Ayda Benyahia
13 Janvier 2025
À 10:25
Malgré les avancées réalisées dans le
secteur agricole, grâce notamment au
Plan Maroc Vert et à la
Stratégie Génération Green, le
Maroc demeure dépendant de la clémence du ciel et des perturbations des chaînes d’approvisionnement internationales, estime
Najib Layachi, expert en agroalimentaire.
Les sécheresses récurrentes et la dégradation des
terres agricoles induisent en effet une dépendance accrue aux importations de denrées essentielles, telles que le
blé et les
huiles végétales, compromettant par là la
sécurité alimentaire nationale, explique-t-il en marge d’un séminaire nationale organisé récemment par le
Forum Atlas pour le développement agricole et rural durable (FADARD) sur le thème «Les contours de la souveraineté alimentaire au Maroc face au
changement climatique et du bouleversement du marché international».
Un contexte économique face à plusieurs défis multidimensionnels
Le même expert relève que les importations ont fortement accentué la vulnérabilité économique du Maroc face aux chocs externes en 2023, suscitant des interrogations à propos de la capacité du Maroc à garantir une
autosuffisance durable. Le
secteur agroalimentaire, acteur majeur de la croissance économique, a représenté 16 % du produit intérieur brut et 19 % des exportations totales en 2023. Avec 67% des
emplois ruraux, et 36% de l’ensemble des emplois, dont 30% dans l’
agriculture primaire et 6% dans l’agro-alimentaire, le secteur de l’agroalimentaire continue de se maintenir en tant qu’acteur essentiel dans le monde de l’emploi.
Partant de là, le Programme de transformation des systèmes agroalimentaires vise à promouvoir des
pratiques agricoles climato-intelligentes et à améliorer la
gestion de l’eau et des sols, souligne M. Layachi, en ajoutant que la stratégie actuelle, axée sur l’exportation de produits agricoles, notamment de
fruits et
légumes, nécessite un débat, car elle est susceptible d’accentuer le
stress hydrique, selon des observateurs. «Cette stratégie ne répond pas nécessairement aux besoins des
consommateurs marocains, qui subissent les effets de l’
inflation et aspirent à une alimentation accessible et de qualité» indique M. Layachi.
Cerner les enjeux de la souveraineté alimentaire
Ne se résumant pas à une simple autosuffisance, la
souveraineté alimentaire implique une vision globale et un bon contrôle national sur les ressources et les politiques agricoles. Une approche qui se doit aussi de répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des citoyens à travers une gestion meilleure des
ressources hydriques, recommande ce spécialiste. De même, l’adoption de techniques agricoles adaptées, telles que l’agriculture de conservation et les cultures résistant à la sécheresse, permettra une résilience pérenne face aux changements climatiques, préconise
Najib Layachi, en insistant sur l’intérêt d’encourager la transformation locale des produits agricoles en vue de réduire la dépendance aux importations tout en créant de la valeur ajoutée sur le territoire national, pour assurer le développement des chaînes de valeur locales.
Dans cette même logique, investir dans des filières alternatives, comme les
légumineuses et les cultures stratégiques permettra une diversification des sources alimentaires dans le but de garantir une offre alimentaire variée et accessible, ajoute-t-il. Pour garantir une souveraineté alimentaire résiliente, M Layachi insiste sur l’importance d’encourager l’
innovation technologique. Faciliter l’accès au financement et à la recherche permettra aussi de soutenir les
agriculteurs, notamment les petits exploitants, pour leur permettre d’évoluer vers des pratiques plus durables, explique-t-il.