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De nombreux patients abandonnent leur traitement en cours de route

Certaines maladies exigent de suivre scrupuleusement un traitement adapté. Cependant, force est de constater que beaucoup de patients ne respectent pas toujours la posologie ou la durée de leur traitement. C’est le cas des patients rhumatisants, qui ont d’ailleurs fait l’objet d’une étude analysant leurs réticences. La Société marocaine de rhumatologie publie aujourd’hui les résultats et les recommandations de cette étude.

De nombreux patients abandonnent leur traitement en cours de route
L’abandon du traitement peut être intentionnel ou non.

À l’occasion de sa troisième campagne de sensibilisation aux maladies rhumatismales, la Société marocaine de rhumatologie (SMR) publie les résultats d’une étude marocaine récente réalisée par le Dr Imad Ghozlani, du Service de rhumatologie du premier Centre médico-chirurgical des Forces armées royales, en collaboration avec le Pr Radouane Niamane, chef du Service de rhumatologie à l’Hôpital militaire Avicenne de Marrakech et les docteurs Mirieme Ghazi et Anass Kherrab. Cette étude traite des facteurs responsables de l’abandon du traitement des patients rhumatisants.

L’adhésion à un traitement est habituellement définie en fonction du comportement du patient vis-à-vis des recommandations du professionnel de la santé. Le respect de ses consignes passe par trois phases : l’acceptation, la persistance et l’observance. «Lorsque la personne, qui a reçu une ordonnance, se rend à la pharmacie pour la faire exécuter une première fois, elle accepte son traitement. Si elle poursuit son traitement pendant toute la durée prévue, elle est persistante. Enfin, si elle le prend exactement comme la posologie l’exige, elle est observante», expliquent les auteurs de cette étude.

Cependant, de nombreux patients abandonnent leur traitement. Les raisons sont multiples. On distingue tout d’abord les facteurs associés à la personne (par exemple la fréquence de ses oublis), ses croyances en lien avec l’efficacité du médicament et ses effets indésirables, ou encore la perception du risque encouru. Viennent ensuite les caractéristiques du traitement médicamenteux (modalités de prise, tolérance). Enfin, d’autres caractéristiques peuvent aussi être à la source du problème d’adhésion. Ces caractéristiques concernent l’autonomie du patient et son état de santé, la relation entre patient et professionnels soignants, le contexte social et économique du malade et les caractéristiques du système de santé. Dans ce sens, «l’évaluation de la capacité du patient à vouloir poursuivre son traitement au cours d’une maladie rhumatismale est primordiale et contribue indéniablement à mieux contrôler la pathologie, améliorer la qualité de vie et rehausser l’économie de santé du patient», rappelle le Dr Imad Ghozlani. D'autant qu’après avoir consulté des médecins traitants, l’étude a démontré que c’est le patient qui décide lui-même s’il prend ou non son traitement, même si sa décision peut paraître infondée aux yeux du soignant.

En effet, l’abandon du traitement peut être intentionnel ou non. L’abandon non intentionnel se réfère à des limitations en termes de capacités ou de ressources, comme un oubli et/ou un manque de connaissances ou d’informations sur la maladie et le traitement. «Ce type d’abandon sera le plus sensible aux interventions éducatives et correctrices», explique le Dr Imad Ghozlani. En revanche, l’abandon intentionnel, se référant principalement aux croyances et perceptions des patients par rapport à la maladie et son traitement, sera plus difficile à corriger. «Afin d’agir sur ce type de refus, il est important de comprendre le patient dans sa globalité, son expérience, ses priorités et ses préférences afin de mettre en place une stratégie d’actions et un traitement thérapeutique adapté auquel le patient pourra finalement adhérer», poursuit la même source.

C’est pourquoi la SMR recommande en premier lieu au médecin traitant de consacrer un temps suffisant pour transmettre une information claire et précise sur la maladie, ses risques évolutifs et l’intérêt du traitement. Ainsi, les spécialistes conseillent de privilégier, lorsque cela est possible, les traitements de longue durée pour mieux amortir les irrégularités d’horaire. Par ailleurs, il peut être également recommandé de préférer la voie transcutanée hebdomadaire plutôt que la voie orale. «Une injection réalisée par une infirmière garantit la prise thérapeutique». En effet, les résultats de l’étude montrent que pour une prise médicamenteuse quotidienne, les patients respectaient à 79% leur traitement lors de la première prise, un taux qui chute à 69% à la deuxième prise, 65% à la troisième et 51% à la quatrième.

Le deuxième type de stratégie s’intéresse au comportement du patient en l’aidant, par exemple, à travers une messagerie de groupe. Des systèmes dotés de récompenses pour les patients respectant bien leur traitement ont même été proposés. Le troisième axe d’amélioration est primordial, car il repose sur l’éducation thérapeutique du patient, que celle-ci soit individuelle ou collective, orale ou écrite, essayant d’améliorer et d’adapter l’information et la compréhension du patient. «C’est un processus conçu pour former les patients aux compétences d’auto-soins ou d’adaptation de leur traitement à leur maladie chronique. Elle intervient en complément des traitements habituels pour permettre à un patient de prendre en charge le traitement de sa maladie et d’éviter les complications, tout en maintenant ou améliorant sa qualité de vie», précise la SMR, soulignant par la même occasion qu’une meilleure prise en charge du coût des médicaments par un tiers payeur serait aussi associée à une meilleure adhésion au traitement.

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