Économie

Comment optimiser l’impact du programme de développement des zones montagneuses

Le Programme de développement rural des zones montagneuses affiche des avancées significatives dans la réduction de la pauvreté et l’atténuation des risques climatiques dans ses zones de déploiement. Toutefois, cette Feuille de route nécessiterait des paramétrages afin de corriger certaines lacunes. Dans une analyse dédiée à ce programme, l’Association marocaine de sciences économiques recommande ainsi de renforcer sa gouvernance afin de la rendre plus inclusive et participative et partant maximiser ses impacts socio-économiques.

14 Janvier 2025 À 13:15

Le Programme de développement rural des zones montagneuses (PDRZM) a eu des impacts positifs dans le processus de lutte contre la pauvreté et la gestion des risques climatiques dans les zones de son déploiement. Selon une analyse de l’Association marocaine de sciences économiques (AMSE), signée par Mariem Liouaeddine et Hajar El-Fatouaki, cette feuille de route a généré des progrès significatifs dans l’amélioration des infrastructures de base (eau, routes, électricité) dans plusieurs régions reculées. Cependant, les économistes de l’AMSE soulignent des lacunes importantes en termes de gouvernance, de coordination inter-institutionnelle et de ciblage des bénéficiaires. Les auteurs préconisent ainsi une approche «plus inclusive» et «participative», qui implique davantage les populations locales dans la conception et la mise en œuvre des projets, pour maximiser les impacts économiques et sociaux.

L’évaluation de l’impact du Programme sur l’atténuation des effets des aléas climatiques et sur la réduction du taux de pauvreté dans les zones d’Azilal et Sefrou au Maroc montre que malgré la courte période de la mise en œuvre de ce programme, celui-ci a eu un impact positif sur la productivité agricole, sur la lutte contre les aléas climatiques et sur l’amélioration du revenu des ménages.



En effet, les actions du programme ont contribué pour plus de 20% à l’augmentation de la productivité des cultures arboricoles chez les producteurs agricoles bénéficiaires contre 19% chez les producteurs non bénéficiaires. En ce qui concerne l’atténuation des aléas climatiques, les techniques et pratiques environnementales durables recommandées ont été adoptées par près de 55% des bénéficiaires sensibilisés par le PDRZM comparés aux 4,6% des ménages du groupe de contrôle. Les auteurs de l’analyse expliquent que les agriculteurs bénéficiaires du Programme ont suivi des sessions de formation sur les risques environnementaux centrées sur l’adoption de technologies et de pratiques qui n’ont pas d’effets négatifs sur les biens et services environnementaux et qui leur sont accessibles.

Concernant l’impact du programme sur la réduction de la pauvreté monétaire, les résultats montrent que le revenu moyen par ménage a augmenté de 23,7% dans le groupe de traitement contre 4,8% dans le groupe témoin, ce qui signifie une réduction du taux de pauvreté de 19,7%.

En somme, concluent les analystes de l’AMSE, les résultats obtenus dans le cadre du travail mené par l’AMSE révèlent l’impact positif de ces programmes de proximité et suggèrent la nécessité d’encourager ces derniers afin de réduire de manière significative la pauvreté et les risques climatiques dans les zones montagneuses. «Toutefois, la méthodologie adoptée dans le cadre de ce travail peut être développée en incluant les séries chronologiques des prix du marché pour les principaux produits de base dans les zones du programme et par l’intégration des caractéristiques individuelles de chaque ménage. L’impact du programme devrait également faire l’objet d’une analyse économétrique quasi expérimentale pour des résultats plus robustes. Ces pistes permettront d’améliorer les résultats en termes de statistiques et d’analyse économique», suggèrent les auteurs de l’analyse.

Rappelons que l’évaluation des impacts du PDRZM a été réalisée par l’AMSE, pour estimer l’évolution par rapport à la situation de référence. À cet effet, deux groupes ont été sélectionnés pour constituer l’échantillon de l’analyse de l’impact : le groupe des bénéficiaires (groupe de traitement) et le groupe des non-bénéficiaires (groupe-témoin) du programme.
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