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Plus de 40% de la population souffrent de troubles mentaux

Plus de 40% de la population souffrent  de troubles mentaux
La plupart des maladies mentales ne sont pas prises en charge au Maroc.

Sanofi et l’Association mondiale de psychiatrie sociale ont organisé ce jeudi, en marge du cinquième Forum Impact Mental Health, une manifestation qui a permis de partager plusieurs expériences concernant les programmes de prise en charge des troubles mentaux dans différents pays. Au Maroc, un peu plus de 40% de la population de plus de 15 ans souffrent, ou ont souffert, d’au moins un trouble mental. En comparaison, plus de 450 millions de personnes dans le monde souffrent de troubles mentaux. Ces derniers représentent la deuxième cause de morbi-mortalité dans les pays en développement. «Environ 80% des personnes atteintes de troubles mentaux sévères dans ces pays ne reçoivent aucun traitement», a déclaré le Professeur Tom Craig, président de l’Association mondiale de psychiatrie sociale. Et de poursuivre : «Pourtant, avec des soins adaptés et un soutien psychosocial approprié, la guérison est possible pour la plupart d’entre elles».
Les troubles mentaux représentent, au Maroc comme ailleurs, un réel problème de santé publique. La santé mentale fait aujourd’hui partie des priorités de la stratégie sectorielle (2012-2016) du ministère de la Santé, auquel Sanofi apporte son soutien dans le cadre d’un partenariat public-privé. Le programme mis en œuvre par ce partenariat vise à renforcer et à améliorer la prise en charge des troubles mentaux, à former les professionnels de santé et à lutter contre la stigmatisation des patients.

Pour contribuer à la formation des professionnels et des populations, différents outils ont été mis en place : bandes dessinées, boîtes à images et supports d’information. Mis à la disposition des autorités de santé publique et des ONG, ces outils pourront ensuite être adaptés aux spécificités de chaque pays. Ainsi, les partenaires espèrent déconstruire les préjugés sur ces maladies, qui, en plus de la difficulté d’accès de certains médicaments, constituent un frein majeur à l’accès aux soins. Comme le souligne M. Craig, «des populations mal informées et des symptômes mal perçus font des patients exclus».

Ce manque d’accès aux soins, de connaissances de ces maladies ou le coût de leur traitement font parfois que le patient est rejeté par sa famille. Seul, il peut représenter un danger pour lui-même et les personnes qui croisent son chemin. «60% des prisonniers dans le monde ont un trouble mental : 50% en France, 60% au Canada. Ces études n’ont pas encore été menées au Maroc, mais je suis sûr qu’on trouverait 65% à 70%», se désole le Pr Moussaoui en précisant que leur place ne devrait pas être dans ces centres d’incarcération, mais dans des établissements spécialisés, bien que peu nombreux sur le territoire. «Les seuls établissements existants sont déjà complets», a-t-il ajouté.
De plus, la méconnaissance des symptômes, associée à certaines croyances, contribue à une stigmatisation des patients. Persuadée que le patient est «possédé», sa famille le dissuade d’avoir recours à des services de soins spécialisés. Ils sont maintenus en marge de la société, rejetés, exclus et parfois même enchaînés dans les cas extrêmes. Ainsi, dans de nombreux pays, on signale régulièrement des violations des droits de l’Homme.

Par ailleurs, dans les pays à faible revenu, on compte en moyenne1 psychiatre pour 2 millions d’habitants et moins d’un infirmier pour 200.000 habitants, soit respectivement 170 et 70 fois moins que dans les pays à revenus élevés. Dans la plupart des pays, les services de santé mentale manquent donc de ressources, notamment financières. La disponibilité des médicaments pour le traitement des troubles mentaux est particulièrement faible et leur prix souvent élevé. «La baisse des prix des médicaments qu’a connue le Maroc dernièrement reste très minime. Parfois seulement 20 à 30 centimes sur ces traitements», informe Naïma Trachen, présidente de l’Association marocaine pour l'appui, le lien, l'initiation des familles des personnes souffrant de troubles psychiques (AMALI).

En outre, le Pr Driss Moussaoui rappelle que l’article 21 de la loi de 1959 stipule que l’État doit fournir, gratuitement, les médicaments à tous les patients qui ont une maladie grave. Deux maladies sont concernées par cette mesure : la tuberculose et les maladies mentales graves. «La loi pendant des décennies n’a donc pas été appliquée», s’insurge-t-il. À noter enfin que le coût économique des troubles mentaux dans les pays en développement doublera largement d’ici à 2030. Il s’élevait à 870 milliards de dollars en 2010, on estime qu’il sera de l’ordre de 2.113 milliards en 2030. 

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