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L'UNTM accuse le gouvernement de l’exclure du dialogue social

L'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) estime que le gouvernement l’a exclue injustement de la participation au dialogue social. Pour ce syndicat proche du PJD (opposition), le seuil de représentativité retenu lui permet de prendre part aux négociations. Il critique par ailleurs l’approche adoptée pour la réforme des régimes de retraite et son incapacité à protéger le pouvoir d’achat des citoyens.

28 Mars 2024 À 21:43

Dans un communiqué publié cette semaine à l'issue de sa réunion du 25 mars, l'Union nationale du travail au Maroc (UNMT) s’en prend directement au gouvernement. Pouvoir d'achat en berne, réformes controversées et surtout une confiance rompue. Ce syndicat proche du Parti de la justice et du développement (PJD), parti de l’opposition, déplore notamment son exclusion du dialogue social, jugeant discutable le seuil de représentativité.

Une confiance rompue avec le gouvernement

L'UNTM ne fait pas dans la dentelle. Elle critique vertement la «posture hégémonique adoptée par le gouvernement dans l'arène sociale et politique». Selon ce syndicat, l’attitude de l’Exécutif est à l'origine d'une «gestion chaotique du dialogue social et des discussions sectorielles». Reprochant au gouvernement de l'évincer des échanges sociaux, il l’accuse de privilégier certains syndicats pour participer aux négociations, au détriment l’UNTM.

Mohamed Zouiten, le secrétaire général, réfute les justifications avancées par le gouvernement, qui invoque la notion de «syndicat le plus représentatif». Cette notion, intégrée dans le Code du travail, exige un seuil de représentativité de 6%, s'appliquant au secteur privé. «Nous sommes effectivement représentatifs et nous nous positionnons en troisième place», argue-t-il, tout en rappelant le classement de son syndicat à la cinquième place dans le secteur public. M. Zouiten souligne que la somme des résultats des élections professionnelles, dans les secteurs public et privé, confère à son organisation un pourcentage supérieur à 6%, en plus d'une présence au sein de la Chambre des conseillers. «Mais ce gouvernement tient intentionnellement à nous écarter des discussions», déplore-t-il. Il évoque aussi la présence de l'UNTM dans le secteur agricole, «alors qu’elle est exclue du dialogue à ce niveau-là», ajoute Mohamed Zouiten.



Sur un autre registre, le syndicat n'hésite pas à dénoncer ce qu’il appelle une «offensive grandissante contre les acquis des travailleurs marocains». En ligne de mire, l'encadrement des libertés syndicales et du droit de grève. La centrale syndicale appelle donc à «une approche participative dans le dialogue social central et sectoriel». Pour le syndicat, seule une démarche concertée est à même de «corriger les déséquilibres sociaux, comme cela est requis dans le secteur agricole».

Le dossier brûlant de la réforme des retraites

Autre sujet de discorde avec l'Exécutif, le dossier de la réforme des retraites. Un chantier que le gouvernement veut lancer rapidement, mais qui fait l'objet d'une opposition farouche des syndicats, y compris l’UNTM. «Nous mettons en garde contre toute réforme des régimes de retraite au détriment des travailleurs marocains», assène ainsi le communiqué de l’UNTM. Le syndicat en profite même pour fustiger la «confusion» régnant autour du «chantier de la protection sociale», réclamant des clarifications sur «les intentions – du gouvernement – concernant la réforme des pensions de retraite». Plus que cela, le syndicat indique que le gouvernement traite le dossier en cachette. «Le gouvernement doit le soumettre à l’opinion publique et aux syndicats pour qu'ils s’expriment sur le sujet», estime le secrétaire général de l’UNTM, Mohamed Zouiten.

«Il ne faut pas toucher au gaz butane»

C'est l'une des principales revendications du syndicat : enrayer la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs, mis à mal par une inflation galopante ces derniers mois. «L'UNTM constate avec amertume l'échec du gouvernement à adopter une approche sociale pour corriger les déséquilibres du pouvoir d'achat, affecté par la hausse généralisée des prix», tempête le syndicat dans son communiqué. Dans le viseur des syndicalistes, la gestion de la subvention du gaz butane, un dossier ultrasensible pour le portefeuille des familles. «Nous mettons en garde contre l'intention du gouvernement de supprimer le soutien au gaz butane», prévient l'UNTM.

Les revendications du syndicat portent aussi sur le cadre légal régissant l'action syndicale elle-même. «Nous appelons à la révision du Code du travail et des lois régissant les élections des représentants des salariés, afin de corriger les dysfonctionnements de la scène syndicale et de restaurer la confiance dans l'action syndicale», souligne l’UNMT.
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