Brahim Mokhliss
23 Octobre 2023
À 20:27
Entre le
ministère de l’Éducation nationale et les
syndicats, c’est visiblement le retour à la case départ. Après des mois de concertations et de dialogue ayant failli aboutir à un accord majeur, la tension reprend de plus belle dans le secteur.
Cette montée de la colère du
corps enseignant au sein de la famille de l’enseignement intervient après l’adoption en
Conseil de gouvernement le 27 septembre dernier du décret portant
statut des fonctionnaires du département de l’Éducation nationale, sans prise en compte, selon les
syndicats les plus représentatifs, des revendications pressantes et légitimes de la corporation ni des principes convenus dans le procès-verbal du 14 janvier 2023. Ces derniers disent qu’ils ne comptent pas se laisser faire et entendent bien défendre leur cahier revendicatif jusqu’au bout. C’est la raison pour laquelle ils ont élaboré un calendrier de protestation pour dénoncer cette réforme «controversée qui ne répond pas à leur attentes».
Éducation nationale : Les syndicats déclinent l’invitation du ministère
Signe manifeste de ce climat délétère, les quatre organisations syndicales représentant les enseignants (La
Fédération nationale de l’enseignement-UMT, le
Syndicat national de l’enseignement-CDT, la
Fédération libre de l’enseignement-UGTM et le
Syndicat national de l’enseignement-FDT) ont décliné l’invitation qui leur a été adressée pour rencontrer, aujourd’hui, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports,
Chakib Benmoussa. Pour elles, le message est clair : le texte adopté est rejeté en bloc. Plus encore, elles ont décidé, en attendant de dévoiler tout le programme de protestation dans les prochains jours, de commencer par un sit-in qui sera organisé jeudi 2 novembre à Bab Rouah, devant le siège du ministère, à partir de 11 h. Ce mouvement de protestation devrait connaître la participation des membres des conseils nationaux des quatre organisations.
Statut unifié de l'éducation nationale : Violation de la méthodologie participative
Dans un communiqué conjoint, les quatre organisations syndicales dénoncent «la violation flagrante de la méthodologie participative» et «l’adoption unilatérale d’un statut défaillant qui ne répond pas aux aspirations des enseignants». Elles expriment également leur «étonnement face aux déclarations provocatrices du ministre de l’Éducation», a expliqué
Younes Firachin, secrétaire général du
Syndicat national de l’enseignement-CDT, lors d’une conférence de presse organisée lundi pour expliquer la position de son syndicat.
M. Firachin a affirmé à cette occasion que les
syndicats réitèrent leur rejet des dispositions du nouveau statut publié au Bulletin officiel (BO n°7237 du 9 octobre 2023) et annoncent leur soutien aux luttes du
corps enseignant. Selon le même responsable, les syndicats appellent «avec intransigeance» à revoir le contenu du nouveau statut, considéré comme préjudiciable à certaines catégories, avant de reprendre tout dialogue avec le ministère. C’est pourquoi ils exhortent l’ensemble des professionnels du secteur à boycotter les rencontres de communication locales et régionales organisées par le ministère pour présenter le nouveau statut.
De même, lors de cette conférence de presse, le syndicat de l’enseignement affilié à la CDT a révélé toutes les dispositions qui avaient fait l’objet d’accord entre le ministère et les syndicats dans le cadre des discussions au sein de la Haute Commission ou de la Commission technique, mais qui ont été retirées pour ne pas figurer dans la version finale du statut. Ces dispositions concernent notamment le statut des contractuels, des auxiliaires techniciens et administratifs... La CDT s’est dit «étonnée du revirement du
ministère de l’Éducation nationale qui a transmis unilatéralement le projet de statut avant la finalisation des discussions et l’accord final sur le contenu, sans prendre en compte les points contenus dans le procès-verbal du 14 janvier 2023».
Révision du nouveau statut avant tout dialogue
Le syndicat considère que «la volteface du ministère qui a fait fi de la méthodologie de dialogue convenue, la sélection arbitraire de certaines dispositions, la suppression d’éléments ayant fait l’objet d’accord... tout cela vide le texte de sa substance, en dépit de certains acquis». Du coup, «le texte adopté déçoit nos attentes et celles du corps enseignant», a souligné Younes Firachin. Selon ce responsable syndical, «le ministère a manqué une occasion pour consolider la confiance entre le gouvernement et les partenaires sociaux». À la question du «Matin» sur la possibilité de reprendre le dialogue et sous quelles conditions, M. Firachin a souligné que cela reste tributaire «de la
révision du nouveau statut et l’amendement de ses lacunes». Autrement, la seule réponse à la situation actuelle est la protestation, conclut-il.