La Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion a organisé, du 21 au 23 mars, la deuxième édition de l’Université du printemps au profit des pensionnaires des établissements pénitentiaires. Placé sous le signe «Quel rôle des élus dans la réinsertion des prisonniers ?» cet événement a connu la participation d’organismes des droits de l’Homme, d’élus ainsi que de représentants de la société civile. Près de 160 pensionnaires de différents établissements pénitentiaires, porteurs de diplômes universitaires ont pu prendre part à cette manifestation qui a connu l’organisation de six conférences animées par des professeurs universitaires et des spécialistes ainsi que six ateliers thématiques.
Cette louable initiative fait suite à l’Université d’été, organisée par la Délégation générale l’été dernier et qui a connu un franc succès, comme le souligne Mohammed Saleh Tamek, délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, dans la mesure où elle a permis de créer un espace de dialogue et de débat entre les détenus et les professeurs animateurs. Ce rendez-vous a constitué également une occasion pour les prisonniers de mettre en avant les compétences et les acquis qu’ils ont développés tout au long de leurs parcours académiques. Revenant sur la thématique retenue pour cette édition, M. Tamek a fait savoir que ce choix a été dicté par plusieurs raisons, notamment le souci de promouvoir la réinsertion des détenus après leur mise en liberté et d’encourager les différentes institutions à placer cet objectif parmi leurs priorités. À cet égard, M. Tamek s’est dit inquiet de constater que la réintégration des prisonniers dans les politiques publiques et les stratégies de développement restent en deçà des attentes et des aspirations de la Délégation.
De son côté, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme, a insisté, dans son allocution prononcée à l’ouverture de cette rencontre, sur la nécessité d’adopter une approche participative entre les différents partenaires pour garantir une réinsertion des détenus après la fin de leur peine. Le haut responsable a indiqué que la réussite de la réinsertion des détenus reste tributaire de l’acquisition de compétences professionnelles au cours du séjour carcérale, d’où l’importance de renforcer l’offre de formation professionnelle. Évoquant la réinsertion post carcérale, M. El Yazami a rappelé que cette dernière nécessite un travail sur l’ensemble des problèmes du détenu, à savoir sa situation administrative (vu que la plupart des détenus ne disposent souvent plus de papiers), sa situation familiale et sa santé. Sur ce volet, M. El Yazami a appelé les élus à participer à ce grand chantier afin de garantir l’aboutissement du projet de réinsertion.
Pour sa part, Abderrahim Jamaï, président de l’Observatoire marocain des prisons, a appelé les différents partenaires, particulièrement les représentants de la société civile et les organisations non gouvernementales, à poursuivre leurs efforts pour garantir la réussite de la réinsertion sociale des prisonniers, que ce soit par l’évaluation des programmes de réinsertion, par leur suivi où par l’observation critique, et à élaborer des propositions à même d’améliorer le projet de réinsertion des détenus au sein de la société. S’adressant à l’Administration pénitentiaire, M. Jamaï a plaidé pour le renforcement des efforts pour favoriser l’accès des prisonniers à leurs droits économiques et sociaux.