Nation

Dérives des réseaux sociaux : la justice ne peut agir seule (Abdennabaoui)

À l’ère du tout numérique, les réseaux sociaux sont devenus une arène où l’information et la désinformation s’entremêlent, où la rumeur côtoie la vérité, et où les valeurs sociétales sont parfois mises à rude épreuve. Face à cette déferlante, la justice ne peut pas tout réguler. Elle peut sévir en cas de dérapages, mais l’éthique doit être le premier élément de défense. D’où l’importance des oulémas dans la promotion de la morale à travers la sensibilisation des citoyens à un usage responsable de ces plateformes. Le premier président de la Cour de cassation, président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Mohamed Abdennabaoui, est de cet avis et il l’a fait savoir lors d’une rencontre organisée dimanche à Rabat.

10 Février 2025 À 16:35

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Les réseaux sociaux sont devenus un espace incontournable d'échange et de communication, mais ils sont également un terrain fertile pour la propagation de fausses informations, de propos diffamatoires et d'atteintes aux valeurs sociétales.



Face à ce phénomène, les oulémas ont un rôle essentiel à jouer en sensibilisant les citoyens à un usage responsable de ces plateformes. Lors d’une rencontre de communication organisée par le Conseil supérieur des oulémas, le premier président de la Cour de cassation, président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Mohamed Abdennabaoui, a insisté justement sur l'importance du rôle des savants et dignitaires religieux dans l'encadrement des comportements en ligne. Il a estimé dans ce sens que «le message des oulémas est capable d’améliorer l’usage que font les citoyens des réseaux sociaux, devenus un espace rempli d’immoralité, de mensonges, de diffamation, d’atteinte à la dignité des personnes, ainsi que de publications portant atteinte aux valeurs sacrées du pays ».

Dans son allocution, le haut responsable judiciaire a reconnu la difficulté qu’éprouve l'État en matière de régulation des plateformes en ligne uniquement par la seule loi. Cela est d’autant plus vrai, a-t-il dit, que les outils de diffusion sont souvent sous le contrôle d’acteurs étrangers. Selon M. Abdennabaoui, une sensibilisation basée sur la promotion des préceptes religieux et les principes éthiques pourrait inciter certains créateurs de contenu à revoir leurs pratiques, en adoptant un discours plus moral, plus honnête et plus respectueux des valeurs de la société.

M. Aabdenabaoui a de fait appelé à une prise de conscience collective des dangers que représentent certains discours circulant sur les réseaux sociaux, exhortant le public à ne plus soutenir les contenus destructeurs en cessant de les consulter ou de lui suivre. «Certains internautes suivent sans discernement des contenus vides de sens, sans réaliser qu’ils encouragent ainsi des tendances nuisibles qui dégradent l'éthique et les valeurs de la société», a-t-il mis en garde. Pour lui, certes, la loi est indispensable pour freiner les abus et sévir contre les comportements délictueux, Mais elle ne peut à elle seule suffire. La sensibilisation par les oulémas est nécessaire pour éveiller les consciences et inciter les individus à un usage plus vertueux et plus approprié des réseaux sociaux.


Selon lui, la prolifération de contenus nuisibles, voire hors la loi sur les plateformes numériques est un véritable défi à la société et le rôle des oulémas dans l'éducation et la sensibilisation s’avère primordial. Leur message, qui interpelle la foi et la responsabilité éthique, peut contribuer à changer nombre de comportements aveuglés par l’appât du gain et la course effrénée pour gagner des likes.
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