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Samedi 18 Mai 2024
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Les syndicats de l’enseignement vent debout contre le nouveau statut de l’Éducation nationale

Le secteur de l'éducation est en proie ces dernières semaines à une grogne qui va croissant. Les quatre principaux syndicats les plus représentatifs, regroupés au sein d'un front quadripartite, accusent le ministère d'avoir abandonné l'approche participative dans l'élaboration du statut des fonctionnaires de l'Éducation nationale. Les enseignants réclament un «dialogue constructif» pour plus d'équité et de justice. Dans ce climat tendu, le spectre des grèves n’a jamais été aussi proche alors que l’année scolaire a démarré il y a juste un mois.

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L’accalmie relative qui avait caractérisé le secteur de l'enseignement au cours des deux dernières années semble faire partie du passé. Les grèves récurrentes survenues avant les vacances de cette troisième semaine d'octobre ont perturbé le déroulement des cours, de l'école primaire jusqu'au lycée. Il est à craindre que ces débrayages reprennent immédiatement après les vacances, étant donné les positions des principaux syndicats et de leurs instances dirigeantes.



Ces derniers estiment que le ministère de l'Éducation n’a pas respecté les engagements qui avaient permis de faire durer cette période de calme, en tournant le dos au dialogue et aux accords découlant de celui-ci pour prendre des décisions unilatérales.
Ce front de contestation regroupe les quatre principaux syndicats d'enseignants au Maroc : la Fédération nationale de l'enseignement (UMT), le Syndicat national de l'enseignement (CDT), la Fédération libre de l'enseignement (UGTM) et le Syndicat national de l'enseignement (FDT). Ces syndicats accusent aujourd'hui le ministère d'avoir «fait fi» du processus de dialogue sectoriel qui avait précédé l'accord du 14 janvier 2023, ainsi que les efforts de concertation au sein de la haute commission et de la commission technique.

Les syndicats accusent le ministère de l'Education d'avoir abandonné l'approche participative

Il convient de rappeler que jusqu'au 20 septembre dernier, date de la réunion de la haute commission présidée par Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, de l'enseignement préscolaire et des sports, les deux parties semblaient relativement sur la même longueur d’onde, notamment en ce qui concerne l'orientation à donner au projet de décret relatif au statut des fonctionnaires du département de l'Éducation nationale.



Les nombreuses réunions (six réunions de la haute commission, composée du ministre et des dirigeants des quatre syndicats, et les réunions de la commission technique, composée de représentants de l'administration et des syndicats, qui ont tenu 24 réunions pour élaborer ce nouveau statut) ont permis de trouver un terrain d’entente. Cependant, le 27 septembre 2023, le ministère a adopté – en Conseil de gouvernement – le projet de décret sans prendre en compte les 43 amendements qui lui avaient été soumis après la réunion du 20 septembre. Ces amendements avaient été proposés par les syndicats après avoir reçu l'ébauche du projet de la part du ministère. Cette situation a placé les organisations syndicales dans une position délicate, car elles ont été critiquées à la fois par leurs membres et par les enseignants, qui contestent le contenu du décret.

Grèves en vue : les enseignants réclament un dialogue constructif

«Le conseil national de la Fédération nationale de l'enseignement (UMT) a vigoureusement réagi au mépris manifesté par le ministère envers les justes revendications des enseignants, ainsi qu'à son abandon de l'approche participative dans l'élaboration du statut des fonctionnaires du département de l'Éducation», a indiqué le syndicat affilié à l'UMT qui a tenu une session extraordinaire de son conseil national samedi dernier, à l'issue de laquelle il a exprimé cette vive désapprobation à l'égard du ministère.



Au terme de cette session, le syndicat a conclu que le ministère avait délaissé l'approche participative au profit d'une approche unilatérale, provoquant des tensions et des divisions au sein du secteur de l'éducation. Il rejette catégoriquement le contenu actuel du statut, condamne le non-respect par le ministère de ses engagements lors de la dernière réunion de la haute commission et appelle à un dialogue sur les points de désaccord. Le syndicat condamne également l'adoption du système d'indemnisation sans consultation préalable des comités techniques et de la haute commission. De plus, le syndicat s'est adressé aux membres des corps enseignants, les invitant à ne pas se laisser influencer par des campagnes diffamatoires à l’égard de l’action syndicale et à renforcer leur unité. Il réaffirme son engagement dans toutes les luttes visant à concrétiser les revendications et à instaurer l'équité pour toutes les catégories lésées. En outre, il soutient la coordination syndicale quadrilatérale en tant qu'option stratégique.

Les élèves risquent de souffrir de perturbations majeures de leur scolarité

Le Syndicat national de l'enseignement (CDT) a également exprimé une position similaire en tenant une réunion extraordinaire de son conseil national le dimanche 15 octobre. Bien que le contenu du communiqué adopté lors de cette réunion n'ait pas encore été publié, le secrétaire général du syndicat, Younes Firachine, a affirmé lors d'un entretien avec «Assahra Al Maghrebia» que le format actuel du projet de décret ne résulte pas d'un consensus et nécessite encore des discussions plus approfondies. Il a souligné que son organisation prévoit de lancer un programme de lutte progressif en coordination avec la direction de la centrale CDT.
Ce programme visera à exercer une pression devant aboutir à la reprise du dialogue et de la défense des intérêts du corps enseignant. Il a indiqué que ce programme sera mis en œuvre principalement par les syndicats qui rejettent le contenu du statut proposé. Younes Firachine a également annoncé que les détails du programme de lutte progressive seront communiqués lors d'une conférence de presse à venir, ainsi qu'au cours d'une réunion avec les autres syndicats du front quadrilatéral pour coordonner les prochaines étapes. Ces développements laissent présager que des grèves sont à prévoir après les vacances, ce qui risque de perturber le rendement scolaire des élèves de l'enseignement public.
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