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Selon les statistiques, le Maroc enregistre 34.000 nouveaux cas de cancers chaque année, dont 5.000 rien que pour le cancer du poumon. Ce type de cancer fait donc partie des plus meurtriers avec celui du pancréas. L’une des principales causes du cancer du poumon reste bien évidemment le tabagisme. Selon la Fondation Lalla Selma de lutte contre le cancer, «90% des cancers du poumon sont dus au tabac». En effet, le Maroc est considéré comme l'un des plus grands consommateurs de tabac dans la zone méditerranéenne avec plus de 15 milliards de cigarettes fumées par an. «Sa prévalence est estimée à 31,5% chez les hommes et 3,3% chez les femmes. Près de 41% de la population est exposée au tabagisme passif», indique la même source. Pourtant, depuis 1996, le Royaume dispose d'une loi antitabac (n° 15-91) qui interdit sa consommation dans certains lieux publics, la propagande et la publicité au profit du tabac. Cependant, force est de constater que le texte reste très rarement appliqué, même 10 ans après.
Une des alternatives au tabac résidait jusque-là dans la e-cigarette, dont les mérites n’ont cessé d’être vantés depuis sa sortie. Elle a depuis séduit bon nombre de fumeurs qui voyaient en elle un «remède» à leur tabagisme. Devenue un véritable phénomène de mode en quelques années, son utilisation reste aujourd’hui largement controversée.
Pour le Dr Ali Tahiri, président de la Société marocaine de cancérologie et coordinateur du nouvel ouvrage intitulé «Le cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules, connaissances et pratique», présenté à l’occasion du cinquième colloque d’oncologie thoracique de Marrakech, «si “fumer tue”, les effets de l’e-cigarette sur la santé des vapoteurs sont encore peu connus, mais les spécialistes s’accordent sur sa dangerosité». Le cancérologue appuie ses conclusions sur des travaux scientifiques internationaux très crédibles. À commencer par celle de la Food and Drug Administration aux États-Unis qui a démontré la présence de produits toxiques dans la cigarette électronique. Par ailleurs, dans une publication parue en novembre 2014, les chercheurs nippons déclarent que la vapeur de l’e-cigarette serait elle-même toxique. Pire, des substances cancérigènes, notamment le formaldéhyde, seraient parfois plus présentes que lorsque l’on fume une cigarette traditionnelle. L’étude de l’Université de Boston publiée en janvier 2015 semble confirmer ces résultats. Surchauffée, une vapoteuse serait 5 à 15 fois plus toxique qu’une cigarette normale. Par ailleurs, la vapeur de e-cigarette peut contenir dans certains cas de la nicotine, selon le rapport d’experts de l’Office français de prévention du tabagisme (mai 2013), rapporte le Dr Tahiri dans ce nouvel ouvrage. Celui-ci a également tenu à rappeler que «la cigarette électronique est actuellement interdite dans les lieux publics dans la majorité des pays européens et en Amérique du Nord».
Des mesures qui ne doivent sûrement pas être dénuées de sens et dont devraient s’inspirer nos autorités locales. D’ailleurs, le ministère de la Santé lui-même affirmait en 2014 «déconseiller formellement la cigarette électronique et de manière générale le tabagisme, quels que soient la nature ou les produits utilisés, dont les composants sont la première source de maladies cardiovasculaires et de plusieurs cancers incurables chez les hommes et les femmes». Une position qu'a confortée par l’Organisation mondiale de la santé un an plus tard en déclarant dans un communiqué : «Utiliser des e-cigarettes comporte certains risques pour la santé. Les e-cigarettes contiennent et délivrent différents niveaux de nicotine, parfois identiques à ceux contenus dans les cigarettes de tabac. Pour résumer, les preuves existantes montrent que l’utilisation d’e-cigarettes présente un danger grave pour les adolescents et les fœtus et accroit l’exposition des non-fumeurs et des tiers à la nicotine et à un certain nombre de substances toxiques».
