«Les Perspectives des migrations internationales», rapport publié annuellement par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a été rendu public jeudi dernier. La 41e édition analyse l’impact de l’augmentation récente des migrations humanitaires dans les pays de l’OCDE. Il observe également l’évolution de la situation des immigrés sur le marché du travail dans ces pays tout en mettant l’accent sur les dynamiques de moyen terme et les implications des évolutions structurelles du marché du travail. Le document fait ressortir qu’en 2016, les entrées de migrants à caractère permanent dans les pays de l’OCDE ont augmenté pour la troisième année consécutive. Environ 5 millions de personnes sont venues s’installer dans les pays de l’OCDE en 2016, un chiffre nettement supérieur au précédent pic, observé en 2007, avant la crise économique.
Le rapport montre que pendant plus de dix ans, les six principaux pays d’origine des nouveaux immigrés vers les pays de l’OCDE sont restés quasiment inchangés, à savoir par ordre d’importance décroissante : la Chine, la Roumanie, la Pologne, l’Inde, le Mexique et les Philippines. Le Maroc figure, dans ce cadre, au 22e rang. En 2015, si la Chine reste au premier rang, la Syrie a pris la deuxième place. Le nombre d’entrées des ressortissants syriens a triplé entre 2014 et 2015, représentant désormais plus de 6% de l’ensemble des flux enregistrés vers les pays de l’OCDE. Alors que les Marocains ont représenté un taux de 1,2% du total des entrées vers les pays de l’OCDE, avec une évolution de plus de 2% par rapport à 2014.
Sur un autre registre, le rapport fait ressortir qu’en 2015, un peu plus de 2 millions de personnes ont acquis la nationalité d’un pays de l’OCDE. Dans ce sens, le Maroc figure parmi les 20 principaux pays ayant acquis la nationalité dans les pays de l’OCDE. D’ailleurs, les cinq principaux pays d’origine des étrangers naturalisés sont l’Inde (130.000 personnes), le Mexique (112.000), les Philippines (94.000), le Maroc (92.000) et la Chine (78.000). S’agissant des entrées des travailleurs saisonniers dans les pays de l’Union européenne, elles restent de faible ampleur ou inexistantes. Or les principaux flux de travailleurs saisonniers de ressortissants de pays tiers de l’OCDE proviennent notamment de la Fédération de Russie et de l'Ukraine, mais aussi du Maroc (ils s’installent en France, en Italie et Espagne).
Le rapport met en avant les tendances et les principaux enjeux des migrations familiales vers les pays de l’OCDE, mettant en évidence les défis émergents pour la gestion des migrations pour raisons familiales. Il relève que les migrations familiales représentent presque 40% des entrées et entre le quart et la moitié des immigrés, même si leur part dans les migrations totales a diminué ces dernières années. En ce qui concerne le Maroc, c’est en France que le taux le plus important des entrées pour raisons familiales est signalé, à côté de deux autres pays maghrébins, la Tunisie et l’Algérie en l’occurrence.
S’agissant de l’ampleur de l’immigration par pays en 2015, il est à souligner que le nombre des immigrants ayant bénéficié des autorisations de séjour pour raisons familiales est passé à 26.000 (+13%) en Belgique. Les migrants familiaux étaient essentiellement des ressortissants du Maroc, de l’Inde et de la Turquie. En Espagne, malgré un léger déclin du nombre d’immigrés roumains, ces derniers représentaient près de 10% des 290.000 entrées de ressortissants étrangers en 2015 et restaient donc la première nationalité d’immigration. Les Marocains arrivaient en deuxième position, avec 23.000 immigrés (+4 000 environ). Ainsi, entre 2014 et 2015, le nombre de naturalisations au titre de la résidence est passé de 94.000 à 78.000, ce qui représente le niveau le plus bas depuis 2007. Les principaux pays d’origine étaient le Maroc, l’Équateur, la Colombie et la Bolivie.
En 2015, la France a délivré 217.500 nouveaux permis de résidence à des ressortissants de pays non membres de l’Union européenne, contre 211.000 en 2014. Un tiers de ces permis de résidence ont été délivrés à des ressortissants nord-africains (Algérie, Maroc et Tunisie) et plus d’un cinquième à des ressortissants d’Afrique subsaharienne. En outre, le nombre de régularisations de travailleurs étrangers est resté stable en 2015. Environ un tiers des travailleurs immigrés de pays hors UE étaient originaires du Maroc, des États-Unis et de la Tunisie. Aussi, l’admission des étudiants, qui représentent la deuxième composante des flux migratoires, a progressé de 7,4% en 2015, sachant que les principaux pays d’origine des nouveaux étudiants non ressortissants de l’UE sont la Chine et le Maroc. En Italie, environ cinq millions d’immigrés résidaient en 2015, ce qui correspond à 8,3% de la population totale. Les principaux pays d’origine étaient la Roumanie (1,1 million), l’Albanie (467.000) et le Maroc (437.000). Parmi les 280.000 personnes qui ont enregistré leur résidence en Italie depuis l’étranger, près de 90% étaient des ressortissants étrangers. Les principaux pays d’origine étaient la Roumanie (46.400), le Maroc (15.000) et la Chine (14.800). Au total, 238.900 nouveaux permis de séjour ont été délivrés en 2015, ce qui équivaut à une baisse de 3,9% par rapport à 2014. Les principaux bénéficiaires de ces premiers permis ont été les Marocains et les Albanais, principalement au titre du regroupement familial.
«Les Perspectives des migrations internationales» a également fait le point sur les statistiques relatives aux entrées de demandeurs d’asile. Ainsi, en ce qui concerne les nouvelles demandes d’asile par nationalité, celles-ci sont passées de 77 demandes enregistrées en Autriche en 2006 à 953 en 2016 (666 en 2015, 220 en 2014, 516 en 2013 et 353 en 2012). Les demandes d’asile des Marocains enregistrées au Danemark sont passées de 14 demandes en 2006 à 347 en 2016 (183 en 2015, 226 en 2014, 162 en 2013 et 108 en 2012). En Espagne ces demandes ont atteint le chiffre de 343 demandes en 2016, contre 281 en 2006 (397 en 2015, 91 en 2014, 46 en 2013 et 47 en 2012). Dans d’autres pays de l’OCDE, quelque 96 demandes d’asiles ont été enregistrées en 2016 en Finlande (contre 115 en 2015), 459 en Grèce (contre 50 en 2015), 937 en Hongrie (contre 245 en 2015 et seulement 4 en 2014), 14 demandes en Islande… Or le plus grand nombre de demandes d’asile ont été enregistrées en Italie avec 1.554 demandes en 2016 (contre 575 en 2015, 312 en 2014, 307 en 2013 et 282 en 2012). Un taux également élevé est enregistré aux Pays-Bas avec 1.274 demandes (contre 76 en 2015 et 42 en 2014). Un taux moindre est signalé en Suède avec 793 demandes en 2016 (contre 372 en 2015 et 666 en 2014).