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L'hernie discale, un mal qui prend à revers

Nombreuses sont les personnes porteuses d'une hernie discale, mais qui ignorent, du moins jusqu’au jour où des complications viennent la révéler : sciatique, lombago, cervicalgies… Des affections aussi douloureuses les unes que les autres, conséquences de nos mauvaises habitudes.

L'hernie discale, un mal qui prend à revers
Une mauvaise posture, un faux mouvement ou une lourde charge peuvent être à l'origine d'une douloureuse lombalgie.

«Une enquête réalisée auprès des rhumatologues marocains en 2001, avec la Ligue internationale de rhumatologie, puis auprès des rhumatologues nord-africains en 2006 avec la Société française de rhumatologie, avait montré qu’au Maroc, aussi bien qu’en Algérie et en Tunisie, les lombalgies et les lombosciatiques représentaient 30% des pathologies que traitaient les rhumatologues, ce qui représente un chiffre très élevé», indique le professeur Najia H. Hassouni, rhumatologue, ancien doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et actuelle présidente de l’AMAR (Association marocaine de rhumatologie et d’aide sociale aux rhumatisants).

Pourquoi le mal de dos est-il donc si répandu et pourquoi nous fait-il tant souffrir ? Selon elle, nous aurions mal au dos, parce que nous marchons sur deux «pattes». «Les animaux à quatre pattes ont la même répartition des pressions sur l’ensemble de leurs disques intervertébraux.
L’homme ayant acquis la station debout, a du coup une pression beaucoup plus élevée dans la région lombaire (bas du dos), d’où la fréquence des lombalgies et des statiques à ce niveau», explique-t-elle.
En effet, la colonne vertébrale est constituée de vertèbres séparées entre elles par des disques intervertébraux. Ces disques jouent le rôle d’«amortisseurs» de pression pour la colonne vertébrale et facilitent le mouvement. Chaque disque est constitué d’un anneau fibreux au milieu duquel existe un noyau gélatineux très souple.
Ainsi, en station debout, sous la pression constante, les disques de la colonne s’usent plus facilement et se tassent. En effet, avec l’âge et certains facteurs favorisants, ces lamelles fibreuses peuvent se fissurer et atteindre le noyau gélatineux. Cette substance contenue dans le noyau glisse alors en arrière et fait saillie dans le canal rachidien. C’est ce que l’on appelle une hernie discale. «Selon l’étage, nous aurons affaire à une maladie différente. Au bas du dos, on parlera de lumbago, mieux connu sous l’appellation “tour de rein”. Au niveau du cou, ce seront des cervicalgies aiguës et, entre les deux, des dorsalgies», précise-t-elle.

Si le glissement se poursuit plus loin, cette hernie discale peut alors comprimer les racines d’un nerf, provoquant une réaction bien plus douloureuse. «La plus fréquente est la compression d’une des branches du nerf sciatique au niveau du rachis lombaire (bas du dos). Il peut aussi s’agir plus haut de cruralgies, ou encore au niveau du rachis cervical (cou) de névralgies cervico-brachiales», poursuit la même source.
Les lombalgies et lombosciatiques, dues à une hernie discale surviennent le plus souvent dans la tranche d’âge entre 30 et 65 ans, même s’ils existent chez des sujets plus jeunes ou plus âgés. La fréquence est pratiquement égale chez les hommes et les femmes. Elle peut varier en fonction de la pénibilité du travail exercé et tend à diminuer avec l’âge.

On considère que le fait d’avoir déjà fait une sciatique prédispose aux rechutes. De même, l’excès de sollicitation de la colonne vertébrale (sports de haut niveau, ports de charges lourdes régulières, travaux pénibles, etc.) peut aussi prédisposer à tous les problèmes du rachis lombaire, dont la hernie discale. On parle aussi de facteurs environnementaux (le tabagisme ou l’athérosclérose). Sont incriminés également les gènes codants pour le récepteur de la vitamine D.

C’est pourquoi la spécialiste conseille aux patients d’adopter dès le départ de bonnes habitudes. D'abord, «le repos strict est à réduire au minimum», avertit le médecin.
Durant longtemps, rester alité était la recommandation principale des spécialistes. Aujourd’hui, des études ont montré qu’il valait mieux ne pas dépasser un jour ou deux de repos. «En effet, une période de repos prolongée peut entraîner un déconditionnement progressif sur le plan musculaire et articulaire ainsi qu’au niveau cardio-respiratoire, ce qui signifie que le dos perd progressivement la capacité de répondre aux nécessités de la vie quotidienne», déclare la spécialiste.

Mieux vaut donc encourager la poursuite de l'activité la plus normale possible, dans la limite du supportable. «Marche à pied et natation sont des activités bénéfiques pour prévenir la hernie et ses complications», commente Najia H. Hassouni.
En effet, la pratique d’une activité physique permet d’entretenir la musculature du dos et la condition physique, tout en procurant une sensation de bien-être liée à l’effort musculaire. Enfin, il est également utile d'observer quelques conseils d’hygiène du dos comme : «éviter de porter des objets lourds ou le faire avec un corset, toujours se baisser en fléchissant les genoux, contrôler sa posture assise, en évitant le dos rond et éviter aussi de croiser les jambes», conclut la spécialiste. 


Explications

Pr Najia Hajjaj-Hassouni, présidente de l’Association marocaine de rhumatologie et d’aide sociale aux rhumatisants (AMRAR)

«Il est courant que les patients ignorent qu’ils ont une hernie»

Quels sont les symptômes d’une hernie discale ?
Parfois, il n’y en a pas, justement. En effet, il a été démontré, grâce à l’imagerie par IRM ou par scanner, qu’environ 15% des personnes de 30-50 ans sont porteuses d’une hernie discale sans le savoir. Elle ne donne lieu à des symptômes que lorsqu’elle vient comprimer des structures anatomiques très riches en nerfs et dont la compression va provoquer des douleurs. Lorsque le patient se plaint d’une douleur dans le bas du dos, on parle de lumbago ou lombalgie, mieux connue sous l’appellation «tour de rein».
La sciatique, elle, concerne une douleur allant du rachis lombaire jusque dans la jambe.

Vers quel spécialiste se tourner pour établir un diagnostic ?
Devant toute douleur inexpliquée et persistante, il faut rapidement consulter. Le rhumatologue est le spécialiste à consulter en première intention. La collaboration entre le rhumatologue, le médecin généraliste, la médecine physique et la réadaptation fonctionnelle permettra un suivi efficace et une bonne prévention des rechutes.

Comment traiter une hernie discale ?
La douleur pourra être soulagée par la prise de paracétamol ou d’un médicament opioïde faible ou fort, associé à une prise d’anti-inflammatoire non stéroïdien pour traiter l’inflammation.
Le traitement doit être pris régulièrement et pas seulement quand la douleur se réveille. Bien suivi, ce traitement amène habituellement la guérison dans les trois mois pour 75% des malades.
Si, en ayant suivi ce traitement 2 à 3 semaines, la douleur n’est pas soulagée, des infiltrations de corticoïdes par voie épidurale, effectuées par le rhumatologue entre deux vertèbres, peuvent
être réalisées. Il est aussi possible que votre médecin préconise le port d’un corset pour soulager le dos.

Faut-il recourir à la chirurgie ?
Il faut rappeler que la chirurgie doit rester limitée à des situations précises. Actuellement, elle n’est nécessaire que dans environ 5% des cas. De plus, même après la chirurgie, rien n’empêche une nouvelle crise.

Il existe donc des risques de récidive ?
La rechute est possible. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement capable de «guérir» définitivement le disque intervertébral lésé. Quelques essais de prothèse discale existent aujourd’hui, mais leur effet et leurs dangers ne sont pas encore bien connus. Mieux vaut donc les éviter.

Comment prévenir l’apparition d’une hernie discale ou d’une nouvelle crise alors ?
En étant actif et en ne restant pas trop alité. Je conseille la marche à pied ou la natation. En effet, la pratique d’une activité physique permet d’entretenir la musculature du dos et la condition physique, tout en procurant une sensation de bien-être liée à l’effort musculaire. Il faut suivre quelques conseils d’hygiène du dos, notamment éviter de porter les objets lourds (sans corset), fléchir les genoux pour se baisser, ou encore contrôler sa posture assise, en évitant le dos rond. La rééducation médicale joue ici un rôle majeur, en aidant le malade à corriger ses postures nocives pour la colonne vertébrale, et en lui permettant de passer en confiance à une phase active.

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