Saïd Naoumi
04 Octobre 2023
À 19:36
Le Maroc avance à pas sûr dans le projet de mobilisation de 1 million d’hectares dédiés aux
cultures céréalières. La confirmation est du ministre de l’Agriculture,
Mohammed Sadiki, lors de l’ouverture de la 9e édition du
Salon international des industries céréalières, le 4 octobre à Casablanca. Selon lui, cette opération d’envergure s’inscrit dans une logique de souveraineté sur cette ressource vitale et devrait permettre de réduire la dépendance du Royaume aux
importations de céréales. «C’est difficile d’assurer une
autosuffisance sur les céréales, certes, mais les efforts consentis dans ce domaine dans le cadre de
Génération Green permettront au pays de couvrir une bonne partie de ses besoins», souligne le ministre devant un parterre d’opérateurs
minotiers,
céréaliers et
industriels.
En dépit de nombreux chocs depuis trois ans, dont la sécheresse de 2022 et le tremblement de terre cette année, le Maroc affiche sa résilience. La croissance et la dette publique s’améliorent en 2023. De plus, la prime de risque a très fortement chuté à 1,3%, après un pic de 3% en 2022. En 2024, la plupart des indicateurs macro-économiques vont encore s’améliorer, notamment la croissance à 3,1%. De même, des tensions monétaires sont moins susceptibles de ressurgir, compte tenu de l’aide du FMI, estime une nouvelle étude du groupe Crédit Agricole.
Pour Sadiki comme pour
Abdekader Alaoui, président de la
Fédération nationale des minotiers (FNM), il est primordial d’augmenter les volumes de
céréales produites à l’échelle locale tout en préservant les ressources hydriques qui subissent une pression sans précédent suite aux années successives de sécheresse. Selon le ministre, les crises successives qu’aura connues le monde, notamment la
Covid-19 et la guerre en
Ukraine, ont permis au Royaume de tester ses capacités à couvrir les besoins du marché sans aucune rupture. «Notre pays a fait et fait encore preuve de résilience. Pendant la
crise sanitaire, les marchés de céréales et des autres produits agroalimentaires de première nécessité ont été suffisamment approvisionnés grâce à l’effort des opérateurs et du secteur public», souligne le ministre qui annonce qu’à partir de l’année prochaine, l’État activera des mécanismes de soutien dédiés à certains intrants agricoles, notamment les
fertilisants azotés importés dont les cours connaissent une inflation depuis 2021. Des aides pouvant aller jusqu’à 50% seront ainsi déployées.
Le secteur de la minoterie industrielle compte parmi les piliers importants de l’économie nationale. L’activité pèse pour près de 20 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et emploie quelque 10.000 personnes. Avec une capacité d’écrasement de 100 millions de quintaux, le secteur compte 148 unités industrielles, dont 121
minoteries industrielles de blé tendre, 16 semouleries et 11 orgeries. Notons que 47% de la capacité d’écrasement de blé tendre est installée à
Casablanca-Settat et
Fès-Meknès. S’agissant de la capacité de stockage, la FNM indique que celle dédiée aux céréales chez les minoteries actives est d’environ 1,2 million de tonnes sous forme de silos. Quant à la capacité de stockage des produits vrac et emballés, elle s’élève à 272.000 tonnes. Le ministre de l’Agriculture a souligné la nécessité d’enclencher une montée en puissance sur la capacité de stockage dans l’objectif de constituer des réserves stratégiques permettant de faire face aux chocs potentiels. Un point de vue également partagé par le président de la FNM. Selon le bureau exécutif de la FNM, l’
économie nationale continuera d’afficher des déséquilibres extérieurs et publics importants, en dépit du reflux des cours mondiaux des matières premières. «La
stabilité macroéconomique n’est toutefois pas menacée. Les réserves de change sont confortables et la structure de la dette publique est favorable. De plus, l’économie devrait bénéficier d’un rebond de la production agricole après une chute historique en 2022 dans un environnement international encore instable», développe la FNM. Pour l’année en cours, la profession alerte que l’exercice s’annonce tout aussi périlleux, entre la persistance de la volatilité des cours mondiaux des matières premières et la menace de
récession en Europe. La stabilité macroéconomique n’est certes pas menacée, mais, précise la FNM, les marges de manœuvre de l’État s’érodent.
Pour rappel, le Salon «
Grain & Milling Expo», qui se clôture aujourd’hui, réunit cette année quelque 100 exposants issus de 40 pays et couvrant différents secteurs liés à l’
industrie céréalière, dont les machines et équipements pour minoteries, les silos de stockage, les lignes de pesage et d’ensachage et le matériel d’analyse et de contrôle qualité des céréales et dérivés. n