Abdelhafid Marzak
22 Janvier 2024
À 12:09
Les effets des
perturbations en mer Rouge sur le
commerce international ne sont plus à démontrer. Les
flux d'exportations agricoles sont particulièrement impactés, notamment vers et depuis l’
Asie. Quel impact pour les
exportations marocaines ?
Selon
Mourad Erraguragui, vice-président de l'Association marocaine des transports routiers intercontinentaux (AMTRI) au Maroc, cité par la plateforme d’information
Hortidaily.com, «le déficit commercial deviendra bientôt apparent - si rien ne change - au moment du Nouvel an chinois, qui constitue une grande opportunité pour les
exportations de fruits vers la Chine». La crise coïncide également avec la
période d'approvisionnement en préparation au mois de Ramadan, qui coupe les exportateurs marocains des pays à forte population musulmane d'Asie, comme
l'Inde, le Bangladesh, le Pakistan, l'Indonésie et la Malaisie.
Dans une nouvelle étude, Allianz Trade analyse l’impact de la crise de la mer Rouge, une route essentielle pour le commerce international , sur les perspectives économiques régionales et mondiales. Pour l’instant, l’effet reste modéré: même si le coût du fret maritime a augmenté de +240% depuis novembre 2023, il n’atteint que le quart du pic observé en 2021. Toutefois, si la crise devait se prolonger au-delà du premier semestre 2024, elle engendrerait une hausse de 0,5 point de l’inflation, une perte de 0,4 point de la croissance et de 1,1 point pour le commerce à l’échelle mondiale en 2024.
Pour l’instant, il est encore difficile d'évaluer avec précision l'impact de la crise sur les exportateurs marocains pour la simple raison que la campagne marocaine subit déjà de plein fouet les effets de la
sécheresse, qui a considérablement réduit les exportations vers l'Asie, les exportateurs se concentrant sur le
marché européen avec les volumes qu'ils ont pu récolter cette saison. Mais pour Erraguragui, «la crise en mer Rouge a exacerbé l'impact sur le
secteur agricole marocain, car
les coûts de transport vers l'Asie ont désormais doublé et
les délais de livraison ont augmenté de 10 à 15 jours. Cela rend l'exportation de produits frais marocains trop coûteuse pour le consommateur final. Sans parler des
délais de livraison longs que certains produits périssables ne peuvent supporter. Tout l'écosystème est touché, y compris les travailleurs qui perdent des journées de travail et les transporteurs». Les produits les plus touchés, compte tenu de la période actuelle de la saison, sont
les baies et les agrumes.
Selon Erraguragui, «le transport maritime est un secteur à haut risque qui peut subir des chocs soudains, des changements profonds et durables. Mais si la crise persiste ou s'aggrave, on peut s'attendre à ce que les prix du fret maritime via le
Cap de Bonne-Espérance se stabilisent, voire diminuent, une fois que toutes les parties se seront acclimatées aux nouvelles lignes et que les fluctuations quotidiennes auront cessé».
En attendant, le blocage du
détroit de Bab Al Mandab, au sud de la mer Rouge persiste et le risque reste trop grand. La plupart des transporteurs ont donc décidé de faire le détour par le cap de Bonne-Espérance.
Cette situation concerne 15% des flux maritimes mondiaux.