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Les alertes sur le changement climatique ignorées par les politiques d'urbanisation

L’absence de prise en considération par les politiques d’urbanisation des alertes lancées par les scientifiques sur les risques qu’encourt le littoral marocain menacé de disparition en raison des changements climatiques et les lacunes observées dans la gestion des eaux, remettent à l’ordre du jour la nécessité de créer un Observatoire de la mer qui serait chargé de la gestion de ce bien unique aux multiples usages.

Les alertes sur le changement climatique ignorées par les politiques d'urbanisation
Les intervenants ont plaidé pour la création d'un Observatoire de la mer.

«On n’écoute pas !» Ce cri d’alarme est lancé par Maria Snoussi, professeur à l’Université Mohammed V de Rabat. À El Jadida, où se déroule le Forum de la mer (4-8 mai), l’universitaire déplore la non prise en considération par les autorités publiques des alertes lancées par les scientifiques sur l’imminence des risques qui pèsent sur le littoral marocain en raison des changements climatiques. Dans le cadre d’un master, un scénario a été étudié sur les dangers qui guettent Mohammedia en cas d’une élévation d’un mètre du niveau de la mer : «dans pas longtemps, la raffinerie de la Samir, le port, les infrastructures touristiques, la zone humide, le réseau de communication, le patrimoine culturel…. disparaitront». Le constat est sans appel et s’appuie également sur les épisodes de «sur-côte» des 5 et 6 février 2014 et qui ont frappé les côtes marocaines «de Tanger à Laâyoune» causant des dégâts considérables. Maria Snoussi a également rafraichi la mémoire de l’assistance en lui rappelant la houle de 16 mètres de 2008 qui a détruit, entre autres, un tronçon routier de Salé et le mur de protection du port. «Ces événements n’ont rien d’exceptionnel et la mémoire humaine avait vite fait de les effacer. Mais avec les changements climatiques, ils interviennent plus fréquemment et plus intensément.

Malheureusement, on continue à construire de la même façon». La professeure a rappelé qu’alors même que la station balnéaire de Saïdia était en chantier, des universitaires avaient attiré l’attention sur la fragilité du site : «Et maintenant, on se rend compte que le niveau de salinité des nappes phréatiques a augmenté». Et avant que la mer n’efface sur le sable les travaux des scientifiques, le Forum de la mer d’El Jadida est l’occasion de rappeler la nécessité d’un Observatoire de la mer, un organisme transversal qui aurait la charge de réunir tous les acteurs qui interviennent sur le littoral, ce bien unique aux multiples usages.

Même la magnifique baie de Dakhla «ne sera plus la même dans cinq ans», avertit Louis Le Guen, directeur général d’Azura Aquaculture, qui gère l’écloserie de Dakhla inaugurée en février dernier qui a nécessité une enveloppe budgétaire globale de 81 millions de DH. La menace vient, d’après Louis Le Guen, du rejet des eaux usées dans l’eau de mer. «Il n’y a pas de politique de gestion des eaux usées». Ces constats sont à prendre en considération au moins avant mai 2017. Passé ce délai, le Maroc ne pourra plus déposer sa demande d’extension de son plateau continental, la zone d’exclusivité économique qui s’étale sur 1,1 million de km2 sur lesquels le Royaume exerce ses droits souverains. La demande est d’augmenter le domaine maritime du Maroc de 75%. Rendons-nous bien compte : le Maroc dispose d’une superficie maritime bien supérieure à sa surface terrestre. Cela vaut bien un Observatoire de la mer. 

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