maladie qui en est responsable, mais son traitement.

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