Après les remous provoqués dans le landerneau syndical par la promulgation du nouveau statut des fonctionnaires de l’enseignement, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, membre du Rassemblement national des indépendants (RNI), a saisi l’occasion de son passage mercredi dans le cadre d’une «émission spéciale» diffusée sur la deuxième chaîne nationale 2M pour revenir sur l’importance de ce statut et ses retombées bénéfiques sur les enseignants.
Le décret controversé : réponses du ministre aux contestations
Ainsi, comme il fallait s’y attendre, le texte réglementaire promulgué relatif au statut unifié s’est invité au débat et Chakib Benmoussa a tenu à apporter quelques précisions, mais sans toutefois répondre clairement au point polémique ayant provoqué la colère des syndicats : le fait d’avoir soumis le texte à l’approbation du Conseil de gouvernement à leur insu et sans prendre en compte leurs remarques.Le ministre a souligné à cet égard que le décret relatif au statut des fonctionnaires de l’Éducation nationale était le fruit de discussions approfondies, visant avant tout à servir l’intérêt public et à accompagner les réformes entreprises dans le secteur de l’enseignement. «L’objectif qui a sous-tendu les discussions était de préserver et de soutenir la profession d’enseignant. Dans cet esprit, des critères stricts ont été instaurés pour l’entrée dans cette profession, tels que l’âge limite de 30 ans et la nécessité de suivre des formations, notamment à travers les licences de l’éducation. La question des contractuels, qui concernait 140.000 personnes et qui représentait un problème majeur à mon arrivée au ministère, a été résolue, puisqu’ils bénéficieront du même statut que les autres enseignants», a-t-il expliqué. M. Benmoussa a ajouté que les syndicats avaient principalement insisté sur la question de la promotion, ce à quoi on a répondu par la création d’une échelle exceptionnelle afin de faire en sorte que les membres du corps enseignant ne restent plus bloqués à l’échelon 11.
La recette Benmoussa pour améliorer l’école
Un autre aspect important de ce décret, selon le ministre, concerne l’introduction du principe de la motivation en lien avec la qualité de l’enseignement. Il a insisté sur le fait que les enseignants maintiendraient leur charge horaire habituelle, à moins qu’ils ne choisissent d’effectuer des heures supplémentaires. À cette fin, le ministère travaille sur un nouveau décret visant à définir les indemnités pour les heures supplémentaires, dans le but d’encourager la motivation, a-t-il ajouté. Par ailleurs, le ministre a annoncé la préparation d’un texte réglementaire concernant la rémunération pour la correction des examens, une demande récurrente du corps enseignant.Le ministre de l’Éducation nationale a également souligné que le décret sur le nouveau statut unifié n’aurait pas pris sa forme actuelle sans la collaboration des syndicats, mettant en avant le rôle essentiel qu’ils ont joué en proposant des améliorations et en participant activement au débat. M. Benmoussa a précisé dans cet ordre d’idées que la réussite de cette réforme dépendait de l’engagement de l’ensemble des acteurs.
Enseignement : les mesures d’urgence dans la région d’Al Haouz
Outre la question du décret polémique relatif au statut unifié, le ministre a abordé le plan d’urgence post-séisme dans la région d’Al Haouz, qui a été adopté conformément aux directives de Sa Majesté le Roi en vue de la reprise rapide de tous les services publics. Il a ainsi annoncé la mise en place de structures amovibles pour faire face à la saison hivernale imminente et au froid, afin de remplacer les tentes provisoires dans lesquelles les élèves avaient repris les cours après le tremblement de terre. Environ 1.200 écoles seront équipées de ces structures selon le haut responsable. De plus, les équipements mobiles qui avaient servi pour les Assemblées générales de la Banque mondiale et du FMI à Marrakech seront réaffectés pour servir de salles de classe aux élèves des zones sinistrées.Autre point abordé par le ministre, les «écoles pionnières», un projet majeur sur lequel le département de Benmoussa mise pour renforcer la qualité de l’enseignement. Il s’agit de 630 écoles réparties dans toutes les provinces, avec un accent particulier sur les élèves et les enseignants. Après une première session de formation pour le personnel enseignant concerné, une deuxième session est prévue prochainement. Ces écoles accueilleront environ 12.000 instituteurs du primaire et du personnel administratif, pour encadrer un total de 320.000 élèves.
Toujours dans le registre de la qualité de l’enseignement, le ministre a souligné que son département s’efforçait, à partir de cette année-là, d’étendre l’enseignement de la langue anglaise au niveau des collèges. Actuellement, cette langue est généralisée à hauteur de 50%, mais l’objectif est d’atteindre 100% dans les deux prochaines années. Pour cela, le secteur a besoin d’environ 1.000 enseignants d’anglais chaque année pour combler le déficit, précise M. Benmoussa.
Promotion de la qualité : qui veut la fin veut les moyens !
La crise de confiance dont souffre l’école publique a été évoquée lors de cette émission spéciale. Pour y remédier, Chakib Benmoussa a fait savoir que la feuille de route adoptée mettait l’accent justement que sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement public, afin de donner aux Marocains la latitude de choisir entre l’enseignement public et l’enseignement privé.Et pour mener à bien le chantier de la qualité, le gouvernement a pris la décision d’octroyer une enveloppe supplémentaire de 6,5 milliards de dirhams cette année, portant ainsi le budget total à environ 70 milliards de dirhams, dont 80% sont consacrés aux salaires du personnel. Le reste de cette enveloppe sera alloué à la rénovation des établissements pour améliorer les conditions de travail... 2,5 milliards DH de cette somme supplémentaire seront utilisés pour mettre en œuvre le nouveau décret relatif au statut des fonctionnaires du département de l’Éducation nationale pour cette année. De plus, deux milliards de dirhams seront dédiés au régime de promotion.