Le Matin : Le voilier Rainbow Warrior a terminé sa tournée méditerranéenne baptisée «Le soleil nous unit» avec deux escales au Maroc. Quels enseignements en tire Greenpeace ?
Faïza Oulahsen : Le plus important pour nous c’est de proposer des solutions aux problèmes climatiques des pays méditerranéens. Je suis Marocaine, donc particulièrement sensible à la situation du Maghreb. Au Maroc, les changements climatiques se manifestent par une pénurie en eau, la progression de la désertification. La facture d’importation de pétrole par le Maroc, encore dépendant des énergies fossiles, reste lourde en dépit de la disponibilité du soleil. À ce titre, l’expérience de Tahala est riche en enseignement : économies financières, création d’emplois, autonomie des femmes, possibilité de développer d’autres projets économiques… et tout ça grâce à un système décentralisé qui garantit la stabilisation et la résilience des populations. Lors de notre tournée méditerranéenne «Le soleil nous unit», nous avons rencontré des gens qui aspirent à une transition vers les énergies propres au Liban, comme en Turquie ou encore au Maroc qui a développé des initiatives intelligentes et
dont pourrait bénéficier l’ensemble des
Méditerranéens.
Le Rainbow Warrior a effectué deux escales au Maroc, à Tanger et Casablanca, avec des portes ouvertes à bord. Quel intérêt le public a-t-il accordé à cette initiative ?
Un grand succès ! À Tanger, 3.000 visiteurs, qui ont pu monter à bord du voilier, ont été initiés à l’histoire de Greenpeace, ont découvert les installations solaires qui se trouvent à bord, comme les recharges de téléphones mobiles ou le chauffage de l’eau. Mais le plus important pour nous, c’étaient les visites des écoliers, car ce sera à eux de s’approprier et de développer ces nouvelles technologies propres.
Greenpeace a-t-elle un message particulier à faire passer pendant la COP 22 ?
L’Accord de Paris a été ratifié par plus de 100 pays pour combattre les changements climatiques. À Marrakech, ces mêmes pays ont besoin de mettre en place un plan d’action pour la mise en œuvre de cet accord. Cela est particulièrement important pour les pays en développement qui doivent investir davantage dans les énergies renouvelables. Mais en l’absence d’un système mondial qui régulerait ces investissements, ce qui est encore plus
important est de savoir dans quels secteurs investir : projets d’adaptation, transfert de technologies… La COP 22 de Marrakech est très importante car les pays du monde vont se parler les yeux dans les yeux et c’est une occasion pour eux de tenir leurs promesses. Car il y a urgence.